Tour de France : La 6ème étape fatale à Primoz Roglic ?
Alexandre Higounet

Coincée entre la grande étape des pavés de la veille et l’arrivée à la Super Planche des Belles Filles le lendemain, cette 6ème étape entre Binche et Longwy pourrait facilement être assimilée à une transition tranquille. Mais avec le final corsé dans les 20 derniers kilomètres, cela pourrait être tout l’inverse. Elle pourrait même faire encore plus mal à Roglic, qui a déjà perdu du temps hier sur les pavés. Analyse.

Au lendemain de la grosse étape de pavés, qui aura obligatoirement marqué les organismes et créé une véritable première sélection parmi les prétendants à la victoire finale, cette 6ème étape entre Binche et Longwy présente un profil dangereux pour les ténors du peloton.

Un final propice à une bagarre entre ténors

En effet, après le grand rendez-vous des pavés, le parcours apparaît d’évidence moins redoutable et pourrait donc inciter à un relâchement plus ou moins conscient parmi les leaders. C’est là que le piège pourrait intervenir. Car au sortir de l’épreuve pavé, éprouvante pour les organismes, les coureurs vont affronter un final très corsé, avec un enchaînement de plusieurs côtes sur les 50 derniers kilomètres, pour une étape globalement longue et fatigante (220 kilomètres au total), déjà vallonnée dans sa première partie.

Mais c’est dans le final que le danger guette. Dans les 20 derniers kilomètres, le peloton enchaînera quatre côtes très resserrées. Rien d’insurmontable en soit, mais largement de quoi faire des différences, à l’image de la côte de Puiventeux, l’avant-dernière du jour, 800 mètres à 12.3% de moyenne, qui sera succédée dans la foulée de la bosse d’arrivée, la côte des Religieuses (1.6 km à 5.8%). Si une équipe, à l’image de la formation Jumbo Visma lors de l’arrivée à Calais, décide d’embrayer violemment dans ces 20 derniers kilomètres, les quatre bosses présentes dans le final permettront de mettre une sacrée pagaille et, pourquoi pas, de piéger certains grands leaders.

Roglic sera-t-il assez rétabli ?

Derrière ces apparences tranquilles, entre les pavés la veille et la Super Planche des Belles Filles le lendemain, cette étape n’a donc rien d’une transition et pourrait réserver bien des surprises… Un changement de maillot jaune est-il possible ? Oui, c’est évident, mais cela reste relativement improbable. En revanche, certains leaders parmi ceux qui n’aiment pas frotter, pourraient laisser des plumes. L’étape permettra aussi d’en savoir un peu plus sur l’état de forme du tenant du titre, Tadej Pogacar, qui a impressionné hier. Mais surtout de son rival slovène Primoz Roglic, piégé hier lors de la 5e étape. Le coureur de la Jumbo-Visma a perdu du temps et a dû se remettre l'épaule seul sur la route après sa chute. Difficile de le voir répondre à Pogacar dès aujourd’hui. En revanche, si la grande bagarre se déclenche dans cette fin de la 6e étape, et qu’il n’est pas assez rétabli, il pourrait encore perdre du temps. Peut-être même déjà le Tour.

Une arrivée en petit comité est probable

Pour la victoire du jour, il apparait clair qu’elle n’échappera pas à un puncheur, explosif dans les bosses. Si la bagarre reste raisonnable dans le final, certains sprinteurs puncheurs, comme Wout Van Aert, Mathieu Van der Poel ou Peter Sagan sont susceptibles de tirer leur épingle du jeu. En revanche, si une énorme bagarre s’enclenche, l’éventail des vainqueurs potentiels va fatalement s’ouvrir. On peut envisager une arrivée en nombre restreint, avec un groupe de ténors pour s’expliquer dans la dernière montée. L’arrivée d’un homme seul apparaît à l’inverse moins probable. Un puncheur capable de régler un petit paquet en bosse paraît le plus en situation de l’emporter.

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