Avant de défier le XV de France, l'Australie fait bondir le monde du rugby
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

L’annonce a fait l’effet d’une bombe en Nouvelle-Zélande. Steve Hansen, ancien sélectionneur double champion du monde avec les All-Blacks (2011, 2015) est arrivé en France cette semaine au chevet de l’équipe d’Australie de son ami Eddie Jones. Accident diplomatique en vue.

C’est une information qui a de quoi bousculer la géopolitique du rugby mondial. Personne, jusqu’alors, n’avait pu imaginer un sélectionneur néo-zélandais venir au secours d’une équipe australienne. La rivalité entre les deux nations est telle que le principe même s’apparente plus à un poisson d’avril. Et pourtant, Steve Hansen, vénéré par tout un peuple pour avoir permis à deux reprises à une équipe All Black de soulever le trophée Webb Ellis, joue actuellement le consultant-sauveur pour la nation australienne. Le Néo-zélandais a répondu à l’appel d’Eddie Jones pour réaliser un audit de cette sélection Wallabies qui sombre actuellement.

Les Wallabies ne savent plus gagner

Depuis un an, les Wallabies n’ont remporté que deux rencontres en neuf matchs. En comptant une défaite contre l’Italie à l'automne dernier et aucune victoire en 2023. De quoi inquiéter à quelques jours du début de la Coupe du monde durant laquelle les Australiens devront réussir à se défaire des Gallois, des Fidjiens et des Georgiens pour se qualifier en quart de finale. Jamais l’Australie, pourtant déjà deux fois championne du monde (1991, 1999), n’avait été aussi faible avant un Mondial. Et la perspective de la rencontre face aux Bleus, favori de cette Coupe du monde, ce dimanche au Stade de France, les effraie un peu. C’est pourquoi Eddie Jones a fait appel à son ami Steve Hansen en qualité de consultant pour la semaine. "Steve est un ami qui passe prendre une bière", explique le sélectionneur australien pour désamorcer la polémique. Mais pour le pays au long nuage blanc, cette collaboration s’apparente à une trahison.

Dane Coles : « Ça fait un peu mal »

Steve Hansen est une personnalité très célèbre en Nouvelle-Zélande. C’est un technicien respecté et admiré. Ce qui décuple la stupeur auprès de ses compatriotes. "Mais Steve, qu’est-ce que tu es en train de faire là ?", s’exclame abasourdi Dane Coles le talonneur des All Black au micro de la télé néo-zélandaise. Le joueur des Hurricanes a d’abord pensé à un canulard avant de comprendre et de confier sa déception : "Pour être honnête, ça fait un peu mal. Steve est une icône pour les Néo-zélandais. Je suis sans voix. Faire ça après tout ce qu’il a apporté au maillot All Black". La polémique devient presque une affaire d’Etat lorsque le Premier Ministre néo-zélandais se déclare "consterné" par ce soutien à l’ennemi australien. "Nous devrions annuler sa citoyenneté", déclare Chris Hipkins avant d’ajouter rapidement qu’il s’agissait d’une "blague". Mais les Kiwis tolèrent mal cette félonie. A quel point que Steve Hansen s’est senti contraint de se justifier : "Je voudrais rassurer tout le monde. Je n’ai pas rejoint les Wallabies pour la Coupe du monde de rugby, explique Steve Hansen sur une radio néo-zélandaise. Je ne suis là que pour trois ou quatre jours à la demande d’Eddie, un de mes bons amis. Juste pour lui donner un retour sur ce qu’il fait. Le rugby est plus grand que nous tous donc je suis heureux de le faire". Pour conclure, Steve Hansen a précisé qu’il n’était pas rémunéré. "Donc je ne travaille pour personne…"

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