6 Nations : Le XV de France est-il vraiment armé pour un deuxième Grand Chelem ?
Alexis Bernard -
Rédacteur en chef
Footballeur presque raté, j’ai choisi le journalisme car c’est l’unique profession qui permet de critiquer ceux qui ont réussi. Après avoir réalisé mon rêve de disputer la Coupe du Monde 2010 (en tribune de presse), je vis de ma passion avec le mercato et les grands événements sportifs comme deuxième famille.

Vainqueur du Tournoi des 6 Nations avec un Grand Chelem à la clef en 2022, le XV de France aborde le Tournoi 2023 dans la peau de l’équipe à battre. A six mois du Mondial, les Bleus, invaincus depuis 13 matchs, vont tenter de réaliser ce qu’aucune nation n’a réussi dans l’Histoire : gagner deux Grands Chelems consécutifs !

Ça y est ! 2023 est là ! Il n’y a plus qu’à compter les jours. Dans chaque ville hôte, le décompte est installé, immense, ostentatoire, au milieu de la grande place ou devant un monument. Personne ne peut passer devant sans le voir. Ou sans le savoir. En 2023, la Coupe du Monde de rugby se jouera en France ! Et les Français, vierges de palmarès mondial, sont plus que jamais favoris pour enfin soulever le trophée Webb Ellis. Il y a presque un petit air de “France 98” mais personne n’ose le clamer trop fort de peur que cela porte malchance. Vivement donc ce 8 septembre 2023 et ce match d’ouverture entre la France et la Nouvelle-Zélande ! Vivement ce moment que toute la France du rugby attend ! Mais, d’ici-là, nos Bleus ont d’autres échéances à assumer, d’autres épreuves à surmonter. Les émotions du Mondial attendront. De l’eau va couler sous les ponts et les amoureux d’ovalie vont être servis. En juin, le long et dur Top 14 livrera son verdict. En mai, la Champions Cup distribuera son étoile. Et dans quelques jours déjà, le Tournoi des 6 Nations débute et va redonner un coup de frais à la hiérarchie du moment. Les Bleus avancent sereinement vers cette première échéance.

Les Bleus ont tout gagné

Avec la fierté de son blason, l’équipe de France se présente en tenant du titre et vainqueur du Grand Chelem, candidat pour conserver son titre et son invincibilité. Dans l’histoire du rugby français, jamais un XV de France n’a été si efficace que celui d’aujourd’hui. Comptablement, depuis l’automne 2021, les Bleus ont tout gagné, et ont gagné tout le monde. Les Blacks et les Argentins en novembre 2021, les Anglais, Irlandais, Gallois, Italiens et Ecossais lors du Tournoi des 6 Nations 2022, les Japonais l’été dernier, puis les Australiens et les Sud-Africains lors de la tournée d’automne 2022. Les dix plus grosses nations du rugby mondial ont chuté face aux Bleus. En perspective de la Coupe du monde, il n’y a pas meilleure préparation. Une série en cours de treize succès consécutifs. Un record dans l’histoire du XV de France. Reste à savoir si cette série peut encore tenir jusqu’à la fin de l’année 2023. C'est certainement le vœu du sélectionneur Fabien Galthié et de son staff. Le défi qui s’offre aux coéquipiers d’Antoine Dupont est immense. Le record, détenu par les All Blacks et l’Angleterre, est de 18 succès consécutifs. Un record que les Bleus n’égaleront que s’ils réalisent à nouveau un Grand Chelem. Prouesse jamais vu dans l’histoire du Tournoi des Six Nations. Et de l’avis de tous les observateurs, le Tournoi qui s’annonce sera « plus dur que l’an passé ». Année imper oblige, les Bleus auront cette fois trois déplacements à négocier. Le premier en Italie le 5 février. Le deuxième en Irlande une semaine plus tard (11 février). Enfin, après avoir reçu l’Ecosse, le XV de France ira à Twickenham le 11 mars défier l’Angleterre, avant de recevoir le Pays de Galles le 18 mars au Stade de France. Trois cols, dont deux hors-catégorie, ça fait une très belle étape. Et à son issue, quelques indications supplémentaires sur le contenu du jeu et l’efficacité de cette équipe de France. Et peut-être aussi sur le groupe tricolore qui se dessine pour jouer la Coupe du monde.

Un tournoi « laboratoire » avant le Mondial

Dans une année de Coupe du monde, le Tournoi des Six Nations a toujours un contexte différent. D’abord parce qu’il s’agit toujours d’une année imper, et que pour la France, cela signifie un déplacement en Irlande et en Angleterre. Mais aussi parce qu’il s’inscrit plus souvent dans une préparation pré-mondial. Le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié va donc devoir jongler entre sa volonté de performer et préserver l’invincibilité des Bleus, et la dernière ligne droite pour tester des choses. « Il va falloir faire des choix et je pense que le ce Tournoi sera un vrai laboratoire, indique l’ancien deuxième-ligne international David Gérard. C’est le Tournoi qui va permettre de préparer le groupe qui va partir à la coupe du monde avec l'objectif de la gagner ». Pour l’ancien entraîneur de Béziers, du LOU et de Montauban, Fabien Galthié doit saisir l’opportunité de tester des joueurs qui vont potentiellement être dans le groupe pour le Mondial. « Les Bleus ne peuvent pas se permettre d'enchaîner les défaites, parce que cela créerait une spirale négative. Mais c'est le dernier moment pour donner une chance à certains joueurs que Fabien Galthié a envie de voir sous le maillot Bleu. Peut-être aussi qu’il sous-utilisera certains cadres ou qu’ils ne feront pas l’intégralité du Tournoi. Mais l’équipe restera compétitive parce qu'aujourd'hui la France possède un réservoir monstrueux ».

