Avec une route aussi exigeante que piégeuse, cette quatorzième étape entre Saint-Etienne et Mende présente le contexte parfait pour un gros coup de Trafalgar. D’autant qu’une grosse chaleur sera de la partie. La vigilance sera donc de mise parmi les premiers, et certains, légèrement distancés, pourraient trouver une opportunité idéale pour un rapprochement…
Ces étapes dites de transition, entre les massifs alpestres et pyrénéens, s’avèrent souvent extrêmement piégeuses, et dans l’histoire elles ont parfois permis de faire de grosses différences. Il y a plusieurs raisons à cela, entre une déconcentration potentielle chez certains leaders, des parcours souvent propices aux embuscades, que ce soit du fait d’un terrain vallonné (Massif Central, Alpes du sud, Forez, etc…) ou soumis au vent et aux bordures, ou de la chaleur, souvent très rude dans ces régions.
Un terrain propice à des coups de Trafalgar
L’étape du jour entre Saint-Etienne et Mende, remake de celle de 1995, où Laurent Jalabert avait réussi une échappé fleuve un 14 juillet pour aller chercher un triomphe historique au somme de Mende, qui lui permit au passage de remonter à la troisième place du classement général, n’échappe pas à la règle. Le parcours n’arrête pas de monter et descendre tout au long des 192 kilomètres de l’étape. Au grand prix de la montagne, on ne trouve pas moins de 5 ascensions répertoriées (quatre montées de troisième catégorie, une côte de deuxième catégorie), mais il y en a en réalité beaucoup plus. Au moins neuf ascensions peuvent être ainsi relevées dans le parcours, certaines longues d’une quinzaine de kilomètres.
Un leader pourrait en profiter pour se remettre dans le jeu
Autant dire que des lourdes défaillances sont possibles, surtout qu’il fera très chaud, y compris parmi les grands leaders si le rythme de la course s’affole. Le contexte se prête particulièrement au rapproché au général d’un grand leader, un peu distancé et qui pourrait donc profiter d’une échappée fleuve pour se repositionner. En 1995, LaurentJalabert, qui était arrivé quasiment 6 minutes avant le groupe des leaders à Mende, en avait donc profité pour prendre la troisième place au général. Cette année, certains pourraient donc tenter un coup pour opérer ce type de rapprochement. Des coureurs comme BobbyJungels, LouisMeintjes, voire pourquoi pas AlexeyLutsenko, Alexander Vlasov et EnricMas (et peut-être même Roglic ?), sont susceptibles de s’immiscer dans un groupe de costauds à l’avant pour tenter un tel coup de Trafalgar sans trop éveiller les soupçons des JumboVisma, qui pourraient chercher à souffler un peu avant l’arrivée des Pyrénées.
Quid des Français ?
Pour la victoire à Mende, l’étape paraît promise à un homme en forme, un puncheur costaud ou un grimpeur endurant et solide. Des Français peuvent-il tirer leur épingle du jeu ? Cela reste possible. Des éléments comme Benoît Cosnefroy, AnthonyPérez, MickaëlCherel, MathieuBurgaudeau, TonyGallopin, voire PierreLatour ou Thibaut Pinot sont tous en mesure d’aller s’imposer au sommet à Mende. Leurs qualités de grimpeur et de puncheur pourraient en effet leur permettre de bien résister toute la journée sans trop s’entamer avant d’aller s’imposer dans la rude montée d’arrivée, la montée LaurentJalabert (en hommage à 1995), qui présente un profil exigeant, avec ses 3 kilomètres à 10.2% de moyenne. PierreRolland peut-il se joindre au candidat ? En théorie oui, même si son profil est plus celui d’un grimpeur de longs cols, mais le coureur de la BB Hôtel KTM sera-t-il remis de sa bronchite ? Interrogé après l’Alpe d’Huez, Rolland a expliqué : « A l’Alpe d’Huez, ce n'était pas une journée si difficile que ça. Il y avait vent de face dans le Lautaret, donc l'échappée est sortie assez rapidement, et ensuite ça a roulé au tempo. En plus, il n'a pas fait si chaud que ça. Ce sont mes bronches qui ont rendu ma journée difficile. J'ai essayé de faire deux-trois efforts au début, mais j'ai vu que c'était très compliqué. J'espère récupérer dans les deux ou trois jours qui arrivent. »