Le rituel ne resout pas tout
La rédaction

Intervenant auprès de la FFT depuis 1997, le psychologue Makis Chamalidis nous éclaire sur la signification des manies et phobies de Rafael Nadal.

Si Nadal ne parvient pas avant ou pendant un match à appliquer son rituel (toujours la même distance entre les bouteilles, réajustement de son short entre les points…), cela peut-il le déstabiliser ?
Les manies des joueurs représentent un peu leur baromètre. Ils ont des rituels structurants. Mais si un joueur joue mal car il n’arrive pas ponctuellement à appliquer son rituel, c’est qu’il y a un problème. Le plus important pour un joueur, ce sont les personnes qui l’entourent et qui doivent posséder un bon bagage pédagogique.

Le rituel ne résout pas tout. Il faut faire comprendre à ces joueurs que la superstition, le talent et l’instinct ne peuvent pas tout résoudre. Quand ils le comprennent, cela peut les libérer et rien n’empêche d’offrir un nouveau rituel plus proche des fondamentaux des joueurs.

Nadal a confié ne pas pouvoir s’endormir seul chez lui et dort ainsi avec la télévision ou la lumière allumées. Peut-on en déduire des failles psychologiques ?
Il y a plein de sportifs qui ont ce type d’habitudes masquées et on l’apprend le plus souvent après leurs carrières comme Andre Agassi avec son postiche en finale de Roland-Garros. On en revient au cliché du rugbyman qui a peur de la souris. On camoufle une peur avec un physique et des attitudes. Une personne qui peut être fragile s’invente des rituels pour moins le devenir.