Mercato - PSG : Emery, c’est fini... et maintenant ?
Arthur Montagne -
Journaliste
Affamé de sport, il a grandi au son des moteurs de Formule 1 et des exploits de Ronaldinho. Aujourd’hui, diplomé d'un Master de journalisme de sport, il ne rate plus un Grand Prix de F1 ni un match du PSG, ses deux passions et spécialités

La page Unai Emery va se tourner à l’issue de la saison, mais c’est bien le livre de l’histoire du PSG qui est à un tournant. Un livre dont l’auteur, Nasser Al-Khelaïfi, va devoir rapidement se poser les bonnes questions afin de donner un nouvel allant à l’intrigue parisienne.

C’était acté depuis le début de saison. Si le PSG n’atteignait pas au moins le dernier carré de la Ligue des Champions, le contrat d’Unai Emery ne serait pas prolongé. Une élimination dès les huitièmes de finale scelle donc de manière quasi-certaine l’avenir du technicien basque, qui n’aura pas été épargné durant ses deux saisons au sein de club de la capitale. S’il n’est évidemment pas exempt de tout reproche, il a des circonstances atténuantes et n’a surtout pas mérité le lynchage médiatique dont il a été victime depuis ses premiers jours sur le banc parisien. Mais aujourd’hui, c’est fini, ou presque. Unai Emery ne sera plus là la saison prochaine. Comme toujours, l’entraîneur est en première ligne après cette nouvelle désillusion. Si seulement le problème était si simple...

Des choix contestés, mais il n’est pas le seul responsable

Unai Emery restera donc comme l’homme qui n’a pas franchi les huitièmes de finale de la Ligue des Champions avec le PSG. Il faut quand même souligner qu’hériter du FC Barcelone puis du Real Madrid à ce stade de la compétition démontre que tout le monde n’a pas la même réussite que Didier Deschamps au tirage au sort. Et c’est forcément à prendre en compte au moment de faire le bilan. Que ce soit Carlo Ancelotti ou Laurent Blanc, aucun des deux n’avait affronté un cador avant les quarts de finale. Au-delà de ça, contre les Merengue, Unai Emery est loin d’être l’unique responsable de l’élimination. Je lui ferais deux principaux reproches : avoir laissé Lo Celso aussi longtemps sur le terrain à l’aller, et ne pas avoir tenté un coup à la mi-temps au retour. Perdu pour perdu, autant tout tenter en lançant un joueur offensif supplémentaire. En revanche, l’entrée de Meunier à Santiago Bernabeu avait été bénéfique au PSG dans un premier temps. Les 10/15 minutes qui ont suivi ce changement, les Parisiens avaient repris le dessus sur le Real Madrid et réussi à bloquer Marcelo. Il s’en d’ailleurs fallu de peu pour que Kimpembe ne trouve la faille. Par la suite, Zidane a fait pencher la partie en sa faveur par ses changements. C’est donc le Français qui a gagné, plutôt qu’Emery qui a perdu. Mais le plus agaçant réside dans la critique qui consiste à dire que le Basque est incapable de motiver ses joueurs dans les grands rendez-vous. Des mecs de l’expérience d’Alves, de Motta, de Di Maria, de Thiago Silva ou de Cavani ont besoin d’être motivé et qu’on leur dise que d’affronter le Real Madrid en Ligue des Champions est important ? Si c’est le cas, c’est très grave.

Trop isolé au PSG

Le problème est donc bien plus profond que le simple comportement de l’entraîneur. Mais si beaucoup le pense, c’est peut-être parce que c’est le seul à être mis en avant. Depuis son arrivée, Unai Emery est en effet le seul à communiquer. Il est envoyé en conférence de presse et est invité à répondre à toutes les polémiques. Rien n’oblige le PSG à communiquer, certes, mais laisser Emery seul face aux médias était de loin la plus mauvaise solution. Le Basque est trop isolé et la façon dont a été gérée la blessure de Neymar en terme de communication démontre que le problème vient d’en haut. Nasser Al-Khelaïfi devrait se remettre en question rapidement. Je ne suis pas loin de penser que tant qu’il sera là ou tant qu’il ne changera pas, l’institution ne grandira pas et le PSG n’atteindra pas ses objectifs. Surprotéger ses joueurs, quitte à aller à l’encontre de son entraîneur, a des conséquences catastrophiques. Les problèmes du PSG sont les mêmes depuis plusieurs années et ça n’a pas changé d’Ancelotti à Emery en passant par Blanc. En fait, le seul homme en place à chacun de ces échecs n’est autre que Nasser Al-Khelaïfi. Donc avant d’absolument vouloir faire sauter Emery et déjà faire les comptes pour savoir combien de centaines de millions d’euros seront investies l’été prochain pour remodeler l’effectif, le président du PSG ferait mieux de se poser des questions sur ses qualités de gestionnaire.

Et maintenant que faire ?

Nasser Al-Khelaïfi sera toutefois toujours président du PSG. Sa proximité avec le prince du Qatar, le cheikh Al-Thani, lui offre une immunité pour le moment. Que faire alors ? La première chose sera de trouver un entraîneur capable de relancer le projet. Antonio Conte ou Mauricio Pochettino semblent être les favoris. L’un par son palmarès, l’autre par ses résultats récents et son passé d’ancien du PSG, peuvent avoir le profil. Mais qui que ce soit, d’autres choses devront changer. Il faut quelqu’un pour représenter l’institution, à la manière d’un Leonardo au début du projet. Antero Henrique n’ayant pas le profil pour assumer ce statut, le dirigeant portugais faisant preuve d’une grande discrétion depuis le début de sa carrière, Maxwell pourrait être cet homme. Ancien joueur du PSG, celui qui est désormais coordinateur sportif du club parisien possède le statut par son passé. Le Brésilien étant très respecté dans le milieu, lui offrir une place plus importante permettrait de renforcer l’institution. Mais il ne faut pas se leurrer, cela prendra du temps, et le renfort d’anciens joueurs du club pourrait d’ailleurs aider dans cette lourde tâche. Offrir un poste à Thiago Motta, qui prendra sûrement sa retraite sportive à l’issue de la saison, pourrait également être sensé. Bref, Nasser Al-Khelaïfi devra se poser les bonnes questions (pour une fois) et ne pas se précipiter uniquement sur le chéquier du Qatar pour résoudre tous les problèmes. Un sacré programme...

@Arthur_Montagne

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