Ce week-end, certains joueurs ont refusé d’apparaître avec un maillot floqué aux couleurs d’un arc-en-ciel en soutien à la communauté LGBT +, pour la journée de lutte contre l'homophobie. De quoi créer la polémique, alors que plusieurs cas semblables ont déjà été relevés ces dernières années, l’initiative ayant été lancée par la LFP depuis 2019.
Les positions de certains joueurs ce week-end viennent justifier les campagnes successives de la LFP pour lutter contre l’homophobie. A l’occasion de la 35e journée de Ligue 1 et Ligue 2, l'instance du football tricolore avait mis en place sa campagne annuelle «Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot», au cours de laquelle les joueurs portent une tunique spéciale arborant un flocage arc-en-ciel, et les capitaines un brassard aux mêmes couleurs du drapeau LGBT +. Les maillots doivent ensuite être vendus aux enchères au profit des associations Foot Ensemble, PanamBoyz & Girlz United et SOS Homophobie. Cependant, plusieurs joueurs ont refusé de jouer le jeu afin de ne pas s'afficher avec les couleurs arc-en-ciel.
Toulouse – Nantes, rencontre controversée en Ligue 1
La rencontre opposant le FCNantes à Toulouse (0-0) dimanche a notamment créé la polémique. Plusieurs joueurs du TFC ont décidé de ne pas prendre part à la rencontre et ont ainsi été écartés de la feuille de match. Les absences de ZakariaAboukhlal, Saïd Hamulic et MoussaDiarra ne sont donc pas passées inaperçues, alors que leur club a annoncé dans la soirée avoir décidé de les « écarter ». « Les joueurs de l'effectif professionnel ont exprimé leur désaccord concernant l'association de leur image aux couleurs arc-en-ciel représentant le mouvement LGBT. Bien que respectueux des choix individuels de ses joueurs, et après de nombreux échanges, le Toulouse Football Club a choisi d'écarter lesdits joueurs pour la rencontre prévue ce dimanche à 15 heures au Stadium de Toulouse », a indiqué le vainqueur de la Coupe de France 2023 dans un communiqué. « Tout d’abord, je tiens à insister sur le fait que j’ai le plus grand respect pour toute personne, peu importent ses préférences personnelles, son genre, sa religion ou ses origines. C’est un principe que je ne peux pas assez souligner, a pour sa part expliqué ZakariaAboukhlal, justifiant sa décision de ne pas être présent face à Nantes dans un message publié sur ses réseaux sociaux. Le respect est une valeur qui compte beaucoup pour moi. Il s’étend aux autres, mais il englobe aussi le respect de mes propres croyances. Ainsi, je ne crois pas être la personne la plus adéquate pour participer à cette campagne. J’espère sincèrement que ma décision sera respectée, autant que nous souhaitons tous être traités avec respect. »
« Il n'était pas possible pour moi de participer à cette campagne », se justifie Mostafa Mohamed
Le FC Nantes a été confronté au même problème, Mostafa Mohamed refusant de participer à cette campagne de lutte contre l’homophobie. Bien qu’il ait fait le déplacement jusqu’à Toulouse avec ses coéquipiers, l'Algérien est resté à l’hôtel pendant que le reste de l’équipe rejoignait le Stadium pour disputer une rencontre cruciale pour le maintien. Le staff de PierreAristouy, successeur d’AntoineKombouaré, n'aurait appris que trente minutes avant l'annonce de la composition d'équipe la décision de son attaquant d’après L’Equipe. « Le respect des différences, ce serait le respect de l'autre, le respect de soi, le respect de ce qui sera mis en commun et de ce qui restera différent. Je respecte toutes les différences. Je respecte toutes les croyances et toutes les convictions. Ce respect s'étend aux autres mais comprend également le respect de mes croyances personnelles, s’est justifié Mostafa Mohamed sur Twitter. Vu mes racines, ma culture, l'importance de mes convictions et croyances, il n'était pas possible pour moi de participer à cette campagne. J'espère que ma décision sera respectée, tout comme mon souhait de ne pas polémiquer à ce sujet et que tout le monde soit traité avec respect. » Samedi en Ligue 2, le défenseur sénégalais de GuingampDonatienGomis avait déjà déclaré forfait pour la rencontre face à Sochaux.
Clash au FC Nantes, il sort du silence après la bagarre https://t.co/Tu23vhYeY7 pic.twitter.com/TXBnKYG8vt
— le10sport (@le10sport) May 15, 2023
Oudéa-Castéra demande des sanctions
Des prises de position qui suscitent de grosses controverses, alors que la ministre des Sports, AmélieOudéa-Castéra, a demandé dimanche dans l’émission Stade 2 des sanctions contre les réfractaires : « Je pense qu'il est de la responsabilité des clubs, avec un dialogue avec leurs joueurs, de prendre des sanctions. En France, quand on a une opération qui est cadrée de cette façon, qui embarque tous les clubs sur un sujet basique de non-discrimination, il faut être là. Je pense que c'est nécessaire. » Alors que la LFP organise cette campagne pour la cinquième année de suite, les exemples de joueurs se sont multipliés au fil des saisons, certains assumant leur position tandis que d’autres ont usé de subterfuge.
Idrissa Gueye a déjà fait polémique avec le PSG
C’est notamment le cas d’Idrissa Gueye au PSG. En 2021, le milieu sénégalais avait raté la réception de Reims, officiellement pour une gastro-entérite. Mais la saison suivante, le nouveau forfait du joueur à la même période avait interpellé, Mauricio Pochettino confirmant avoir sorti son protégé de la feuille de match « pour des raisons personnelles ». La polémique avait alors éclaté et dépassé le cadre du football. « Les joueurs d'un club de football, et ceux du PSG en particulier, sont des figures d'identification pour nos jeunes. Ils ont un devoir d'exemplarité, s'était insurgée ValériePécresse, présidente de la région Île-de-France. Un refus d'Idrissa Gana Gueye de s'associer à la lutte contre l'homophobie ne pourrait rester sans sanction ! » Cela a pourtant été le cas.
Falcao, Cavani… D’autres joueurs ont fait parler depuis le début de l’opération
Dès le lancement de l’opération en 2019, plusieurs situations avaient elles aussi interpellé, alors que seuls les capitaines étaient invités à arborer un brassard arc-en-ciel autour du bras. EdinsonCavani (PSG), Wesley Lautoa (Dijon), Max-Alain Gradel (Toulouse) ou encore ValentinRongier (Nantes) avaient respecté la règle au coup d’envoi, avant d’enlever le fameux brassard au bout de quelques minutes. « Le brassard ne tenait pas bien, avait assuré le capitaine des Canaris, désormais à l’OM. J’ai dû l’enlever au bout de 20 minutes, mais c’est une bonne idée. Comme il y a 4 ou 5 ans quand on avait mis des lacets arc-en-ciel sur les chaussures. » Fayçal Fajr (Caen), Radamel Falcao (Monaco) et Jérémy Morel (OL) avaient quant à eux entamer la rencontre avec un brassard classique, sans s’afficher avec les couleurs LGBT +. « Dans des matchs comme ça (pour le maintien), tu ne penses à rien. Fayçal (Fajr) a dû oublier », répondait une source caennaise à RMC Sport. « J'ai utilisé le brassard de Falcao, répliquait pour sa part LeonardoJardim, tentant de désamorcer toute polémique L'important, c'est que quelqu'un du club le porte et applique ce qui est demandé par la Ligue. » Les associations et la LFP ont encore du travail devant eux…