Finale Top 14 : O’Gara/Mola, l’heure du règlement de compte a sonné !
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

La prochaine finale du Top 14, qui oppose ce samedi à 21h le Stade Toulousain à La Rochelle, sera l’une des plus belles affiches de l’histoire du rugby français. Et parmi les nombreux duels de ce choc entre les deux meilleures équipes du championnat, on retrouve l’affrontement savoureux entre deux managers de haut rang : Ronan O’Gara et Ugo Mola. Portrait.

Surtout, ne mettez pas ces deux-là plusieurs heures dans la même pièce... Ils ne s’aiment pas. Sûr qu’au fond d’eux, ils respectent les résultats de chacun, mais ils ne le diront pas ouvertement. Ou sinon par stratégie, en conférence de presse, pour flatter volontairement l’ego de l’adversaire. Comme une tentative inespérée que cela ne l’affaiblisse. Sans ça, Ugo Mola et Ronan O’Gara ne s’envoient pas d’éloges, ne s’apprécient pas et ont des styles totalement opposés. Ce qui donne encore plus de piment à leur confrontation ce samedi soir en finale du Top 14. Chacun ayant des résultats récents avec leurs méthodes, ils ont donc tous les deux raisons. La finale servant d’ultime épreuve pour savoir enfin qui a le plus raison des deux.

Mola prône l’initiative

Rivaux en tant qu’Homme, opposés en tant que manager, le patron du Stade Toulousain et celui de La Rochelle ne cultivent pas les mêmes valeurs en termes de stratégies et de jeu. A Toulouse, Ugo Mola, fidèle héritier de Guy Novès et de l’ADN de son club, base son jeu sur le mouvement et l’adaptation. Chaque joueur est maître de ses décisions sur le terrain. Il y a même une forme d’autonomie. Mola est aussi un manager qui prône l’échange avec ses adjoints, mais aussi avec ses joueurs. C’est un système participatif, qui cultive l’idée que les joueurs sont polyvalents, et doivent s’adapter à toutes les situations. Un jeu basé sur la prise d’initiative, et qui, selon Ugo Mola, doit être un bon mélange entre « audace et maîtrise ».

O’Gara bâtisseur de défense

Pour Ronan O’Gara, dont le caractère irlandais déborde parfois, le combat et la domination sont la clef du succès. Son management est direct, et il a réussi à construire une équipe qui correspond en tous points aux qualités qu’il souhaite dans un collectif. La Rochelle possède un gros paquet d’avants, une défense de fer et un jeu direct terriblement efficace. A la mode irlandaise, près des lignes, les Rochelais sont inarrêtables.  Les Maritimes ont cette faculté à forcer le passage, casser les lignes, taper fort dans les défenses, accélérer et finalement trouver des failles. Un sentiment de puissance et d’abnégation qui tord les adversaires à l’usure. Tout en s’appuyant aussi sur des talents individuels capables de varier le jeu et de faire des différences techniques.

Des enjeux pour les deux

La Rochelle, c’est un judicieux assemblage de forces et de talents qui fait de cette équipe la meilleure d’Europe actuellement. En témoigne, le doublé 2022-2023 en Champions Cup. Reste à conjurer un dernier sort : battre Toulouse, la bête noire. Le Stade Toulousain est sorti vainqueur de sept des huit dernières confrontations contre le Stade Rochelais, dont deux finales en 2021. Une motivation supplémentaire pour Ronan O’Gara qui peut enfin battre le Toulouse d’Ugo Mola dans un match de phase finale. Pour Toulouse, c’est un titre à reconquérir. Après une saison 2022 vierge de trophée, le Bouclier est attendu avec impatience place du Capitole. Avec, en prime, le prestige de s’imposer contre le Stade Rochelais de Ronan O’Gara, tombeur du Leinster, et double champion d’Europe en titre.

Le programme

Samedi 17 juin, 21h (Stade de France)
Stade Toulousain - La Rochelle

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