Chevillés au corps à leurs clubs, José Anigo et Bernard Lacombe présentent d'étonnantes similitudes tant dans leur personnalité que dans leurs parcours.
Bernard LACOMBE
Personnalité
Bernard Lacombe est avant toute chose un passionné. « Le foot, c’est sa vie », assure Grégory Coupet. A tel point que le conseiller du président Aulas regorge d’anecdotes. « C’est M. Mémoire, poursuit Coupet. Il est capable de décrire dans les moindres détails des actions d’il y a 30 ans en précisant s’il y avait du vent de face, l’état de la pelouse… » En dehors de ça, Bernard Lacombe est du genre « épicurien. Il aime le bon vin, la bonne bouffe et est très pote », décrit Coupet. « Il est tenace et rancunier, nuance Frédéric Guerra, agent de joueurs et intime de Lacombe. Et surtout pas très bon pêcheur. C’est son petit-fils qui le conseille ! Plus sérieusement, il a une générosité humaine qui dépasse l’entendement. Il s’occupe des gamins dans les hôpitaux de la région et je l’ai vu faire découvrir à des gamins, fans de l’OL et atteints d’un cancer en phase terminale, tout le centre d’entraînement, aller voir les pros.... Il allait même à leur enterrement parfois. »
Evolution
Né à Lyon, Bernard Lacombe s’est frotté à tous les secteurs du club lyonnais. De la formation au poste de conseiller du président, en passant par les statuts de joueur et d’entraîneur. « Lyon, c’est sa vie. Il est Gone, ses enfants et petits-enfants le sont. Son sang est rouge et bleu, assure Coupet. Il te transmet et t’impose l’amour qu’il a pour son club. » « Il a été un grand joueur de l’OL et a accepté de devenir entraîneur quand personne ne voulait du job, défend Daniel Bravo, qu'il l'a connu quand lui était joueur et Lacombe entraîneur. Aulas lui en est extrêmement reconnaissant. Mais ce n’était pas un très bon entraîneur et il l’a compris de lui-même. Aujourd’hui, il excelle dans son rôle, notamment au niveau du recrutement. »
Influence
« C’est Big Brother !, s’exclame Coupet. A Lyon, il sait tout et son avis compte autant que celui du président. L’OL, c’est Aulas et Lacombe ». « Il fonctionne librement à tous les étages de son club, insiste Guerra. Il se mêle de tout et parfois de façon excessive. Mais c’est parce qu’il est profondément impliqué. » Une omniprésence et une omnipotence qui posent souvent problème dans ses relations avec les entraîneurs. « Sans vraiment être positionné, il a un rôle puissant qui dérange les entraîneurs, précise Bravo. Il est au cœur des choses, c’est le confident des joueurs et il ne se gêne pas pour faire passer des messages. Certains se demandent s’il va toujours dans leur sens mais il est foncièrement honnête dans sa démarche. » « Certains entraîneurs sont arrivés avec la peur au ventre en pensant travailler avec lui, se remémore Guerra. Mais ce n’est pas quelqu’un de dictatorial. Tout ce qu’il fait ou dit, c’est pour le bien du club. »
José ANIGOPersonnalité
« C’est un passionné. Il mange foot matin, midi et soir. Il ne supporte pas l’inactivité, révèle Christophe Hutteau, agent de joueurs et proche d’Anigo. Et comme tout passionné et tout marseillais, il est capable d’entrer dans d’énormes colères. Il est tellement impliqué qu’il prend les choses trop à cœur et manque parfois de recul. » Mais derrière l’image pagnolesque se cache un autre Anigo. « Un grand romantique avec une façade qu’il s’est fabriqué pour mieux se protéger, asusre Huteau. Il a une ligne de conduite, des principes auxquels il ne déroge pas, poursuit-il. C’est ce qui fait qu’il est parfois un peu trop psycho-rigide. IMais il reste généreux. Je l’ai souvent vu tendre la main à des gens dans le besoin alors qu’il n’y était pas obligé. Il se rend souvent dans les hôpitaux au chevet des enfants malades et milite et pousse ses joueurs à en faire de même. »
Evolution
L’OM colle à la peau de José Anigo. Né à Marseille, il fait ses classes au centre de formation avant de faire partie de la fameuse génération des Minots. Avec l’OM, il connaît tout, de la Ligue 2 à la Ligue des champions, et surtout occupe quasiment tous les postes : joueur, directeur du centre de formation, entraîneur, directeur sportif. « De l’OM, lui plus qu’un autre peut en parler, souligne son ancien coéquipier Patrick Remy. C’est certainement la mémoire du club depuis les années 80. Il l’a dans la peau et le défend. » « Les gens du sérail veulent toujours s’imposer dans leur club de cœur. Contrairement à beaucoup, lui y est parvenu. Ca prouve qu’il a plus de qualités, reconnaît l'ancien président de l'OM, Christophe Bouchet. Sûrement parce qu'il est à la tête d’un club, pas d’une équipe. Son sujet, c’est le club. Il est ancré dans la durée et dans la sauvegarde de l’OM. »
Influence
« C’est le Guy Roux des temps modernes, compare Hutteau. A l’OM, il a un rôle centralisateur. Il est écouté, respecté, craint. » Et qui dit Guy Roux, dit forcément rapport particulier avec les joueurs. « Il est paternaliste et protecteur, poursuit l’agent de joueurs. Ceux passés par l’OM gardent d’ailleurs une grande estime et affection pour lui. » Mais depuis l’arrivée de Didier Deschamps son pouvoir a diminué. Anigo dérange. Dans son rôle de manager à l’anglaise, Deschamps veut avoir le contrôle sur tout. Notamment les transferts, domaine jusque-là dédié à Anigo. « Les rapports sont froids entre lui et le coach, révèle Hutteau. Dire que depuis deux ans, il est pleinement épanoui dans son activité, ce serait mentir. » Mais celui qui a su jusqu’ici résisté à tout le monde a cette faculté à faire le dos rond en attendant son heure. « Il observe beaucoup les autres et est très attentif à ce qu’on peut penser de lui. Il est beaucoup plus réfléchi qu’on ne l’imagine, prévient Bouchet. Sa longévité dans un club comme l’OM prouve qu’il a un sens politique aigu. »
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