Cyclisme : Evenepoel-Alaphilippe, le rendez-vous est pris...
Alexandre Higounet

En sortant d’une Vuelta qui malgré sa très belle réaction, a une nouvelle fois montré son manque de fiabilité en haute montagne sur une épreuve de trois semaines, Remco Evenepoel a indirectement réaffirmé sa volonté d’avoir une équipe dédiée pour le Tour de France 2024. Un message en rapport avec la présence éventuelle de Julian Alaphilippe ? En tout cas, les deux coureurs vont rapidement se retrouver, un rendez-vous qui pourrait ne pas rester sans conséquence pour l’avenir. Analyse

En prenant l’option de consacrer une grande part de son budget à la mise en place d’une équipe orientée sur le Tour de France, afin d’être au niveau requis pour aider Remco Evenepoel dans sa quête du maillot jaune, Patrick Lefévère, le patron de la Soudal-Quickstep, a par ricochet affaibli le pole « classique » de la formation belge, où au final, il misera sur un retour au top de Julian Alaphilippe, qui n’a pas souhaité partir à un an de la fin de son contrat. Une telle situation pose fatalement la question de l’articulation entre les deux leaders. Julian Alaphilippe, un élément profondément collectif, a prouvé dans le passé qu’il savait se mettre au service d’Evenepoel. Mais si le Français retrouve son meilleur niveau, qu’en sera-t-il, notamment lors du Tour de France, où Evenepoel souhaite une équipe dévouée ? Les ambitions et le caractère offensif d’Alaphilippe pourront-ils entrer dans le cadre ?

« Il faut être sûr que tout soit bien en ordre pour le Tour de France »

Au sortir de la Vuelta, Remco Evenepoel s’est en tout cas montré très clair sur ses intentions pour la suite dans un entretien à Het Nieuwsblad, rapporté par cyclingnews.com : « Je suis satisfait avec cette Vuelta. Seule l’étape 13 a été décevante. Nous ne pouvons être déçus au global, cependant. J’ai gagné trois étapes et presque une quatrième. C’est un joli bilan. (…) Je ne sais pas comment j’ai fait mentalement pour gagner l’étape au lendemain de ma défaillance. J’étais vraiment vidé, mais au moment où je suis monté sur le vélo, j’ai senti que j’avais de bonnes jambes. C’était peut-être une forme de revanche. Après, j’ai retrouvé le moral et répondu avec les pédales. Je suis heureux et fier. Je n’ai toujours pas d’explication à ma défaillance. Je dois désormais oublier cette 13ème étape. Ici, j’ai appris à courir plus défensivement, à gérer certaines situations ou déceptions. Cette Vuelta m’aidera à l’avenir. (…) Maintenant, un long hiver se profile. Je ne commencerai pas à courir en janvier. Alors nous avons le temps d’être sûr que tout soit bien en ordre pour le Tour de France. J’ai confiance dans l’équipe ».

Le Tour de Lombardie fait figure de test...

A quoi fait-il référence lorsqu’il prononce ces mots ? A la nécessité de répartir précisément les rôles dans l’équipe pour éviter tout malentendu ? Au fait qu’il soit bien clair pour tous que toute l’équipe devait être à son service au Tour, y compris Alaphilippe ? Alors qu’il sort d’une Vuelta où il a failli dans son ambition pour le général, Evenepoel a-t-il ressenti le besoin de réinstaller son leadership absolu ? Difficile à dire. Mais il ressort en filigrane de ces propos qu’Evenepoel veut une équipe dédiée à 100 % à sa victoire dans le Tour. Dans un tel contexte, il sera plus qu’intéressant de regarder de près quel sera le comportement des deux leaders de la Soudal-Quickstep au Tour de Lombardie, dont ils prendront tous deux le départ avec la volonté de jouer la gagne. Surtout si Julian Alaphilippe se retrouve à un moment devant avec une possibilité de gagner. Assurément, le Tour de Lombardie testera la solidité de leur collaboration et leur capacité à évoluer en bonne intelligence sur le Tour de France l’an prochain.

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