Cyclisme : « Pogacar ? Certains coureurs évitent les courses où il est présent »
Alexandre Higounet

C'est peu de dire que Tadej Pogacar, et avec lui plus globalement l'équipe UAE Team Emirates a écrasé la saison 2025. Est-ce problématique au regard de l'intérêt des courses, pour les spectateurs comme pour les adversaires, qui ne cachent pas une forme de renoncement lorsque Pogacar est au départ ? Thomas Voeckler, le sélectionneur de l'équipe de France, a évoqué le sujet.

Tadej Pogacar, qui a remporté la grande partie des courses auxquelles il a participé, a encore une nouvelle fois écrasé la saison 2025. Dans la foulée du double champion du monde, l'ensemble de l'équipe UAE a dominé le peloton, remportant quasiment cent victoires dans la saison, à l'image d'Isaac Del Toro, l'un des jeunes lieutenants du Slovène, qui a gagné presque toutes les semi-classiques italiennes de fin de saison dont il a pris le départ. Aujourd'hui, la force de l'équipe UAE est telle que l'ensemble du peloton paraît gagner par une forme de fatalisme dès que Pogacar prend le départ d'une course.

« Aux championnats d’Europe, l’intérêt de la course était… pour la troisième place »

A l'occasion d'un entretien accordé à cyclismactu.net, Thomas Voeckler, le sélectionneur de l'équipe de France, est revenu sur cette domination de Pogacar et de son équipe : « Pogacar est admirable. Ce qu’il fait est incroyable, avec une simplicité et un plaisir de courir qui forcent le respect. Mais oui : c’est ennuyant. Aux championnats d’Europe, l’intérêt de la course était… pour la troisième place. Le public regardait qui sera sur le podium. On ne peut pas dire que ce soit idéal pour le suspense. La domination d’UAE pose aussi question pour les adversaires. Quand une équipe recrute les meilleurs jeunes talents, a les moyens de tout optimiser et évolue peut-être dans un cadre financier différent de celui d’équipes sponsorisées par des entreprises traditionnelles, on finit par déréguler le marché. Pour exister aujourd’hui dans le top 10 mondial, il faut un budget qui a doublé par rapport à il y a cinq ans. Ce n’est pas soutenable pour tout le monde ».

« Qu'est-ce que j'attends de la saison 2026 ? Un peu plus de suspense »

Pour autant, pour l'intérêt de la compétition, Thomas Voeckler reconnaît qu'il serait préférable que la domination de Pogacar s'atténue un peu à l'avenir : « Qu'est-ce que j'attends de la saison 2026 ? Un peu plus de suspense. J’adore Pogacar, mais quand il prend le départ, le suspense est souvent limité. Cela pousse certains coureurs à éviter les courses où il est présent, sauf le Tour où tout le monde doit aller. Côté français, je suis optimiste. On a beaucoup de jeunes capables de monter d’un cran : Romain Grégoire, Kevin Vauquelin, Paul Magnier… Si certains franchissent ce palier pour devenir des outsiders réguliers, voire plus, on vivra une belle saison. Une saison 2026 plus ouverte, plus indécise : ce serait parfait ».

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