Terminé la démesure et les choix coûteux, l'Olympique Lyonnais et Jean-Michel Aulas reviennent à leur politique d'origine. Celle qui a fait leur réussite : la formation et les dépenses intelligentes.Depuis trois saisons, Lyon n’a rien gagné. Mais le club de Jean-Michel Aulas a surtout perdu en crédibilité. Modèle de réussite du début des années 2000 avec sept titres consécutifs de champion de France, l’Olympique Lyonnais a fini par « sombrer ». « Le terme est peut-être un peu fort, raisonne Luc Dayan, ancien patron de Lille, Nantes et Strasbourg. Disons que Lyon va moins bien… Mais ce n’est pas propre au club, c’est tout un système qui est à la peine. Lyon a profité d’un marché des transferts très porteur et a vendu des joueurs très chers, en Angleterre notamment. Aujourd’hui, cet âge d’or est fini ». Les Gones ont donc changé de cap et reviennent à une politique globale plus austère. « On a tellement souffert que l'indulgence doit venir d'elle-même, confesse Jean-Michel Aulas. Il y a une sagesse de notre part ». Avec le départ de Claude Puel, Lyon a donc décidé de tourner une page. Et d’écriture les prochains chapitres en reproduisant les récits du passé.
Piégé par le LoscAu menu de la réussite lyonnaise, au-delà des 18 millions d’euros (120 millions de francs) investis sur Sonny Anderson en 1999, la politique de formation des jeunes et leur éclosion au plus haut-niveau. Karim Benzema et Hatem Ben Arfa en sont les meilleurs exemples. Ensemble, ils ont fait gagner Lyon pour ensuite lui permettre de renflouer ses caisses (35 et 12 millions d’euros). Surfant sur cette réussite sportive, l’OL a choisi de devenir une entreprise sportive, privilégiant toujours plus les profits et délaissant, non pas la formation, mais sa valorisation. L’exemple de l’exercice écoulé est très parlant : Claude Puel avait à sa disposition six champions d’Europe U19 (Faure, Grenier, Kolodziejczak, Tafer, Lacazette, Reale). Il n’en a utilisé que quatre, à doses micro-homéopathiques (25 utilisations au total). En instaurant Rémi Garde, directeur du centre de formation lyonnais, à la place de Claude Puel, les Gones marquent leur volonté de redonner une place à la formation. « Lyon choisit de revenir aux fondamentaux parce que c’est avec cette méthode que Lille est devenu champion de France, lance Luc Dayan. En mettant l’accent sur la jeunesse, vous disposez d’un groupe plus sain, moins cher en salaire et c’est ce dont à besoin Lyon… »
« Aulas se fatigue »Ce changement de cap ne peut néanmoins masquer les erreurs des dirigeants lyonnais. « C’est vrai que le choix de l’introduction du capital en bourse m’a beaucoup surpris, avoue Emmanuel Cueff, président du Stade Rennais entre 2002 et 2006. Lyon avait besoin de liquidités pour la construction de son stade mais on se rend compte que la dynamique créée n’a pas vraiment eu l’effet escompté ». Assurément, les fonds soulevés ayant été utilisés pour payer des transferts comme celui de Yoann Gourcuff (22 millions). Pour Luc Dayan, ce n’est toutefois pas l’unique raison des difficultés du club. « Aulas est toujours cohérent dans sa stratégie. Mais en voulant installer un formateur comme Claude Puel dans le rôle d’un manager à l’anglaise, je crois qu’il a fait fausse route ». Sans résultat sportif, difficile, en effet, de récolter des recettes financières.
Des choix et des conséquences qui pourraient encore peser sur l’avenir de l’Olympique Lyonnais, mais surtout de son président. « Depuis l’entrée en bourse, le processus de décision est pollué, explique Emmanuel Cueff. Jean-Michel Aulas n’est plus l’unique décisionnaire, il doit constamment en référer aux actionnaires. Ce manque de liberté et ces contraintes supplémentaires peuvent expliquer sa perte de lucidité et accélèrent son usure psychologique. Il ne faut pas négliger cela. Il est à la tête du club depuis plus de vingt ans. Il pourrait partir, après tout ce qu’il a fait ».
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