Griezmann, Maradona, Zidane… Les plus gros scandales d’arbitrage en Coupe du monde
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Alors qu'il pensait avoir égalisé contre la Tunisie (0-1) lors de la dernière journée de phase de poules du Mondial 2022, Antoine Griezmann a finalement vu son but être refusé pour un hors-jeu. Si la position de l'international français est effectivement discutable, le VAR n'avait pas à intervenir après la fin de la rencontre, de quoi susciter la polémique. Ce n’est pas la première fois que l’arbitrage fait parler en Coupe du monde, avec parfois de lourdes conséquences.

La dernière journée du groupe D, celui de la France, s’est achevée sur une polémique dans ce Mondial au Qatar. Alors que les Bleus pensaient avoir arraché le point du match nul contre la Tunisie grâce à Antoine Griezmann (90e+8), l’arbitre de la rencontre, Matthew Conger, a finalement refusé le but après l'intervention du VAR, estimant que l’international tricolore avait fait action de jeu au moment du dégagement de la tête de Montassar Talbi. Selon l’interprétation de l’arbitre, Antoine Griezmann peut effectivement être signalé hors-jeu, mais le point de discorde est ailleurs, puisque la vidéo est intervenue après la remise en jeu des Tunisiens et la fin de la partie. Si l’on se fie aux règles de l’IFAB, l'organisation internationale garante des lois du football, l’arbitre de France-Tunisie ne pouvait pas avoir recours au VAR et donc refuser le but d’Antoine Griezmann. Une polémique sans conséquence puisque les hommes de Didier Deschamps terminent quoi qu’il en soit premiers du groupe D, tandis que la Tunisie est éliminée, mais ce n’est pas la première fois que l’arbitrage fait parler en Coupe du monde, avec parfois de lourdes répercussions.

La « Main de Dieu » de Maradona

Difficile de ne pas parler d’erreur d’arbitrage sans mentionner la «Main de Dieu», celle de Diego Maradona. Lors du Mondial 1986, l’Argentin livre une prestation mémorable en quart de finale contre l’Angleterre (2-1), inscrivant un doublé d’anthologie. Avant un slalom magique au sein de l’équipe anglaise, aboutissant à ce qui est considéré comme l’un des plus beaux buts de l’histoire, le capitaine de l’Albiceleste âgé à ce moment de 26 ans ouvre le score en récupérant dans la surface adverse un ballon rendu à l’arrière par Steve Hodge. À la lutte avec le gardien Peter Shilton (1,85m), Maradona (1,65m) remporte son duel et parvient à envoyer la balle dans la cage avec son bras levé. L’arbitre valide le but. « Ce but, je l'ai marqué un peu avec la tête et un peu avec la main de Dieu », déclare dans la foulée le numéro 10 argentin. Un traumatisme pour les Anglais.

L’attentat de Séville en 82

La France connaît elle aussi un cauchemar quatre ans plus tôt à Séville. Aux portes de la finale du Mondial 82, les Bleus rencontrent la RFA et disputent sans le savoir l’un des matches les plus célèbres de l’histoire du football tricolore. À la 56e minute, Patrick Battiston se présente seul face à Harald Schumacher après avoir été lancé par Michel Platini, mais le gardien allemand sort à toute allure et percute violemment le protégé de Michel Hidalgo au niveau de la tête. Inanimé, Battiston est évacué sur civière après le choc qui lui coûtera trois dents et un problème au niveau d’une vertèbre cervicale, tandis que Schumacher n’est pas sanctionné. L’équipe de France perdra la rencontre aux tirs au but (3-3, 4-5 t.a.b), après avoir pourtant mené 3 buts à 1.

Quand un cheikh koweïtien fait annuler un but de la France

Lors de cette même édition de la Coupe du monde, la France est déjà victime de l’arbitrage dès la phase de groupes. Opposés au Koweït (3-1), les hommes d’Hidalgo dominent sans problème la rencontre et pensent inscrire un quatrième but par l’intermédiaire d’Alain Giresse, contesté par les Koweïtiens qui ont entendu un coup de sifflet en provenance des tribunes du stade José-Zorrilla ayant perturbé la défense sur l’action. Cela n’empêche pas l’homme au sifflet de le valider dans un premier temps, mais le cheikh Fahad al-Ahmed al-Jaber al-Sabah, frère de l'émir du Koweït, descend des tribunes pour demander aux joueurs de son pays de quitter la pelouse. Sous pression, Myroslav Stupar revient alors sur sa décision, suscitant l’énorme colère de Michel Hidalgo.

