La Seleçao se renouvelle avec des joueurs inconnus du public français. Découverte de ces talents avec l'aide de Walquir Mota, ancien joueur de Lille et spécialiste du foot brésilien sur Canal +.
Elias, Atlético Madrid, 25 ans Ancien attaquant reconverti milieu offensif depuis trois ans, Elias est un excellent technicien, très porté vers l’avant et vers le but qu’il a trouvé à dix reprises la saison dernière. Ce petit modèle (1,73m, 70 kg) préfère évoluer dans l’axe, derrière les attaquants. C’est le rôle qui lui est désormais dévolu à l’Atlético Madrid où il a signé fin décembre contre 7 millions d’euros. En larmes après son dernier match avec les Corinthians, Elias s’est vite mis dans l’ambiance de l’Atlético en posant lors de sa présentation avec une écharpe « antimadridista » à destination des supporters du Real Madrid.
L’avis de Walquir Mota : « Il était pour moi l’un des trois meilleurs joueurs brésiliens évoluant au pays sur les deux dernières saisons. C’est un milieu moderne, capable d’évoluer à la récupération, d’être relayeur ou de jouer derrière un 9. Il est créateur et peut passer rapidement de la zone défensive au but adverse. Il a le niveau international, même l’année dernière il aurait pu figurer dans le groupe pour le Mondial. Il fait partie de cette génération qui va s’imposer en sélection, d’autant qu’il a l’appui du sélectionneur qui l’a entraîné aux Corinthians. »
Renato Augusto, Bayer Leverkusen, 23 ans
Annoncé comme un grand espoir, Renato Augusto, milieu de terrain polyvalent, a connu un apprentissage délicat en Europe. Auteur d’une saison pleine lorsqu’il a débarqué à 20 ans au Bayer Leverkusen (33 matchs), l’ancien de Flamengo a ensuite été freiné par une blessure au genou. Redevenu titulaire, il a enchaîné cette saison 14 matchs de Bundesliga pour 4 buts. Joueur précieux pour le liant qu’il apporte entre les lignes, Renato Augusto pourrait utiliser le Bayer comme un tremplin vers les grands clubs européens comme Lucio avant lui.
L’avis de Walquir Mota : « A Flamengo, il était en quelque sorte le Gourcuff brésilien. C’est un meneur de jeu élégant, fort techniquement, appliqué tactiquement. Il est parti très tôt mais n’est pas inconnu au pays. Il ne fait pas partie de ces joueurs qui vont vite rentrer au Brésil. Il veut s’installer sur le long terme en Europe. Mais ce sera plus difficile pour lui de s’imposer en sélection car il a moins de passé qu’un joueur comme Hernanes. »
André, Bordeaux, 20 ans Désormais comme beaucoup de ses jeunes compatriotes, André avait suivi la nouvelle filière brésilienne vers les pays de l’Est et plus précisément, l’Ukraine et le Dynamo Kiev. Buteur régulier avec Santos (28 buts la saison dernière) et grand complice de Neymar et Robinho, il ne s’est pas adapté cette saison aux frimas de l’hiver ukrainien. Sa première expérience en Europe ressemble déjà à un échec avec 9 apparitions et pas le moindre but. Ces stats ne font pas baisser les attentes autour de lui à Bordeaux où il vient d’être prêté jusqu’à la fin de la saison.
L’avis de Walquir Mota : « C’est un attaquant très rapide, puissant, avec parfois des courses obliques très marquées. Il peut être très percutant sur quelques mètres. Il a bénéficié de la grande saison l’an passé de Santos où il a beaucoup marqué aux côtés de Neymar, Robinho et Ganso. Mais il devrait revenir assez vite au Brésil. C’est encore un gamin, il n’a pas le mental pour s’imposer. L’Ukraine, c’est trop costaud pour lui, il est isolé et doit se faire violence. Il a encore du crédit suite à la saison dernière mais si sa situation n’évolue pas, Menezes ne le rappellera pas. »
Jadson, Shakhtar Donetsk, 27 ans Marseille s’est-il trompé de Brésilien lors de sa visite au Shakhtar Donetsk ? Ce serait un peu vachard de l’affirmer pour le bagarreur Brandao mais Jadson est d’une autre envergure. Oublié dans l’austère championnat ukrainien, le milieu offensif profite de la scène européenne pour briller. Longtemps sous-estimé en raison de sa petite taille (1,68 m), et donc de son faible impact physique, Jadson, avec son sens de la passe et à l’occasion du but (12 réalisations la saison dernière), a mené, avec ses 4 buts, le Shakhtar en 8es de finale de la Ligue des champions après avoir dominé Arsenal en phase de groupes.
L’avis de Walquir Mota : « Cette sélection ressemble à un coup d’un match, à un aboutissement. Menezes veut le récompenser de s’être imposé dans un pays qui n’est pas évident pour un Brésilien, d’avoir été un pionnier en Ukraine. Je ne le vois pas s’imposer en sélection en raison de son profil de carrière et de son âge. Il y a plus fort que lui au même poste comme Hernanes, Ganso ou encore Robinho. »
Sandro, Tottenham, 21 ans Déjà appelé sous l’ère Dunga, Sandro bénéficie de la même confiance de la part de Menezes malgré une découverte poussive de la Premier League. Le milieu récupérateur n’est apparu qu’à sept reprises sous le maillot de Tottenham pour des impressions mitigées. Mais son gabarit (1,87 m) et ses qualités dans les duels laissent espérer un avenir plus brillant en Angleterre.
L’avis de Walquir Mota : « C’est un grand gabarit. Sa puissance lui permet de mettre de l’impact physique. Mais il est aussi à l’aise techniquement. Il a un bon pied, un jeu long intéressant et un bon jeu aérien. Il a les arguments pour s’imposer en Angleterre. Il a aussi de l’avenir en Seleçao. »
Mano Menezes, sélectionneur, 48 ans En choisissant un ancien joueur de foot de D3 brésilienne et ex professeur de fitness pour prendre les rênes de la grande Seleçao, le Brésil a fait dans l’exotisme. Remplaçant de Dunga après le fiasco du Mondial, Menezes n’est peut-être que le deuxième choix de sa fédération mais il possède un solide passé de coach. A 48 ans, il a déjà officié à la tête du Gremio et des Corinthians, en menant notamment les seconds jusqu’au titre de champions de Sao Paulo. Grand pédagogue, très méticuleux, il est un fervent défenseur du jeu à la brésilienne et a l’avantage d’être très populaire, dans les medias et… sur Twitter. Avec 1,4 M de followers, il est ainsi la personnalité la plus suivie au Brésil ! Normal pour celui dont le prénom signifie « frère ».
L’avis de Walquir Mota : « C’est un entraîneur complet dans tous les domaines. Au Brésil, sa nomination n’a pas été une surprise. Il a entraîné plusieurs grands clubs, ce n’est pas un coup comme avec Dunga. Il connaît la culture brésilienne et est respecté par les médias et le public. Mais aucun cadeau ne lui sera fait. Il va passer un test déterminant avec la Copa America (1-24 juillet). Cette compétition doit le crédibiliser.
Aux Corinthians, il optait pour une équipe joueuse qui aimait avoir le ballon, utiliser les espaces ou les changements de rythme. Il prône un jeu plus vif que celui de Dunga et cela correspond à la nouvelle génération.
Il a aussi une plus grande notion du groupe et compte moins sur les individualités pour faire la différence comme pouvait le faire Dunga avec Kaka par exemple. Il n’a pas hésité aussi à recadrer Neymar qui avait tendance à faire n’importe quoi en sélection au Brésil. »
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