«On était prêts à jouer au ping-pong, pas au rugby», cet entraîneur du Top 14 cartonne ses joueurs !
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Alors qu’ils n’avaient plus le droit à l’erreur pour espérer encore une qualification pour les phases finales, les Montpellierains ont perdu à domicile contre le Castres Olympique lors de la 22e journée de Top 14. Le champion en titre s’éloigne du top 6. Le manager Philippe Saint-André ne cache pas sa colère.

L’ambiance est tendue dans les couloirs du GGL Stadium. Le MHR vient de perdre à domicile pour la quatrième fois de la saison. Pire, c’est le Castres Olympique, qui n’avait pas gagné un seul match à l’extérieur depuis le début de l’exercice, qui est venu corriger l’équipe héraultaise (19-28) en inscrivant quatre magnifiques essais. A quatre journées de la fin de la saison régulière, le MHR enregistre huit points de retard sur le Racing, sixième au classement. Et le niveau de jeu de l’équipe ne laisse pas présager un avenir radieux. Une situation indigne pour le champion en titre, mais pas si exceptionnelle. Dans le Top 14, la saison d’après a toujours été délicate pour les détenteurs du Bouclier. Ce fut déjà le cas pour Clermont ou Castres auparavant.

La colère froide de Philippe Saint-André

Dès la fin du match, Philippe Saint-André n’a pas mâché ses mots envers ses joueurs et leur attitude durant la rencontre. Il leur a fait part de son émotion dans le vestiaire avant de venir exprimer sa colère devant les médias. « Il y a de la honte ce soir, explique le manager du MHR. De la honte par rapport à notre public, à notre président, à nos partenaires et aux gens qui nous suivent. Au rugby, si tu n'as pas envie de mettre de la dimension physique, tu ne peux pas jouer. Je suis très énervé, j'ai honte du contenu. Sur les derniers matchs, ceux qui veulent vraiment jouer seront sur le terrain, les autres resteront chez eux. On a perdu 90 % du combat individuel. Dans l'envie, la détermination, la volonté d'imposer du combat de l'intensité : on a été absents ».

« On était prêts à jouer au ping-pong, pas au rugby »

Comment expliquer une telle désillusion ? Le MHR était déjà au pied du mur avec quatre points de retard sur le Top 6 et devait faire « un sans-faute sur les cinq derniers matchs » selon les mots de Philippe Saint-André lui-même avant la rencontre. Avec un calendrier jugé abordable, Montpellier semblait l’outsider parfait pour venir doubler ses concurrents dans la dernière ligne droite. Pourtant les coéquipiers d’Anthony Bouthier ont semblé dépassé dès l’entame de la rencontre face aux Castrais. « On sortait de trois matchs de qualités, et aujourd'hui nous avons été pris dans les rucks, les collisions. Je ne sais pas combien de plaquages on a manqué, condamne Philippe Saint-André. Même si on a prévenu les mecs dans la semaine, on les a sûrement très mal préparés. Si tu penses que juste en enfilant le maillot, parce que tu as été champion de France et que tu as fait un bon match à Exeter, cela suffit. Ce soir, nous n'avons pas mal aux épaules. On était prêts à jouer au ping-pong et pas au rugby ». Le manager fulmine et attend de ses joueurs une réaction d’orgueil. « Il va falloir que les mecs aient envie de se faire mal les uns pour les autres. Aujourd'hui j'ai peu vu de compétiteurs et de mecs qui avaient envie de se faire mal pour ce maillot et cette équipe ».

Les cadres en réunion ce lundi

« On attend un retour lundi des leaders », annonce Philippe Saint-André qui a demandé à son vestiaire de prendre ses responsabilités. Le point fort des deux dernières années c'est qu'on ne lâchait jamais rien, poursuit le manager. On ne faisait pas tout bien mais on montrait une auto-détermination incroyable. Cette année on peut avoir 18/20 sur des matchs et parfois 4/20. Le haut niveau ce n'est pas ça ». Avec huit points de retard sur le Top 6, le champion en titre n’est pas encore mathématiquement éliminé. Mais il faudra plus qu’un miracle pour que le MHR se qualifie. « Il nous reste quatre matchs mais déjà il faut les gagner, s’énerve Philippe Saint-André. Et ce n'est pas avec l'état d'esprit que nous avons montré cet après-midi qu'on pourra se qualifier ». Le week-end prochain, Montpellier se déplace à Jean-Dauger pour défier Bayonne. Les Basques sont invaincus dans leur stade depuis le début de la saison. L’avenir du MHR passe donc par une performance exceptionnelle à l’extérieur dès samedi prochain. En cas de défaite, la qualification sera réellement compromise.

Le calendrier du MHR :
22 avril : Bayonne - MHR
6 mai : MHR - Brive
13 mai : MHR - La Rochelle
28 mai : Pau - MHR

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