Deschamps France 98 On nest pas tous amis
La rédaction

Dans un entretien accordé aux lecteurs du Parisien, Didier Deschamps s'est livré sans détour. L'affaire des quotas, la démission de Laurent Blanc, France 98? le coach de l'OM n'y va pas de main morte.

Dans un entretien accordé au Parisien, Didier Deschamps répond sans langue de bois aux questions des lecteurs du quotidien francilien. Il assure que l'affaire des quotas va obligatoirement avoir des incidences sur la vie quotidienne du sélectionneur et de sa famille et regrette les interventions répétées des joueurs de France 98 qu'il avait déjà mis en garde. Extraits.

Quel est votre sentiment sur l’affaire des quotas? Au milieu, il y a Laurent Blanc, une personne que je connais très bien et que j’apprécie énormément. Je suis très triste pour lui, ce n’est pas seulement l’entraîneur, l’éducateur ou le sélectionneur qui est attaqué. C’est l’homme, avec ses valeurs. Je ne peux pas m’empêcher de penser à sa famille, ses parents, sa femme et ses enfants. Cet embrasement médiatique a et aura des incidences sur leur vie quotidienne. Maintenant, je ne me sens pas le devoir ou la possibilité de juger quiconque. Il y a deux enquêtes qui sont là pour amener des réponses et déterminer le degré de responsabilité des différents protagonistes. Mais comment vous situez-vous par rapport aux positions radicalement opposées des anciens de France 98 ? Je suis président de France 98. Je regrette que les commentaires des uns et des autres soient utilisés. J’avais déjà tiré la sonnette d’alarme voilà deux ou trois ans, lors d’une réunion. La présence de certains d’entre nous dans les médias les amenait à porter des jugements par rapport à d’autres, entraîneurs, comme Laurent Blanc ou moi. Je leur avais dit : « Vous pouvez avoir votre avis, mais vous savez très bien que vos paroles, en tant que champions du monde, vont prendre une valeur beaucoup plus importante. » Vous pouvez avoir des désaccords, mais si vous avez quelque chose à vous dire, la meilleure des choses, c’est de se parler en direct. Il en découle aujourd’hui des fissures dans l’association. Je vous l’avoue : on n’est pas tous des amis. On a des caractères parfois totalement opposés. On ne va pas passer nos vacances tous ensemble. Laurent Blanc doit-il démissionner? Je suis qui pour pouvoir juger ? De quel droit, moi, Didier Deschamps, je pourrais dire : « Il mérite de continuer, d’être sanctionné »? Ce n’est pas mon rôle. Je suis sûr d’une chose : Laurent est quelqu’un de solide, et je pense qu’il va devoir être très fort, dans les prochains jours, dans les prochaines semaines. Parce que ce qui se passe est grave, pour lui et pour le football français. S’il partait, pourriez-vous lui succéder? Laurent Blanc est là, et je souhaite pour lui qu’il reste là. Ça ne m’effleure même pas l’esprit. Je ne suis candidat à rien du tout. Vous avez connu des heures fastes avec les Bleus. Aujourd’hui, les scandales s’enchaînent. L’équipe de France a-t-elle perdu son âme? Elle n’a pas perdu son âme. Elle est, comme le football, le reflet de la société. Il ne faut pas se voiler la face. Il y a une évolution dans les mentalités, le quotidien, le monde de l’entreprise. La jeune génération est différente. Il y a eu des moments très difficiles avec l’Afrique du Sud. Je ne sais pas si le football français est malade. Il pourrait se porter mieux, forcément, avec moins d’histoires. Tout est davantage accentué dans ce sport, parce qu’il regroupe les trois choses les plus importantes dans la vie : la médiatisation, l’argent et le sexe. La réunion des trois intéresse tout le monde.