Guerrier des pelotons il y a une dizaine d’années, Jens Voigt était classé parmi les infatigables et les « roule-toujours ». Il apparaît donc particulièrement bien placé juger de la faisabilité de la tentative de Pogacar de réaliser le doublé Giro-Tour. Et son regard apparaît aujourd’hui particulièrement optimiste. Analyse.
Cette saison, l’ambition de Tadej Pogacar de tenter un incroyable doublé Giro-Tour, une chose réputée quasiment impossible dans le cyclisme moderne, est l’objet de beaucoup d’attentes comme d’interrogations : le champion slovène sera-t-il réellement en mesure de jouer la gagne dans les deux courses ou s’aligne-t-il au Giro parce qu’au fond de lui, il a admis qu’il ne serait pas réellement en mesure de battre Jonas Vingegaard en duel sur le Tour de France ?
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— le10sport (@le10sport) January 31, 2024
« J’ai déjà couru les deux en étant compétitifs, mais jouer le général, c’est autre chose »
Interrogé par globalcyclingetwork.com, Jens Voigt en croit le Slovène capable, même s’il mesure la difficulté de la tâche, que personne n’est parvenu à accomplir dans l’ère moderne. « Cela n’a jamais été fait parce que plus personne n’utilise de pétrole désormais, lance d’abord Voigt, en référence aux pratiques dopantes répandues dans les années 90 et 2000. C’est pour cette raison que remporter le doublé n’a plus jamais été accompli depuis Pantani. J’ai déjà couru les deux Tours en étant compétitif, mais en tant que chasseur d’étapes sur le Giro, et en chassant aussi les étapes sur le Tour tout en aidant un leader comme Carols Sastre. Mais jouer le classement général, c’est différent ».
« Pogacar ne vient pas au Giro pour faire septième ! »
Selon Voigt, l’évolution des formes d’entrainement et des suivis physiologiques des coureurs grâce à un travail de plus en plus pointu sur les datas rend de nouveau l’opération possible : « Aujourd’hui, l’entraînement est une bien meilleure façon d’arriver en forme que la course. Tu peux contrôler l’énergie que tu consommes, tu peux contrôler ton poids, tu peux contrôler le moindre effort que tu réalises à l’entraînement. Certes, le double Giro-Vuelta reste le plus abordable, comme Primoz Roglic l’aurait fait l’an dernier, mais il n’a pas été autorisé à gagner la Vuelta. Il y a suffisamment de temps entre le Giro et la Vuelta. Avec le Giro et le Tour, il existe un écart compliqué à gérer entre les deux courses. C’est trop long pour maintenir son top niveau pour les deux couses, car tu peux rester au top quatre semaines, mais c’est impossible de le rester 12 semaines jusqu’à la fin du Tour. A l’inverse, le temps entre les deux courses est trop court pour couper une semaine et repartir sur un cycle de forme. C’était problématique dans le passé récent, mais avec les entraîneurs et les données dont disposent les coureurs aujourd’hui, c’est gérable ». Pour Voigt, pas de doute, Geraint Thomas, et surtout Tadej Pogacar, sont en mesure d’être au top sur les deux courses : « A un certain âge, ton corps tend à plus devenir un turbo diesel qu’un moteur GTI. Tu perds cette capacité d’accélération et les piques, mais je pense que ce sera une bonne chose pour Geraint de faire à la fois le Giro et le Tour. Tadej est bien plus jeune mais il a une équipe incroyablement forte, et c’est un gagnant. Il ne va pas au Tour d’Italie pour finir 7ème. Ce n’est pas son genre. (…) Je pense vraiment que c’est une bonne chose pour eux et qu’ils peuvent performer sur les deux courses. Le doublé ? Si quelqu’un peut le faire, c’est Pogacar. Qui aurait pu croire qu’il aurait été en mesure de remporter le Tour des Flandres ? Donc je pense qu’il peut réaliser le doublé ».