EDF : Koscielny-Varane, la charnière de demain ?
La rédaction

La faiblesse de la charnière centrale Rami-Mexès fut l’un des points noirs de l’équipe de France à l’Euro. Rebâtir une défense centrale solide et complémentaire fait partie des chantiers prioritaires du nouveau sélectionneur Didier Deschamps. En sélectionnant Laurent Koscielny et Raphaël Varane, le patron des Bleus tourne une page et construit pour l'avenir.

Intronisés titulaires indiscutables du poste pendant deux ans par Laurent Blanc, Adil Rami et Philippe Mexès ont semble-t-il laissè passer leur chance en équipe de France au sortir d’un Euro où leurs prestations n’ont convaincu personne. D’autant que derrière la concurrence pousse. Notamment celle de Laurent Koscielny, irréprochable lors du match amical contre la Serbie et du quart de finale contre l’Espagne. « Koscielny a montré à tout le monde qu’il avait le niveau international et qu’il fallait compter sur lui pour la succession de Laurent Blanc en défenseIl a envie d’être le meilleur à son poste, prévient Gilles Grimandi, recruteur pour Arsenal. Beaucoup de gens étaient surpris quand on l’a pris au départ mais aujourd’hui il fait l’unanimité. J’ai même reçu récemment un message de Lilian Thuram qui m’a dit qu’il le trouvait très, très fort. »

« Koscielny est déjà indispensable en équipe de France » Une impression de champion du monde confirmée par tous ceux qui ont cotoyé le Gunner par le passé. « Il est complet. C’est très difficile de lui trouver une faille, confirme Arnaud Le Lan, son ancien coéquipier à Guingamp (2005-2007) et Lorient (2009-2010). C’est rare qu’il passe à côté d’un match. Avec lui vous êtes sûr qu’il fera au minimum des bons matchs. Il est très régulier et capable de faire des matchs de très haut niveau. » « Il va devenir indispensable à l’équipe de France et pour moi, il l’est déjà, insiste Max Marty, directeur sportif de Tours qui l’avait recruté en 2007. C’est d’ailleurs une surprise qu’il n’y soit pas déjà installé. Mais il va être l’un des piliers de la défense des Bleus à l’avenir. C’est le défenseur moderne par excellence. »

« Un miraculé du foot » Mais pour faire de Koscielny le patron de la défense centrale de l’équipe de France, il faudra lui faire confiance sur la durée. « Il a besoin d’évoluer en confiance pour faire ressortir le meilleur de lui-même, souligne Arnaud Le Lan. Si on veut l’installer en équipe de France, il faut que le sélectionneur lui fasse comprendre, sentir, qu’il compte sur lui. Que ce sera lui le patron, qu’il va être indiscutable, sans lui mettre la pression mais en le responsabilisant sur la durée. » Car pour ce qui est du comportement, source de nombreux remous au sein de la sélection française pendant l’Euro, le défenseur d’Arsenal fait figure d’élève modèle. « « Il se remet en question constamment parce qu’il a une trajectoire très, très rare. Il sait d’où il vient. C’est presqu’un miraculé du football. Il ne va pas s’enflammer du tout », soutient le latéral lorientais. « Il a un parcours atypique qui aujourd’hui est un atout. Il sait combien c’est difficile d’en arriver là. Il a beaucoup d’humilité », appuie Gilles Grimandi avant que Max Marty n’enfonce un peu plus le clou. « « Il y a ceux qui font du foot parce que c’est une promotion sociale qui génère de gros bénéfices et ceux qui aiment profondément ça. Laurent fait partie de la deuxième catégorie. En venant à Tours, il a accepté de diviser son salaire par deux. » 

« Varane ? Il ne lui manque rien » Laurent Koscielny incarne donc l’avenir au même titre que Raphaël Varane. Sans véritable point faible, hormis une inexpérience qu’ils sont en train de gommer dans deux des plus grands clubs européens, ils présentent le même profil. Très rapides, excellents dans les duels et les un contre un, dotés d’un bon placement, d’un excellent jeu de tête, d’une remarquable relance et technique, d’une grande intelligence de jeu et d’une mentalité irréprochable. « Varane a un profil rare, confirme Erick Mombaerts, le sélectionneur des Espoirs. A son poste, c’est l’un des plus doués que j’ai eu sous mes ordres.Avec les Espoirs, on a encaissé aucun but lors des éliminatoires à l’Euro 2013 ça prouve la solidité de la charnière centrale dont il fait partie. » « Il est en avance de 10 ans sur son temps, soutient Eric Chelle, son ancien coéquipier à Lens. C’est le joueur de 2030, le défenseur du futur. » D’autant que le défenseur du Real Madrid est programmé pour tutoyer rapidement les sommets. « Il effectue un gros travail athlétique pour pouvoir répéter les efforts et être encore plus performant dans les duels.Il ne lui manque rien, seulement plus de temps de jeu, assure Mombaerts avant de tempérer. Le Real Madrid et les Espoirs sont en train de le construire pour le très haut niveau mais il ne faut pas non plus précipiter le processus. » Sauf que l’équipe de France ne peut plus se permettre d’attendre du talent à ce poste si important. Et en vue de la Coupe du monde 2014, Didier Deschamps, fraîchement intronisé nouveau sélectionneur des Bleus, pourrait être inspiré en confiant les clés de la défense centrale à Koscielny et Varane.

Une énorme faculté d’adaptation Surtout à la lueur de leur capacité d’adaptation à leur partenaire en défense centrale, ce qui prend le plus de temps pour une charnière. Chose dont ne dispose pas vraiment Deschamps. « Laurent s’adapte facilement aux autres joueurs car il a été formé à plusieurs postes : axe droit, axe gauche, latéral. Cette formation lui permet d’être à l’aise partout », souligne Gilles Grimandi. « Ce qui est stupéfiant chez Raphaël, c’est qu’il n’a pas besoin de 36 matchs pour être complémentaire avec son binôme en défense centrale », certifie Eric Chelle. Leur timidité et leur manque de charisme sonnent néanmoins comme un point faible à leur association. « Laurent ne parle pas inutilement, n’aboie pas sur les autres. C’est quelqu’un de relativement introverti. Ca peut être un défaut au très haut niveau, note Le Lan. Il n’a pas encore l’étoffe d’un leader, celui qui parle à sa défense, rassure tout un groupe… » « Ce n’est pas un leader par la voix mais il rassure les autres, les sécurise par son jeu. C’est une autre manière de l’être », nuance Grimandi.

« Une charnière merveilleuse » Avec l’expérience et les responsabilités, cette carence pourrait rapidement s’effacer, d’autant que ce n’est pas forcément le plus important. « Mexès et Rami manquent de vélocité et à ce poste là, les deux éléments fondamentaux pour être performant sont la vitesse et la qualité de relance, analyse Max Marty. Ce sont les points forts de Koscielny et Varane. Cette charnière pourrait être très performante. » Gilles Grimandi est sur la même longueur d’ondes. « Pour l’avoir souvent observé, Varane est un garçon très talentueux et comme Koscielny, assez complet. Ils pourraient être très complémentaires. Ils ont la panoplie du défenseur moderne. Ca pourrait être une charnière merveilleuse. »