Michaël Pereira détonne par son parcours atypique, qui l’a fait passer de l’UJA (CFA) au Real Majorque. Devenu titulaire indiscutable en Liga, le milieu de terrain, buteur contre le Barça ce week-end, rêve de porter le maillot de l’équipe de France.
Vous comptez déjà onze titularisations cette année. Comment vous vous sentez dans cette équipe de Majorque ?
Je joue dans cette équipe depuis maintenant plus de deux ans. J’ai l’habitude d’évoluer avec mes coéquipiers, j’ai été formé avec une partie d’entre eux. Ce n’était pas forcément évident au début parce que le championnat est très compétitif. Je n’ai jamais joué en Ligue 1 donc c’est difficile de comparer. La manière de travailler est différente, mais le football est universel. Le jeu est peut-être moins physique, et il y a moins de déchets.
Vous avez affronté le Barça ce week-end, et vous marquez…
Ce sont vraiment des matchs pas évidents. On a beau tout travailler, sur leur jeu, sur les cas personnels, on ne peut rien faire quand ils nous mettent un coup franc dans la lucarne après vingt minutes de jeu. Mais c’était un match vivant, on est revenu rapidement au score. Ça reste une belle performance, malgré la défaite (2-4), parce qu’on a joué contre ce qui se fait de mieux. Je peux être content personnellement pour mon but, mais ça reste décevant collectivement.
Avec le petit pont infligé à Iniesta il y a deux ans, on peut dire que le Barça vous réussit plutôt bien…
Oui, et l’année dernière aussi, on avait fait un bon match, même si on avait perdu. Ce petit pont, j’en ai beaucoup entendu parler, et ça revient encore, parce que ça n’arrive pas tous les jours. Iniesta n’a pas joué hier mais peut-être que la prochaine fois ça sera à mon tour. Il m’a peut-être gardé dans un coin de sa tête (rires).
« Blanc est venu me superviser trois fois avant l’Euro »
Ça fait quoi de jouer contre les meilleurs joueurs du monde, comme Messi et Iniesta, alors que vous évoluiez à l’UJA il y a quelques années ?
Il y a deux ans, j’aurais répondu que j’étais impressionné. Aujourd’hui, après deux saisons pleines en Liga, je commence à avoir l’habitude. Même si ce championnat est l’un des meilleurs championnats du monde. Que ce soit le Barça, Madrid, l’Atletico, chaque week-end est difficile. Donc aujourd’hui, je ne suis plus trop impressionné, mais plutôt satisfait. On sait que c’est Messi, Iniesta. C’est une chance de pouvoir les affronter, et de prouver contre les meilleurs. C’est la meilleure façon d’être repéré par des entraîneurs, des sélectionneurs.
Justement, la sélection. Laurent Blanc se serait intéressé à vous, à l’époque où il était sélectionneur, vous confirmez ?
Il y a beaucoup de rumeurs. Mais ce qui est sûr, c’est qu’à l’époque, il est venu me superviser trois fois, avant l’Euro. Aujourd’hui, c’est un nouveau sélectionneur, une nouvelle compétition à préparer, tout est différent. Et puis, n’importe quel titulaire dans un club des grands championnats européens peut être supervisé un jour. Mais je sais qu’aujourd’hui, il y a de la place pour les joueurs qui ont des valeurs.
Vous parlez de valeurs. Qu’est ce que vous pensez de la sanction infligée à Yann M’Vila ?
C’est un sujet délicat. Ce sont des joueurs qui sortent de centre de formation. On a laissé passer trop de choses, on a laissé faire. Le nouveau sélectionneur appuie sur ça, sur les valeurs morales. Moi, on ne m’a jamais rien donné. Mon problème, c’est que je ne suis pas dans un club médiatique.
« On a laissé passer trop de choses, on a laissé faire »
Vous avez eu des opportunités de rejoindre un club plus huppé l’été dernier ?
Oui, mais le club ne voulait pas me laisser partir. Liverpool et Fulham ont fait des propositions mais mon club a fixé un prix qui n’était pas accessible. Mais ces équipes me suivent encore et reviendront à la charge. Pour revenir à l’équipe de France, c’est paradoxal. Avant, il fallait mieux jouer dans un championnat étranger pour être convoqué. Aujourd’hui, on a le sentiment que c’est l’inverse, que c’est mieux de jouer en France. Mais je vais essayer de forcer le destin.
Et pourquoi ne pas imaginer un retour en Ligue 1 ? Dans votre club de cœur, le PSG ?
Pas forcément, des clubs, il y en a pleins. C’est vrai que Paris, c’est là où je suis né, là où j’ai appris le football. Ce club, je le suis et je le suivrais toujours. Mais il y a une différence entre être fan et avoir la possibilité de jouer là-bas. Dans le futur, le PSG va devenir un très grand club européen. Pour neuf joueurs sur dix, c’est un rêve d’aller à Paris.