F1 : Alonso, Verstappen… Ces pilotes qui ont fait souffrir Hamilton
Arthur Montagne -
Journaliste
Affamé de sport, il a grandi au son des moteurs de Formule 1 et des exploits de Ronaldinho. Aujourd’hui, diplomé d'un Master de journalisme de sport, il ne rate plus un Grand Prix de F1 ni un match du PSG, ses deux passions et spécialités

Septuple Champion du monde, Lewis Hamilton détient quasiment tous les principaux records de la Formule 1. Pilote redoutable, le Britannique a toutefois plusieurs fois trouver des adversaires à sa mesure sur la piste. Que ce soit, Fernando Alonso, Sebastian Vettel, Max Verstappen ou Nico Rosberg, tous ont contribué à écrire la légende Hamilton.

Fernando Alonso, la rivalité qui plombe McLaren

Et pour lancer sa carrière, Lewis Hamilton est immédiatement confronté à du très lourd puisqu'en 2007, c'est tout simplement le double champion du monde en titre qui débarque chez McLaren. Après deux sacres avec Renault, Fernando Alonso souhaite poursuivre son ascension et gagner avec une autre écurie. Il choisit donc McLaren. Sur le papier, le choix est parfaitement logique compte tenu du fait qu'il dispose de l'une des meilleures monoplaces du plateau. Mais le timing va s'avérer terrible. Et pour cause, Fernando Alonso débarque donc l'année des débuts de Lewis Hamilton couvé par Ron Dennis, alors patron de l'écurie britannique, depuis des années. Par conséquent, malgré son statut de double champion du monde, Alonso n'est pas chez lui chez McLaren et s'il s'attendait à être le pilote numéro 1 incontesté compte tenu du fait qu'il était face à un rookie, c'était mal connaître le talent de Lewis Hamilton et son importance, déjà, au sein de l'équipe. Durant sa carrière, Fernando Alonso n'aura jamais été mis en difficulté par ses coéquipiers. Celui qui deviendra septuple champion du monde fait exception, dès sa première saison en F1. A tel point qu'une énorme rivalité s'impose entre les deux hommes comme en témoigne la séance de qualifications au GP de Hongrie. Fernando Alonso s'arrête pour chausser de nouvelles gommes et reste immobiliser quelques secondes supplémentaires afin de bloquer Lewis Hamilton qui n'aura pas le temps de s'élancer pour tenter un dernier chrono. Finalement, cette rivalité aura fait au moins un heureux : Kimi Räikkönen. Le pilote Ferrari profite des tensions chez McLaren pour décrocher le titre mondial avec un point d'avance sur Fernando Alonso et Lewis Hamilton. Une saison gâché pour McLaren qui avait deux pilotes exceptionnels en compétition, ce qui lui a coûté le titre. Résultat, à l'issue de la saison, l'écurie britannique décidera de tout miser sur son jeune talent pendant que l'Espagnol retournera chez Renault. La saison 2008 sera ainsi celle du premier titre de Lewis Hamilton, débarrassé de Fernando Alonso. Quelques années plus tard, auréolé de sept titre de champion du monde, Hamilton reconnaîtra toutefois que son plus grand rival « en termes de vitesse pure, c'est Fernando, et aussi en termes de compétences ».

Nico Rosberg, l'ami devenu rival

Il faudra ensuite attendre quelques années avant que Lewis Hamilton retrouve un coéquipier à la hauteur de son talent. En 2013, le Britannique décide de quitter son cocon chez McLaren pour remplacer Michael Schumacher chez Mercedes. Un choix vivement commenté à l'époque, mais qui s'avérera évidemment le bon. D'ailleurs, au sein de l'écurie allemande il va retrouver un certain Nico Rosberg. Les deux hommes se côtoient depuis leurs années en karting et sont restés très proches. Mais cette amitié va voler en éclat avec la perspective de jouer le titre mondial. En effet, dès 2014, Mercedes dispose d'une monoplace largement supérieure à la concurrence qui permet à Lewis Hamilton de s'adjuger deux nouveaux sacres. Mais en 2016, Nico Rosberg est plus fort que jamais et va livrer une bataille acharnée à celui qui était son ami. Evidemment, cette rivalité à atteint son paroxysme lors du GP d'Espagne. Partis en première ligne, les deux Mercedes n'iront pas plus loin que le virage 4 qui verra Nico Rosberg et Lewis Hamilton s'accrocher. Tous les regards sont alors tournés vers le paddock pour scruter les premières réactions et éventuelles sanctions que vont infliger les patrons de l'écurie, au point que la première victoire de Max Verstappen, pour ses débuts chez Red Bull, sera reléguée au second plan. Finalement, la bataille se poursuivra jusqu'au dernier Grand Prix à Abu Dhabi où Lewis Hamilton tentera un dernier coup de roublardise. Leader, le Britannique ralentit volontairement son rythme afin de permettre à la Ferrari de Sebastian Vettel et à la Red Bull de Max Verstappen de se rapprocher pour éventuellement attaquer Nico Rosberg. Mais ce sera insuffisant. L'Allemand imite son père, Kéké, en devenant champion du monde au terme d'une saison éreintante sur le plan mental. A tel point que Rosberg annoncera sa retraite quelques jours après son sacre, laissant Lewis Hamilton, sans véritable rival, filer vers les quatre prochains titres mondiaux.