Le défi de l’Aviva et de Twickenham

Le 11 février, le challenge qui attend les Bleus est immense. A l’Aviva Stadium de Dublin, le XV de France sera face à la meilleure nation du monde. Car, même si les Bleus sont invaincus depuis treize matchs, ce sont tout de même les Irlandais qui dominent aux points le classement World Rugby. Le résultat d’une année 2022 exceptionnelle pour le XV du trèfle, vainqueur de l’Australie et l’Afrique du Sud à l’automne, après avoir battu à deux reprises les All Blacks en Nouvelle-Zélande durant l’été. La sélection d’Andy Farrell est l’autre grande favorite de ce Tournoi 2023. Malgré trois déplacements, les Irlandais recevront la France et l’Angleterre, ses deux principaux concurrents. Car il ne faut jamais oublier le XV de la Rose. Bien qu’en crise depuis le dernier Tournoi, durant lequel les Anglais n’ont gagné que deux rencontres, un automne difficile, et le limogeage de leur sélectionneur Eddie Jones, l’Angleterre possède un effectif de qualité. Leur année 2022 est à oublier. Mais il faut se méfier du rebond. Steve Borthwick, l’ancien adjoint de Jones, et plus récemment manager des Leicester Tigers, a repris le flambeau. « L’équipe d’Angleterre sera difficile à jouer parce que dans leur contexte, ils vont chercher de la stabilité et des matchs références, explique David Gérard. En ayant un nouveau coach, ils vont surement changer de système. Mais les autres nations sont dans le même cas que la France. Ils vont faire des essais eux-aussi ». Le XV de la Rose version 2023 est encore un mystère. Les Bleus auront la réponse le 11 mars. D’ici-là, le staff tricolore aura passé l’écueil de Dublin, la finale avant l’heure. Avec ou sans succès…

Possession ou dépossession ?

Plus que jamais, les Bleus attaquent l’année 2023 dans la peau de l’équipe à battre. « Notre statut a changé grâce à nos résultats depuis trois ans, confirme Laurent Labit, l’entraîneur des trois-quarts du XV de France. Aujourd’hui, les grandes nations cherchent à nous contrer, à nous surprendre ». Ce n’est donc surement pas durant ce Tournoi que les Bleus vont faire évoluer leur jeu et délaisser leur stratégie de dépossession qui a fait leurs succès de 2022. « Le jeu de dépossession, c’est énormément de travail collectif, la précision du jeu au pied, et une grosse agressivité défensive, explique David Gérard. Mais ça veut dire aussi pas beaucoup de prise de risque. Sachant qu'on a des joueurs pétris de talent, le jeu offensif des Bleus va surement évoluer en vue du Mondial. Mais on ne le verra pas aujourd'hui. Ils ne prendront pas le risque de tout montrer avant la Coupe du monde ». Ou comme le dit Laurent Labit, « d’abord savoir anticiper et réagir ». Un jeu de contre donc qui réussit au XV de France actuellement. Et ce n’est qu’une stratégie. La bonne nouvelle, c’est que les Bleus peuvent mieux faire.

Le calendrier des Bleus

Italie – France, le dimanche 5 février (16h00) 
Irlande – France, le samedi 11 févier (15h15) 
France – Ecosse, le dimanche 26 févier (16h00) 
Angleterre – France, le samedi 11 mars (17h45) 
France – Pays de Galles, le samedi 18 mars (15h45)

La liste des 42 pour le Tournoi

Avants
ALLDRITT Grégory (Stade Rochelais)
ATONIO Uini (Stade Rochelais)
BAILLE Cyril (Stade Toulousain)
BARLOT Gaëtan (Castres Olympique)
BAUBIGNY Teddy (RC Toulon)
BECOGNEE Alexandre (Montpellier Hérault Rugby)
BOUDEHENT Paul (Stade Rochelais)
CAMARA Yacouba (Montpellier Hérault Rugby)
CHALUREAU Bastien (Montpellier Hérault Rugby)
CRETIN Dylan (LOU Rugby)
CROS François (Stade Toulousain)
FALATEA Sipili (Union Bordeaux-Bègles)
FLAMENT Thibaud (Stade Toulousain)
HAOUAS Mohamed (Montpellier Hérault Rugby)
JELONCH Anthony (Stade Toulousain)
JOLMES Thomas (Union Bordeaux-Bègles)
LAVAULT Thomas (Stade Rochelais)
MACALOU Sekou (Stade Français)
MARCHAND Julien (Stade Toulousain)
OLLIVON Charles (RC Toulon)
PRISO Dany (RC Toulon)
TAOFIFENUA Romain (LOU Rugby)
WARDI Reda (Stade Rochelais)
WILLEMSE Paul (Montpellier Hérault Rugby)

Arrières
BARASSI Pierre-Louis (Stade Toulousain)
BIELLE-BIARREY Louis (Union Bordeaux-Bègles)
BUROS Romain (Union Bordeaux-Bègles)
COLY Léo (Montpellier Hérault Rugby)
DELBOUIS Julien (Stade Français)
DUMORTIER Ethan (LOU Rugby)
DUPONT Antoine (Stade Toulousain) – CAPITAINE
FICKOU Gaël (Racing 92)
GAILLETON Emilien (Section Paloise)
HASTOY Antoine (Stade Rochelais)
JALIBERT Matthieu (Union Bordeaux-Bègles)
JAMINET Melvyn (Stade Toulousain)
LE GARREC Nolann (Racing 92)
LEBEL Matthis (Stade Toulousain)
MOEFANA Yoram (Union Bordeaux-Bègles)
NTAMACK Romain (Stade Toulousain)
PENAUD Damian (ASM Clermont Auvergne)
RAMOS Thomas (Stade Toulousain)

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