Confinés comme tous les Français, Laurent Travers relativise sur les conséquences de la pandémie sur le Top 14. Pour le manager du Racing, la situation sanitaire est trop grave pour que l'on fasse n’importe quoi.
Laurent, comment vas-tu ? Ça va bien. Ce qu’il faut, c’est être patient. Il faut comprendre que nous devons relativiser par rapport à tout ce qu’il se passe. On est dans une situation inédite, que l’on n’arrive pas à maîtriser. Il faut rester fort mentalement et surtout respecter les consignes pour en sortir le plus vite possible. Comment occupes-tu tes journées ? Je fais pas mal de chose. Je vais régulièrement au bureau pour traiter certains dossiers et faire le point avec le président. Parce qu’il est important de continuer à travailler sur le présent et sur l’avenir, concernant l’intersaison, les stages, les matches amicaux, les joueurs ou les contrats. Ensuite, je reste en relation avec l’ensemble du staff à travers une visioconférence hebdomadaire. Ce qui me permet de voir le médecin de l’équipe qui nous donne des nouvelles de l’effectif. Idem pour la préparation physique. On regarde aussi ce que font les autres dans la gestion de crise ou dans les entraînements. Y compris dans les autres sports. C’est toujours bien de voir ce qui se fait ailleurs. Comment gardes-tu le contact avec tes joueurs ? Je les ai tous au téléphone un par un, une fois par semaine. On a aussi créé une cellule de garde avec le médecin qui est à disposition de l’ensemble des salariés.
« Les joueurs seront à cours de forme lorsqu’on sortira du confinement »
Vous n’avez pas programmé d’entraînement collectif en visioconférence comme le font certains clubs de football ? Non. On ne veut pas. D’abord parce que les joueurs sont aujourd’hui tous au chômage partiel. Ensuite, parce que la situation est délicate. Si un joueur est porteur et qu’il va trop loin dans la préparation physique, il y un risque cardiaque. Donc il est hors de question de faire n’importe quoi. On a demandé au joueur de faire attention. Ils peuvent se maintenir, mais ils n’ont pas de programme. A ta connaissance, ils s’entretiennent quand même ? Oui. Tous ! Cela reste des sportifs de très haut niveau. Même si tu apprécies une petite pause de quelques jours, quand tu es habitué à faire de l’activité au quotidien, au bout d’un certains temps, ton corps est en demande. Mais on est bien conscient que les joueurs seront à cours de forme lorsqu’on sortira du confinement. Sont-ils affectés psychologiquement par la situation ? On leur explique surtout que la priorité des priorités c’est la santé. Et si la santé va bien, il faut rendre la période positive. Évidemment que ce n’est pas simple d’être confiné, mais quand on est en bonne santé, il n’y a pas de raison de se plaindre, pas de raison de voir les choses de façon négatives. Et puis n’oublions pas que les sportifs de haut niveau ont déjà un niveau mental élevé. Donc ils sont moins en danger à ce niveau là. Combien de temps faudra-t-il pour qu’ils retrouvent la forme ? Pour jouer trois ou quatre matches, il faut 4 semaines. De toute façon, la coupure a été la même pour tout le monde. Tous les joueurs seront sous-entraînés. Les compteurs seront remis à zéro. Faut-il absolument finir le championnat ? C’est compliqué de répondre. La priorité, c’est la santé. Pas de savoir si le Top 14 va reprendre. Moi je préfère d’abord attendre de vraiment savoir quand aura-t-on la possibilité de sortir. Et si on reprend, combien nous restera-t-il de semaine ? S’il en reste peu, il ne faudra pas faire n’importe quoi. Mais le plus important, c’est de sortir de cette crise sanitaire mondiale. Le sport ca viendra après. Phases finales à six ou à huit équipes, Top 14 ou Top 16… Y a-t-il des scénarii qui te semblent plus crédibles que d’autres ? Les gens parlent sans savoir. C’est trop tôt d’imaginer tel ou tel scénario. Il n’y a rien de concret. Il faut d’abord gagner le match contre le virus. La santé financière de certains clubs de rugby t’inquiètent-elles ? Nous sommes tous inquiets. Mais il n’y a pas que le domaine sportif qui est impacté. C’est toute l’économie mondiale : les restaurateurs, les artisans… Tout le monde est touché. Quand on aura réussi à gagner ce combat contre le virus, on aura alors ce combat à livrer pour notre économie. Mais la priorité, c’est d’abord la santé des gens. Propos recueillis par Romain Amalric