LItalie a un genou a terre
La rédaction

Deuxième du groupe F, à égalité de points avec la Nouvelle-Zélande, les champions du monde en titre peuvent être éliminés dès cet après-midi, s'ils ne battent pas la Slovaquie.

Fragile et chancelante, la Tour de Pise s’efforce tant bien que mal de défier le ciel toscan. L’image même d’une Squadra Azzura peuplée de monuments vacillants, de champions du monde fatigués que leur entraîneur Marcello Lippi refuse de laisser tomber. Le respect des aînés, sans doute. Et du palmarès. Fabio Cannavaro (36 ans), Gianluca Zambrotta (33 ans), les milieux de terrain Gennaro Gattuso (32 ans) et Mauro Camoranesi (33 ans), sans oublier le buteur Vincenzo Iaquinta (30 ans) étaient du triomphe en Allemagne il y a quatre ans. Une assurance tout risque contre une sortie précoce ? Pas vraiment. Des tenants du titre éliminés au premier tour, cela s’est déjà vu. Pas plus tard qu’il y a huit ans, lorsque l’équipe de France avait quitté en douce un Mondial asiatique qu’elle se voyait déjà remporter. La Squadra partage de nombreux points communs avec les Bleus de 2002. Et rien ne dit qu’elle échappera au même sort.

Des cadres convalescents Il y avait Zidane et sa cuisse endolorie, il y a désormais Pirlo, 31 ans et un mollet gauche blessé depuis le match de préparation perdu contre le Mexique (2-1) début juin. Le Milanais sera forfait contre la Slovaquie. Il y a aussi Buffon et son dos meurtri, qui ne lui laisse plus que six mois de répit par an, contre six mois de repos. Le gardien de la Juve, remplacé par Marchetti à la mi-temps du match contre le Paraguay, a déjà dit adieu au Mondial. Bref, Marcello Lippi a beau assurer que « pour six ou sept matches, on n’a pas besoin d’avoir des joueurs de 24 ans », l’Italie fait bel et bien son âge. En l’absence de ces deux piliers, ses fissures apparaissent béantes. Elle s’est par exemple montrée incapable, contre le Paraguay, d’accélérer le tempo et de varier le jeu au-delà des vingt premières minutes. Mais c’est surtout sa défense qui inquiète, celle-là même qui lui avait permis, il y a quatre ans, de conquérir le titre suprême en n’encaissant que deux buts en sept rencontres (un record dans l’histoire du Mondial). Impliqué sur les deux buts concédés par l’Italie, chaque fois sur coup franc indirect, Cannavaro n’a plus grand-chose à voir avec la muraille qui se dressait il y a quatre ans sur le chemin des attaquants adverses.

Les anciens sans illusions L’Italie va de travers et, finalement, ce n’est pas une surprise. Il suffit de se pencher sur ses résultats récents pour se rendre compte que la transition entre les champions du monde et la nouvelle génération ne s’est pas faite. Sa fin de cycle, la Squadra Azzura l’a vécue dès l’Euro 2008. Une élimination aux tirs au but, en quarts de finale, face au futur vainqueur espagnol pouvait encore passer pour un baroud d’honneur. En revanche, la Coupe des Confédérations, disputée l’été dernier, ressemblait au tournoi de trop : sèchement battus par l’Egypte (1-0) et le Brésil (3-0), Lippi et ses hommes avaient quitté l’Afrique du Sud dès le premier tour. Déjà.

Du coup, bien qu’elle soit habituée à se qualifier de justesse, il flotte autour de la sélection italienne un parfum de résignation. Même les grands anciens, comme Claudio Gentile, ne semblent plus y croire. « Comment je le sens ? Sincèrement, très mal. Personne n’est optimiste en Italie. » Si, quelqu’un : Marcello Lippi. On ne sait s’il faut rire ou pleurer lorsque celui-ci déclare, le plus sérieusement du monde, que « si le Paraguay bat la Nouvelle-Zélande, on pourrait même se qualifier avec trois nuls, comme l'équipe de 1982. » Autant dire que l’Italie, comme la Tour de Pise, cherchera surtout à ne pas s’incliner.