RDC : Enfin des infrastructures sportives aux normes internationales ?
La rédaction

Engluée dans des retards de chantiers, la République démocratique du Congo (RDC) espère malgré tout tenir les délais de livraison pour accueillir les Jeux de la Francophonie, à l’été 2023. Certains pays, à l’image de la Côte d’Ivoire ou du Bénin, semblent à même d’inspirer la RDC pour surmonter ce problème bien connu en Afrique.

La RDC n’a malheureusement pas tenu son pari initial. Le couperet est tombé, le 9 février dernier : la 9ème édition des Jeux de la Francophonie, qui devait se tenir dans le pays en août prochain, est finalement reportée à 2023. En cause ? « L’état d’avancement des préparatifs » notamment, avait alors indiqué l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Selon une source de RFI, les retards de livraison concernent tant les infrastructures d’hébergement des athlètes que celles censées accueillir les épreuves sportives. Si les autorités congolaises restent jusqu’ici positives, considérant le report comme une occasion de reculer pour mieux sauter, il constitue malgré tout un nouvel exemple d’une triste réalité touchant le continent africain dans son ensemble. 

Un problème persistant à l’échelle du continent africain

Le président de la Fédération internationale de football (FIFA), Gianni Infantino, avait démontré sa volonté de faire bouger les lignes radicalement, en fin d’année 2019. Il s’exprimait d’ailleurs depuis Lubumbashi en RDC, à l’occasion des célébrations du 80ème anniversaire du TP Mazembe, l’incontournable club de football local. Le patron du football mondial dévoilait son ambition : construire au moins un stade aux normes internationales dans chacun des 54 pays d’Afrique. Coût de l’investissement : « 1 milliard de dollars », répondait le président de la Confédération africaine de football (CAF), à l’occasion d’un séminaire de la FIFA consacré au développement des compétitions et infrastructures de football en Afrique, à Salé (Maroc), en février 2020. La suite ? Une pandémie mondiale, qui a mis une grande partie du projet entre parenthèses.

Aujourd’hui encore, la majorité des pays africains sont dépourvus d’infrastructures de football – et d’autres sports – répondant aux normes internationales. Dans certains d’entre eux, à l’image de l’Algérie ou de la Tunisie, où le ballon rond est pourtant le sport national, seules une à deux infrastructures sont alignées sur les standards de la FIFA. Jusqu’au début de 2021, la RDC ne comptait qu’un seul stade homologué, celui du TP Mazembe. En octobre de la même année, l’immense Stade des Martyrs (80.000 places) a finalement été déclaré conforme à ses normes par la FIFA, à l’issue d’importants travaux conduits conjointement par deux entreprises chinoise et sud-africaine. Entre-temps, la FIFA et la CAF ont dû reporter une série de rencontres éliminatoires de la Coupe du monde 2022 – heureusement jouées depuis – en raison de la non-homologation de 34 infrastructures (sur 56) à travers le continent…

En RDC, l’exemple encourageant du stade Diur de Kolwezi, rénové par le Groupe Forrest

En vue des Jeux de la Francophonie et pour satisfaire aux exigences du président Tshisekedi, qui a fait du sport l’une des priorités de son mandat, les pouvoirs publics congolais devront rapidement mettre les bouchées doubles. À cette heure, de nombreuses infrastructures accusent du retard dans leur construction ou leur réfection.

Parmi les chantiers ayant déjà abouti, citons celui du stade omnisport Dominique Diur de Kolwezi, rénové dans le strict respect des normes FIFA (qui l’a certifié) par le Groupe Forrest International, dirigé par l’entrepreneur belgo-congolais George Forrest. Inaugurée en septembre 2020, l’infrastructure dispose de 8.000 places. L’éclairage du stade a été réalisé par Congo Energy, filiale du Groupe Forrest. Une capacité d’accueil limitée comparée à celle du Stade des Martyrs de Kinshasa. De l’avis d’un habitué des stades du continent, l’ancien sélectionneur de football de RDC, Claude Le Roy, c’est pourtant vers ce genre de petites structures que les Africains devraient se tourner. Dans des propos rapportés par Le Monde en mai 2021, ce dernier mettait en garde les dirigeants africains contre « la tentation du gigantisme », leur conseillant d’opter pour « des stades de 10 à 20.000 places, bien entretenus, confortables et qui donneront aux gens l’envie d’y venir ».

Ambitions et volonté politique en Côte d’Ivoire et au Bénin

Plusieurs pays du continent pourraient inspirer la RDC par leur volontarisme et leur réussite en matière de développement d’infrastructures sportives. Parmi eux, certains disposent de moyens importants, à l’image du Rwanda ou de la Côte d’Ivoire. La première puissance économique d’Afrique de l’Ouest a débloqué près de 338 millions d’euros pour disposer de stades aux normes d’ici à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football sur son sol, l’an prochain. SOGEA SATOM, filiale du groupe français Vinci, y construit un stade de 20.000 places, à Yamoussoukro.

Le cas du Bénin, moins riche, est plus inspirant pour beaucoup de nations du continent. Alors qu’il souffrait encore d’un cruel déficit d’infrastructures sportives il y a peu, ce petit pays d’Afrique de l’Ouest a décidé de lancer les grandes manœuvres. Rénovation du stade national Mathieu Kérékou à Cotonou, construction de 22 stades omnisports aux normes internationales, création d’un centre d’excellence du football du Nord-Bénin… autant de projets pour satisfaire une ambition affichée clairement par le président Patrice Talon : faire du sport un facteur d’épanouissement de la jeunesse et un pôle de développement économique local.

Bien sûr, la réalisation de tels objectifs n’est pas aussi simple. Elle nécessite du temps – et de l’argent – pour être menée à bien et rencontre bien souvent des embûches, en Afrique comme ailleurs. Il n’en demeure pas moins que le Bénin, à l’instar de la Côte d’Ivoire ou du Rwanda, ont vraisemblablement pris conscience du levier de développement que pouvaient représenter des infrastructures sportives modernes, tant en termes économiques – retombées de consommation lors d’événements, opportunités d’emplois… – que sociaux, dans un continent toujours plus jeune.

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