Sebastian Vettel, l'erreur fatale en 2018

Cette fois-ci, la rivalité n'était pas au sein de la même écurie. Mais pendant deux saisons, Sebastian Vettel a été le seul capable de mettre à mal la domination de Lewis Hamilton et Mercedes. Quadruple champion du monde avec Red Bull entre 2010 et 2013, l'Allemand débarque chez Ferrari en 2015 pour remplacer Fernando Alonso qui n'a pas réussi à offrir un nouveau titre après lequel court la Scuderia depuis 2007. Vettel n'y parviendra pas non plus, mais il mettra toutefois en danger Lewis Hamilton en 2017 et surtout en 2018. Vainqueur des deux premières course de la saison, l'Allemand est clairement un rival sérieux pour Mercedes, le premier depuis 2014. A tel point qu'à mi-saison, Sebastian Vettel est même en tête du championnat du monde avec 7 points d'avance au moment d'arriver sur son GP national sur le circuit d'Hockenheim. L'occasion de frapper un grand coup au classement puisque le pilote Ferrari décroche la pole position alors que Lewis Hamilton ne s'élance que 14e après un problème mécanique en qualifications. Mais le scénario en course va s'avérer d'une terrible cruauté pour Sebastian Vettel qui domine pourtant largement jusqu'à l'apparition de quelques gouttes de pluie. Des conditions météorologiques pas suffisamment intenses pour envisager un passage aux pneus intermédiaires, mais qui rendent tout de même la piste très piégeuse. Vettel va en faire l'amère expérience. Au 51e tout, alors qu'il est en tête de la course avec près de dix secondes d'avance sur Bottas, Vettel arrive à l'entrée de l'épingle Sachs devant le public du Stadium, freine trop tard, bloque ses roues, traverse le bac à graviers et écrase sa monoplace dans le mur. C'est le premier abandon de la saison pour l'Allemand et il va coûter très cher, puisque dans le même temps, Lewis Hamilton signe une remontée exceptionnelle pour s'imposer sur les terres de Vettel et reprendre la tête du classement général. Une position qu'il ne lâchera plus pour aller décrocher un cinquième titre mondial auquel aurait également pu prendre le pilote Ferrari qui reconnaîtra avoir commis « l'une des erreurs les plus cruelles de ma carrière ». Sebastian Vettel aurait pu être le pilote mettant fin à l'hégémonie Mercedes.

Max Verstappen, le choc des générations

Finalement, l'homme qui mettra fin cette hégémonie se nomme Max Verstappen. Et pourtant, au début de la saison 2021, la dernière avant un bouleversement massif du règlement technique, la hiérarchie semble figée et Lewis Hamilton est promis à huitième titre mondial qui le fera un peu plus entrer dans la légende. Mais c'était sans compter sur la volonté de Red Bull qui n'avait pas l'intention d'attendre sagement 2022 pour inverser la tendance. Et cela va nous offrir l'une des plus grandes saisons de l'histoire de la F1 marquée par la naissance d'une rivalité exceptionnelle entre Lewis Hamilton et un certain Max Verstappen. Un duel qui va nous offrir un spectacle grandiose rappelant les plus grandes heures de ce sport marqué par des rivalités historiques. Le septuple champion du monde se trouve donc confronté pour la première fois depuis longtemps à un pilote affamé et doté d'un talent inouï. Cela va se traduire par certaines passes d'arme légendaires à l'image de ce départ d'anthologie à Silverstone qui finira par un accrochage entre les deux pilotes poussant Max Verstappen à l'abandon. Rebelote quelques semaines plus tard à Monza. Après un arrêt au stand un peu long, Lewis Hamilton sort aux côtés du Néerlandais. Mais dans la première chicane du circuit, il n'y a pas la place pour deux voitures, et ils vont le découvrir à leurs dépens. Aucun des deux ne souhaitent lâcher, résultat, la Red Bull va monter sur la Mercedes entraînant l'abandon des deux pilotes et donnant lieu à l'une des images les plus incroyables de l'histoire de la F1. Par la suite, la tension va s'intensifier comme au Brésil où Lewis Hamilton signe une remontée incroyable avant de dépasser Max Verstappen après une rude bataille, puis en Arabie Saoudite lorsque les deux pilotes s'accrocheront après un quiproquo qui aurait pu coûter cher. Résultat, ils arrivent à égalité de points à Abu Dhabi pour le dernier Grand Prix de la saison, mais la balance penche en faveur de Mercedes puisque Lewis Hamilton vient de remporter les quatre dernières courses. Bien qu'il s'élance deuxième, le Britannique va rapidement imposé son rythme et prendre plusieurs secondes d'avance. A la régulière, Max Verstappen ne peut donc pas être sacré. Mais à cinq tours de l'arrivée, l'impossible va se produire. Nicholas Latifi envoie sa Williams dans le mur ce qui engendre l'apparition de la voiture de sécurité. La suite appartient à la légende. Relancés pour un dernier après une polémique sur la gestion du régime de voiture de sécurité, Max Verstappen, chaussé de gommes tendres et neuves, ne fera qu'une bouchée de la Mercedes de Lewis Hamilton avec ses pneus durs usés. Le Néerlandais décroche donc son premier titre mondial (et probablement pas le dernier) à l'issue d'une saison absolument intense marquée par une rivalité digne des plus légendaires de l'histoire de la F1. Et entre ces deux-là, ce n'est peut-être pas terminé.