Ancienne numéro un mondiale et vainqueur de 7 titres du Grand Chelem au cours de sa carrière, Justine Henin a marqué l'histoire du tennis. La Belge, qui a mis un terme définitif à sa carrière en 2011, reste très engagée dans son sport. Présente au Rolex Paris Masters il y a deux semaines, Justine Henin a échangé avec Haier, la marque numéro un du gros électroménager, nouveau partenaire officiel de Roland-Garros, du Masters 1000 parisien et de l'ATP. L'ancienne championne a salué cette nouvelle association et est revenue sur ses activités en lien avec le tennis.
Quel est votre rôle cette semaine au Rolex Paris Masters ? Cette semaine, j’endosse un nouveau rôle, celui de commenter le tournoi pour Eurosport. C’est un nouveau challenge pour moi. La pression est toujours élevée, car on doit essayer de partager notre expérience avec les gens et les fans de tennis. Bien sûr, j’essaie d’apporter mon expérience. J’essaie d’apporter ma vision sur ce qu’un joueur ressent sur le court, tout en gardant un certain recul car mon vécu en tant que joueuse a été différent du sien. Cette proximité est bonne, mais je pense qu’il faut également prendre un peu de recul pour faire en sorte de rester neutre et de ne pas être trop dans le jugement. J’adore le tennis, c’est la principale raison de ma présence ici, c’est parce que j’adore le tennis et les gens, et je veux partager ma passion pour le tennis avec eux. Aujourd’hui, que représente le tennis pour vous ? Comment définissez-vous vos succès passés?Le tennis représentera toujours quelque chose de spécial. Le tennis a été toute ma vie pendant une grande partie de celle-ci. Ce n’est plus le cas car aujourd’hui, j’ai une famille et une vie en dehors du tennis, mais il fait toujours partie de ma vie d’une manière ou d’une autre. Il a été toute ma vie dès l’âge de cinq ans. En réalité, c’est devenu une mission pour moi. Je pense qu’on cherche tous notre chemin dans la vie, et pour moi, il est très tôt devenu limpide que je voulais devenir championne de tennis. Mes frères et mon père jouaient au tennis, et je voulais faire comme eux et comme Steffi Graf. Au début, j’étais douée, puis la passion et le rêve sont vite arrivés, alors je ne me suis pas posé beaucoup de questions. Et cela n’a jamais cessé de me plaire depuis, mais de façon différente. Le tennis, on peut le voir comme le fait de taper dans une petite balle, mais je le vois d’une façon très différente. Il m’a également offert la possibilité de gérer mes émotions, de trouver ma place au sein de ma famille, et de trouver ma place dans la vie. C’est un sport formidable pour grandir, comprendre beaucoup de choses, mieux se connaître et accepter que les frustrations font partie du parcours, car on perd aussi beaucoup de matches. Je vois donc vraiment le tennis comme un outil pour grandir. Personnellement, je l’ai toujours considéré ainsi. Je ne suis plus joueuse de tennis, mais le tennis continue de m’aider à grandir. J’aime aussi découvrir bien d’autres choses. Bien sûr, le tennis est un sport, mais il est bien plus que cela pour moi dans ma vie.
« On travaille pour l’avenir, pour demain, pas pour aujourd’hui ou pour le moment présent »
Quel est le défi le plus important pour former les jeunes au tennis ? Quel conseil donneriez-vous à la prochaine génération?Il y a tellement de défis en matière d’éducation. Le sport est bien sûr une chance dans ce domaine. On a fait beaucoup attention à cela, car le résultat final pour un joueur de tennis est soit la victoire soit la défaite. Les défis sont immenses pour les jeunes générations dans le monde. Si je ne devais faire passer qu’un seul message, je dirais qu’on ne peut pas toujours aller vite. Les enfants ont besoin de temps pour grandir et grandir à travers le sport, et pour obtenir des résultats, qui ne sont pas qu’une histoire de gagner ou perdre. Cela demande du temps et de l’expérience. Dans la vie, on a des hauts et des bas, et aujourd’hui, je pense que pour atteindre des objectifs, il est essentiel de tracer son chemin, de tracer sa vision. C’est le message qu’on essaie de transmettre à l’académie, car pour nous, l’académie est une chance. Avec beaucoup d’humilité, car nous ne sommes pas des parents. Nous sommes finalement une famille, en quelque sorte, et nous prenons donc soin des enfants que nous avons. On travaille pour l’avenir, pour demain, pas pour aujourd’hui ou pour le moment présent. On garde vraiment cela à l’esprit en permanence avec les enfants. Imaginiez-vous que vous auriez autant de succès dans votre carrière?Lorsque j’étais encore une petite fille, j’étais assez timide, mais les rares fois où on me demandait ce que je voulais faire plus tard, j’étais assez timide, mais je répondais : « je veux devenir championne de tennis. » On me regardait, l’air de dire : « Oh… ». Quel est l’objectif de la Fondation Justine Henin ? J’ai créé la fondation il y a un an et demi, même si j’étais vraiment impliquée dans différents types de projets depuis longtemps avec une association qui s’appelait Justine for Kids. Puis on s’est dit que pour ma fondation, le sport devait avoir sa place. Son but, sa mission, est d’encourager et d’aider les enfants malades en Belgique, ou porteurs de handicap, à pratiquer une activité physique, notamment lorsqu’ils sont à l’hôpital. On a donc des animateurs sportifs qui viennent à l’hôpital. On a aussi fait construire un terrain de sport à cet hôpital de Liège cette année. Et on veut mettre en place ce projet Gym & Joy dans d’autres hôpitaux, afin de donner une chance aux enfants qui restent à l’hôpital ou qui rentrent chez eux et qui n’ont pas la possibilité, l’énergie ou la confiance de s’inscrire dans un club, de faire des activités créées par nous et vraiment faites pour eux. C’est un projet que nous souhaitons développer ces prochaines années. C’est important pour moi pour plusieurs raisons. J’ai perdu ma maman quand j’avais 12 ans. Lorsqu’elle est tombée malade, toute la famille a été touchée. J’ai toujours été très sensible à ce que les enfants, les parents, les frères et les sœurs peuvent ressentir dans la vie. Lorsque je suis devenue numéro 1 mondiale, je me suis dit que je devais faire quelque chose. Cela a été un privilège dans ma vie, d’avoir pu faire ce que j’ai fait, et je voulais donner en retour. On s’est dit qu’il fallait rassembler ces gens et essayer d’apporter une contribution à notre manière. Je suis convaincue qu’on peut faire une petite différence pour, je l’espère, autant d’enfants que possible.