Équipe de France : «Deschamps n’est pas certain de rester après la Coupe du Monde»
Alexis Bernard -
Rédacteur en chef
Footballeur presque raté, j’ai choisi le journalisme car c’est l’unique profession qui permet de critiquer ceux qui ont réussi. Après avoir réalisé mon rêve de disputer la Coupe du Monde 2010 (en tribune de presse), je vis de ma passion avec le mercato et les grands événements sportifs comme deuxième famille.

Auteur du livre « Didier Deschamps, face à l’histoire » (Mareuil Editions), le journaliste Philippe Grand connaît parfaitement le sélectionneur de l’équipe de France. Un personnage qu’il étudie depuis des années et dont il nous livre quelques secrets.

Le Didier Deschamps de la Coupe du Monde en Russie est-il conforme à celui que vous connaissez depuis que vous vous intéressez à lui ? Totalement. Il est, en tout cas, conforme à son évolution. Comme il le dit lui-même, tout le monde est amené à changer, à évoluer. Mais il y a une chose qui ne bouge pas chez lui, c’est sa volonté de gagner. Son obsession du résultat est toujours là, on le voit après les trois premiers matchs des Bleus et le triste 0-0 contre le Danemark. Il se moque de bien jouer, seul le résultat compte ? Non, on ne peut pas dire qu’il n’accord aucun intérêt à la manière dont son équipe joue. Ce serait faux de dire cela. Et bien sûr qu’il ne peut se satisfaire du jeu proposé par les Bleus lors des trois premiers matchs de poule. Mais sa priorité, c’est le résultat. Donc sur ce point, il est satisfait. L’équipe est qualifiée, sans trop se fatiguer. Quand le Danemark a mis le but devant son but, pourquoi vouloir prendre le risque de se blesser en essayant de marquer un but ? Si le résultat, l’objectif fixé est là… Pourquoi cette obsession de la gagne ? Parce qu’il a principalement grandi et muri dans le championnat Italie, à l’époque où il jouait à la Juventus. C’est une période fondatrice pour lui. A l’époque, le Calcio était le meilleur championnat du monde. C’était le Graal. Et en regardant l’équipe de France 98, on se rend bien compte que le groupe baignait dans cette culture du football italien. La gagne, la gagne, la gagne et rien d’autre. Et en 1998, on réalise un match parfait, la finale. Le reste, ce n’était vraiment pas top. Mais ça, évidemment, on l’a oublié pour ne garder que le souvenir de la victoire.

« Ce qui manque dans l’équipe de France de Didier Deschamps, c’est un Didier Deschamps… »

Un journaliste a écrit que Deschamps avait composé un groupe qui ne lui poserait aucun problème mais que malheureusement, cette équipe ne pose aussi aucun problème à l’adversaire. Vous partagez ? C’est très facile de dire ça… Oui, Deschamps a toujours dit que le meilleur groupe n’était pas toujours composé des meilleurs joueurs. Et quand on regarde cette équipe, c’est vrai qu’il manque un ou deux très bons joueurs, sans que j’ai besoin de les citer. Dans le groupe qu’il a actuellement, il lui manque juste un leader, un taulier. Un mec capable de parler quand ça ne va pas avant même que le sélectionneur le fasse. En fait, ce qui manque dans l’équipe de France de Didier Deschamps, c’est un « Didier Deschamps »… Noël Le Gräet l’a conforté dans son poste et a assuré qu’il serait le sélectionneur jusqu’en 2020. Ça sera le cas ? Il n’y a aucune certitude dans ce domaine. Rien n’est acté. Alors oui, Noël Le Graët a tenu des propos pour dire toute sa confiance en Didier Deschamps. Mais s’il se fait sortir en huitième de finale, je ne suis pas certain qu’il reste en poste… Même une élimination en quart de finales pourrait lui être fatale. Parce qu’il ne faut pas oublier les trois matchs de poule, qui n’ont pas été top. On les oubliera si on sort l’Argentine en huitième. Mais si on perd, on ne parlera que de ça. De la pauvreté du jeu, du manque de résultats, etc… Et s’il est champion du monde ? Il peut aussi décider d’arrêter, comme l’a fait Aimé Jacquet. Si on regarde bien, Deschamps, c’est souvent un copier/coller de ce que fait Jacquet. Pour moi, c’est tout à fait possible de le voir quitter son poste de sélectionneur même après un titre de champion du monde. Zidane pour lui succéder, c’est possible ? Ça a de suite été écrit quand il a quitté le Real Madrid mais Zidane n’a fait part d’aucune intention particulière. C’est possible mais peu probable. Tous les joueurs de 1998 ne sont pas des potes mais Zidane et Deschamps le sont réellement. Parce que Zidane sait qu’il doit à Deschamps… Donc il peut tout à fait prendre sa succession, il n’y aurait aucun souci. Mais je ne crois pas que ce soit d’actualité. "Didier Deschamps, face à l'histoire" (Mareuil Editions), écrit par Philippe Grand

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