Karabatic Je reste a Montpellier
La rédaction

Pour le 10 Sport, Nikola Karabatic revient sur l'élimination de Montpellier en Ligue des champions. Sa blessure, son avenir, l'affaire Zahia, et une soirée ratée avec Franck Ribéry : pas de tabous pour la star du handball mondial.

Comment as-tu vécu l’élimination de ton équipe en ¼ de finale de la Ligue des champions face à Tchekhov ? C’était une horreur d’assister à cela des tribunes. Je n’ai jamais été aussi nerveux. J’ai fini le match en sueur, complètement épuisé. Je sautais, je criais, j’étais un véritable enfant devant ce match incroyable. C’est tellement rare d’assister à une séance de tirs au but dans notre sport. Je suis passé par toutes les émotions: l’inquiétude, l’espoir puis le désespoir. A quel moment as-tu appris que tu ne jouerais pas le match le plus important de la saison ? Dès la fin du match aller, j’ai senti que j’aurais des difficultés à jouer le retour à Montpellier. Ensuite j’ai passé plusieurs examens avant de comprendre qu’il s’agissait d’une lésion musculaire à la cuisse. Contrairement à ce qui s’est dit, je n’ai jamais voulu cacher la gravité de ma blessure. Maintenant, je vais soigner ça tranquillement jusqu’à la fin de saison. Avec du recul, le long périple avec l’équipe de France depuis l’Islande a-t-il joué sur les organismes ? Personnellement, non. Je me suis blessé sur un fait de match. En revanche, notre long retour a entraîné le report du match. On a eu moins de temps de récupération entre les deux rencontres de Ligue des champions (3 jours) et surtout certains joueurs ont du jouer un match amical contre Aix en Provence pour garder le rythme. C’est là que Mika (Guigou, NDLR) et Vid (Kavticnik, NDLR) se sont blessés et c’est surtout cela qui aurait pu être évité. Mais personne n’est responsable. Montpellier est invaincu en championnat et en route pour le triplé. Mais passer à côté du Final Four reste un échec ? Non. Cela faisait cinq ans que le club n’avait pas atteint un 1/4 de finale de Ligue des champions C’était l’objectif minimum de Montpellier cette saison. Nous l’avons rempli. Mais c’est vrai qu’au vue de notre forme du moment et du tirage plutôt clément: on rêvait d’atteindre ce premier Final Four de Ligue des champions. A moyen terme, nous devons faire partie des 4 meilleures équipes européennes. Le club et la région ont fait de gros efforts financiers pour te faire revenir en France. Une partie de ce financement était basé sur le Droit à l’image collectif (DIC) qui sera supprimé le 30 juin prochain. Cela remet-il en question ta présence à Montpellier ? C’est surtout lié à toute l’équipe, il n’y a pas que moi qui suis salarié. Cela va aussi pénaliser beaucoup d’autres clubs qui n’ont pas beaucoup de moyens. La suppression du DIC va surtout nous couper dans notre élan et cela va rendre les choses encore plus difficiles qu’elles ne l’étaient. Mais je n’ai jamais envisagé de ne pas jouer ici la saison prochaine. Je reste à Montpellier ! Il y a un départ qui est certain côté Montpelliérain, c’est celui de Daouda Karaboué, un joueur que tu côtoies depuis tes débuts dans l’Hérault. Doudou (surnom de Karaboué, NDLR) est un pote. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup: aussi bien sportivement qu’humainement. Mais c’est le sport professionnel qui veut cela. Il n’a pas trouvé d’accord avec le club, je n’ai pas mon mot à dire. J’ai déjà connu cela lorsque Didier Dinart a quitté Montpellier en 2003. Heureusement, le club a recruté deux gardiens de très haut niveau pour pallier son départ. La semaine dernière, Olivier Girault, ton ancien coéquipier en Bleu, a validé son ticket pour la montée en D1 avec le Paris Handball en tant qu’entraîneur. Tu l’as appelé pour le féliciter ? Non pas encore. Je vais le croiser la semaine prochaine lorsqu’on viendra à Paris pour jouer la demi-finale de Coupe de France face à son équipe. Je le féliciterai à ce moment-là. En tout cas, c’est une bonne nouvelle pour le hand français que le club de la capitale soit présent en LNH. Le club a un beau projet depuis l’arrivée de Bruno Martini. Maintenant, il faut qu’ils profitent du vivier de licenciés qu’ils ont la chance d’avoir à proximité. Après 2007, tu es à nouveau en lice pour le titre de meilleur handballeur de l’année avec le croate Igor Vori et le polonais Slawomir Szma. Qui sera ton principal concurrent ? C’est étrange qu’on donne une liste de trois nominés. Le mieux serait de laisser le libre choix aux votants. Mais les deux autres joueurs n’ont rien gagné sur l’année 2009 alors … Tu as récemment mis en ligne un nouveau site à ton nom et tu as un nouveau partenaire marketing. Pourquoi ces changements ? Il fallait simplement utiliser au mieux les nouveaux moyens de communication qui permettent au handball d’être plus présent dans les médias. Bien sûr, cela me donne également plus de visibilité. Je travaille avec une nouvelle agence qui s’appelle 100% coton. On a lancé ce nouveau site, une application I Phone, une page Facebook, etc. C’est devenu nécessaire d’être à la page. Malgré ces efforts, tu ne fais pas partie des 50 sportifs français les mieux payés. Cela te choque qu’un médaillé olympique, champion du monde et d’Europe gagne moins qu’un joueur moyen de Ligue 1 (football) ? Je ne me prends pas la tête avec cela. Savoir si je suis mieux ou moins bien payé qu’un footballeur ne m’intéresse pas. Dans la société d’aujourd’hui ce ne sont pas les meilleurs qui sont les mieux rémunérés, ce sont ceux qui vendent le plus. Je suis très heureux de pouvoir vivre de mon sport. Les handballeurs auront beau gagner 40 fois les J.O, ils ne seront jamais mieux payés que les footballeurs. Je suppose que tu as entendu parler de l’affaire Zahia. As-tu été surpris par ces révélations ? Cela m’a fait plus marrer qu’autre chose. La culture paparazzi fait partie de la vie d’un sportif et ce fut beaucoup le cas ces derniers temps dans le foot. On l’a beaucoup vu en Angleterre puis maintenant cela touche la France. Ce genre de scandale a le mérite de montrer que les sportifs sont des gens comme les autres, avec leurs défauts et leurs écarts. Après le championnat d’Europe avec les Bleus en janvier dernier, vous êtes allés fêter le triplé dans une célèbre discothèque des Champs-Élysées où tu as croisé un certain Franck Ribéry… C’est vrai. Avec Luc Abalo, on est allé le saluer. Il était à l’écart avec des amis footballeurs. On lui a souhaité bonne chance pour la coupe du Monde mais il ne nous a pas invité à sa table. Une chose est sûre, nous n’avons pas passé la soirée ensemble (rires). Propos recueillis par Sacha Nokovitch