Tour de France : Alaphilippe va devoir prendre une décision radicale…
Alexandre Higounet

Rassurant sur sa capacité à évoluer de nouveau à haut niveau lors du dernier Giro, et y compris ensuite au championnat de France pour sa course de reprise, Julian Alaphilippe va devoir trancher sur son avenir dans les prochaines semaines. Avec, probablement, un peu plus de choix…

En début de saison, l’avenir de Julian Alaphilippe paraissait bien sombre, le coureur tricolore laissant même parfois entendre entre les lignes qu’il pourrait mettre un terme à sa carrière à la fin de l’année, au terme de son contrat avec la Soudal-Quickstep. Fatigué d’être systématiquement mis en cause par son boss Patrick Lefévère, qui depuis deux ans pointait du doigt son manque de résultats en comparaison de son salaire, et qui cette fois avait ajouté des remarques sur son sérieux en dehors des courses, le double champion du monde était également, et surtout, épuisé de lutter en vain pour retrouver son meilleur niveau, qu’il ne parvenait pas à approcher par manque de constance dans le travail du fait de chutes ou de maladies. Sa campagne des classiques était venue ajouter une nouvelle pierre à l’édifice, le champion français étant diminué par une blessure au genou suite à sa chute aux Strade Bianche.

« J’espère pouvoir m’asseoir à nouveau avec lui »

Mais Alaphilippe n’est pas du genre à renoncer comme ça. Une nouvelle fois, le Français a remis en route en vue du Giro, et cette fois tout a changé. Non seulement il a remporté une étape au bout d’un raid de légende que seuls les grands parviennent à accomplir, mais sa présence tout au long des trois semaines dans les rudes combats du Giro a prouvé qu’il était désormais véritablement proche de retrouver son meilleur niveau. Avant même le Tour d’Italie, conscient que son champion ne lâchait rien, Patrick Lefévère avait d’ailleurs ouvert la porte à une prolongation chez Soudal-Quickstep, ce qui paraissait impensable quelques semaines auparavant : « Peut-être que pour lui, le temps est venu pour un nouveau challenge, mais il faut toujours être deux à table. Je ne sais pas, mais pour ce qu’en m’a dit le PDG de l’équipe, son agent a dit qu’il voulait nous parler. Pour ce que j’en sais, parler ne coûte rien. Les temps changent. Peut-être qu’il a besoin de regarder ailleurs, mais je ne pense vraiment pas que c’est ce qu’il veut. Je pense vraiment qu’il veut rester, mais je ne veux pas en dire plus parce que dès que je dis quelque chose, c’est mal interprété. Julian fait partie de la famille ». Quelques semaines plus tard, le discours du patron de la Soudal-Quickstep exprimait la même envie de partager l’aventure, mais elle était clairement pondérée par la question financière : « Son agent Dries Smets a une fois de plus poussé pour une nouvelle conversation. Aucune idée si c’est par politesse ou par intérêt sincère à rester. Parce que le Giro a également changé la situation du marché de Julian. Surtout, j’espère pouvoir m’asseoir à nouveau avec lui. Face à face, sans intermédiaire et sans programme de négociation de ma part. Julian est avec nous depuis qu’il a dix-sept ans. Je ne vais pas l’appeler un fils, mais ce n’est pas très différent. Ce qui est fait est fait. J’ai dit ce que j’ai dit. Mais je veux m’assurer que rien de tout cela ne reste ».

Les tarifs trop hauts pour qu’il prolonge chez Soudal-Quickstep ?

Tenus quelques jours après le Giro, les mots du boss de la Soudal-Quickstep apportent une clé importante au sujet de l’avenir du double champion du monde. Sa victoire en Italie a en effet fatalement changé la donne financière, apportant la preuve qu’Alaphilippe pouvait de nouveau gagner au plus haut niveau. Logiquement, la côte du Français est remontée sur le marché, au point de rendre de nouveau improbable sa prolongation chez Soudal-Quickstep. C’est en tout cas ce que l’on peut décoder des propos de Lefévère. Autant ce dernier peut valider l’idée d’une prolongation d’Alaphilippe, autant il ne veut pas se retrouver de nouveau englué dans une surenchère salariale. Lefévère a probablement fixé son prix pour le contrat de son Français et s’il ne cadre pas avec ses souhaits ou ce qu’il a ailleurs, le boss de la formation belge a clairement fait comprendre qu’il ne bougerait pas, laissant la balle entre les mains d’Alaphilippe : est-il prêt à baisser son salaire au niveau fixé pour prolonger ? Ou pas ? Toute la question est là aujourd’hui.

Total Energies, Décathlon-AG2R La Mondiale, Tudor, etc…

Si Alaphilippe doit partir, c’est pour aller où ? En France, trois équipes ont visiblement pris position pour le récupérer. Total Energies, qui est sur les rangs depuis deux ans, est la première. Jean-René Bernaudeau vante au champion français les vertus d’une équipe centrée sur l’humain et le collectif, des éléments susceptibles de le convaincre. Deux autres équipes françaises semblent concrètement sur les rangs, la Cofidis et surtout Décathlon-AG2R La Mondiale, qui offre de loin le challenge sportif le plus relevé. Mais avec la victoire au Giro, il apparaît clair que d’autres formations étrangères ont pointé le bout du nez. L’équipe suisse Tudor, aux fortes ambitions les prochaines années, serait ainsi entrée en contact avec l’agent du Français. Une chose est sûre, Alaphilippe va désormais rapidement trancher, au plus tard après les JO.

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