Frédéric Michalak a pris sa retraite au terme d’une carrière en tout point exceptionnelle et d’une superbe saison avec le LOU, jusqu’en demi-finale du Top 14. La star du rugby tricolore aspire désormais à prendre du recul avant de se tourner vers sa « nouvelle vie ».
Après 18 magnifiques années au plus haut-niveau, vous avez décidé d’arrêter. Une décision simple à prendre ? Ce n’est pas un choix naturel… On a toujours envie de continuer, de rester sur le terrain pour prolonger le plaisir, vivre des choses fortes, les partager. Encore plus pour moi après cette belle saison avec le LOU, où l’équipe a été performante et où j’ai pris énormément de plaisir. L’envie de jouer est toujours là, on se dit que l’on peut continuer encore une saison de plus. Mais le corps parle et lui n’avait pas vraiment envie de continuer (sourire). Votre épaule vous a demandé de ne plus aller à l’entraînement ? C’est un peu ça (rire). Avec le temps, les années, les blessures, ça devient compliqué à supporter. Il faut subir les chocs et c’est de moins en moins évident d’y parvenir. Et puis, à 35 ans, j’ai tout vu et tout vécu dans le rugby. Les moments de joies intenses, les plus grandes peines, les victoires, les blessures… J’ai eu cette chance d’avoir une carrière bien remplie, avec un peu de tout dedans. Donc je mesure ma chance et je me dis que c’est déjà très bien comme ça. La peur de faire la saison de trop, aussi ? (Il réfléchit) Je n’avais pas envie de tricher. Je n’avais pas envie de ne pas être à 100%, en pleine possession de mes moyens. De ne pas être à la hauteur, également. J’ai cette chance de pouvoir choisir l’arrêt de ma carrière, aussi. Et c’est une chance car j’ai quelques copains qui n’ont pas eu le privilège de pouvoir prendre la décision, qui se sont blessés et qui ont dû arrêter sans vraiment l’avoir choisi. C’est vrai que pour terminer, j’aurai aimé aller au bout de cette saison de Top 14 avec le LOU, d’aller en finale, de poursuivre le rêve de ce club. Mais je pense que c’est le bon moment. Et je me sens bien avec ça (sourire). Vos amis de Blagnac ne vous ont pas demandé de faire une ou deux saisons de plus avec eux, pour poursuivre la belle progression du club dont vous êtes le nouvel actionnaire principal ? (Rire) C’est vrai que je me suis fait brancher par quelques copains là-bas… Ils m’ont effectivement dit que ça serait super de me voir jouer pour le club. Mais ce n’est pas pareil. Entre le monde professionnel et cet univers à cheval entre le professionnalisme et le monde amateur, ce n’est vraiment pas la même chose. Mais je vais m’investir dans le club, autrement. Ça c’est sûr.
« Entraîneur ? Pourquoi pas. Mais pas tout de suite, j’ai vraiment besoin de prendre de la hauteur »
Votre nouvelle vie, justement, elle va ressembler à quoi ? Je vais continuer avec le LOU, dans un rôle de chargé de mission. Ça oscillera entre la partie sportive et la partie commerciale. Ça pourra toucher le recrutement de joueurs comme des projets pour le développement du club. Ça va occuper au moins la moitié de mon temps, ce n’est déjà pas mal (sourire). Je participe aussi à l’organisation de la Coupe du Monde 2023, sur des missions à définir. Et je vais poursuivre mon investissement auprès du club de Blagnac. J’ai déjà des nouvelles tous les jours, en lien avec les gens qui sont là. C’est un club que je connais très bien, que ce soit les dirigeants, les bénévoles et les licenciés. C’est un projet qui me tient à cœur. On a l’impression que vous avez ce club par affect, c’est le cas ? C’est vrai. Au départ, c’est vraiment l’affect qui m’a poussé à me lancer. Mon frère a joué dans ce club, mon cousin aussi. Comme je vous dis, je connais tout le monde là-bas. Mais très vite, j’ai vu le potentiel de ce club et du travail que les gens accomplissent au quotidien. C’est un super projet, j’y crois beaucoup. Si on ne vous verra pas dans la peau d’un joueur de Blagnac, est-ce qu’on pourrait vous voir dans un rôle d’entraîneur ? A Blagnac ou ailleurs… C’est possible… Pourquoi pas. Mais pas tout de suite. D’ici 4 à 5 ans, c’est une possibilité. Là, j’ai vraiment besoin de prendre de la hauteur. J’ai envie de me consacrer aux missions qui vont m’être confiées et pas forcément de mettre le nez dans le terrain tout de suite. Mais plus tard, oui, pourquoi pas (sourire).