Cyclisme : Que manque-t-il à Alaphilippe ?
Alexandre Higounet

Alors que le contenu de ses courses démontre qu’il a retrouvé une condition proche de son top niveau, Julian Alaphilippe ne parvient pas à le traduire en résultats, comme lors de la campagne des classiques ardennaises. Que manque-t-il encore au double champion du monde pour scorer ? Analyse.

Si l’on s’en tient au seul classement, on pourrait s’inquiéter grandement pour Julian Alaphilippe au sortir de la campagne des ardennaises, après une 20ème place sur l’Amstel Gold Race, une 22ème place à la Flèche Wallonne et une 58ème à Liège Bastogne Liège. Autant de résultats qui pourraient laisser l’impression d’un déclin définitif.

« Je me sens bien depuis quelques semaines, mais les résultats ne le reflètent pas »

Pourtant, lorsque l’on regarde la réalité des courses du champion du monde, le constat est à l’exact inverse! Sur l’Amstel, son attaque en cote à 50 kilomètres de l’arrivée, a fait une vraie différence, et seul Pogacar a été en mesure de le suivre. Seulement ensuite le Français s’est mis dans le rouge dans l’échappée avec le ténor slovène et ces efforts l’ont empêché d’aller chercher un top 10. A la Flèche Wallonne, Alaphilippe a été tétanisé par la pluie battante et le froid, des conditions climatiques qu’il déteste, et il a calé dans le mur de Huy. Sur Liège, il était dans le coup pour le podium, dans un groupe de quatre en chasse derrière Pogacar dans le final, avant que des crampes intervenues à 10 kilomètres de l’arrivée ne ruinent ses espoirs. Après Liège, dans des propos relayés par cyclismactu.net, le Français préférait positiver, même si sa frustration était logiquement palpable : « Je n'ai aucun regret. Je me suis senti bien toute la journée, mais après La Redoute, j'étais à la limite. J'ai essayé de tenir avec Ciccone, Pidcock et Healy, et de pousser sur la Côte de la Roche-aux-Faucons, mais c'était vraiment difficile et les crampes sont arrivées. Je n'ai pas pu en faire plus – c'est pourquoi je n'ai aucun regret. C’est encourageant d’être à ce niveau et de me sentir fort. L’équipe a fait un travail incroyable. Nous sommes restés concentrés, avons roulé à l’avant, et au final, les résultats dépendent des jambes. Bien sûr, c’est décevant de ne pas repartir avec un gros résultat, surtout que la première partie de ma saison est presque terminée. Mais je dois rester patient. J'ai toujours tout donné et couru avec cœur. Parfois, ce sont juste les jambes. Aller chercher un résultat, j'en ai vraiment envie. Je me sens bien depuis quelques semaines, même si les résultats ne le reflètent pas ».

Une dernier palier à franchir

Que manque-t-il alors à Julian Alaphilippe pour concrétiser son retour au haut niveau ? Probablement le dernier étage de la fusée, à savoir une capacité à reproduire des efforts à intensité maximale durant la course. Sur Liège par exemple, le Français était au rendez-vous du très haut niveau, mais il n’a pas tenu la distance, sans doute parce qu’il n’a plus l’habitude de se retrouver dans ces situations. Mais c’est justement avec ce type de course que le Français remettra son métabolisme en capacité de maintenir une intensité maximale pendant longtemps. On a déjà pu mesurer ses progrès entre l’Amstel et Liège. Tout cela s’avère donc au final encourageant pour la suite.

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