Le but (imaginaire ?) de Geoff Hurst en 66

En 1966, la RFA se retrouve déjà au cœur d’une polémique dont elle est cette fois-ci la victime. À Wembley, Geoff Hurst devient le seul joueur à inscrire un triplé en finale de la Coupe du monde, mais sa deuxième réalisation apparaît encore aujourd'hui comme l’une des plus grandes énigmes de l’histoire du foot. Durant la prolongation, alors que les deux équipes sont à égalité (2-2), Geoff Hurst permet à l’Angleterre de prendre l’avantage au bout de dix minutes. La frappe de l’attaquant de West Ham finit sur la barre transversale de l’Allemagne et rebondit au sol, devant ou derrière la ligne ? Le mystère reste entier, mais le but est bien accordé aux Three Lions qui s'imposent 4 à 2.

En 2010, l'Angleterre et Lampard sont cette fois-ci sanctionnés, à tort

Lors de l'édition 2010 en Afrique du Sud, l'Angleterre revit une situation similaire mais se retrouve cette fois dans la peau du malheureux. Symbole du destin, les Three Lions croisent à nouveau le chemin de l'Allemagne en huitième de finale. À la 38e minute, Frank Lampard pense inscrire le but de l'égalisation sur une frappe à l'entrée de la surface trouvant la barre transversale de Manuel Neuer avant de toucher le sol, bis repetita. À l'inverse de 1966, les ralentis montrent que le ballon franchit nettement la ligne, mais l'Uruguayen Jorge Larrionda refuse le but. L'Angleterre sera éliminée, (4-1) et cette action relancera les débats sur la vidéo dans le football.

Byron Moreno crée le scandale en Corée du Sud

En 2002, l’arbitre équatorien Byron Moreno suscite la polémique après ses décisions au cours du huitième de finale remporté par la Corée du Sud, pays organisateur, contre l’Italie (2-1). Cela commence par un penalty très généreux accordé aux Coréens, puis un carton rouge injustifié contre Francesco Totti pour une simulation dans la surface. Enfin, le scandale sera total après le but en or refusé à la Squadra Azzura à cause d'un hors-jeu inexistant de Damiano Tommasi.

Après l’Italie, l’Espagne également au cœur d'une injustice en 2002

Au tour suivant, la Corée du Sud bénéficie encore une fois de plusieurs décisions très litigieuses contre l’Espagne (0-0, 5-3 t.a.b). Gamal Al-Ghandour est cette fois-ci en cause puisque l’arbitre égyptien va annuler deux buts pourtant valables à la Roja. Un pour un hors-jeu infondé, l’autre pour une sortie en six mètres imaginaire. Au cours de la prolongation, un nouvel hors-jeu est signalé lorsque Fernando Morientes file au but, une erreur supplémentaire qui coûtera la qualification aux Espagnols. 

Le coup de tête de Zidane, première intervention vidéo dans le football ?

C’est également au bout des tirs au but que se décidera la finale 2006 entre la France et l’Italie (0-0, 4-3 t.a.b), une séance à laquelle ne participe pas Zinedine Zidane, exclu durant la prolongation pour un coup de tête au thorax de Marco Materazzi. Une décision qui ne souffre d’aucune contestation possible, mais comme pour Antoine Griezmann en 2022, c’est l’utilisation de la vidéo qui est ici remise en question, d’autant qu’en 2006, le VAR n’existe tout simplement pas. Si l’expulsion de Zinedine Zidane ne fait pas de doute, une polémique éclate dans la foulée. En effet, c’est le 4e arbitre, après avoir observé les images sur un écran diront certains, qui a informé ce soir-là l'homme en noir n'ayant pas vu le coup de tête de Zinedine Zidane à Marco Materazzi, ce qui serait contraire au règlement. 

« On vient d'instaurer l'arbitrage vidéo parce que c'est le quatrième arbitre qui est venu le dire. L'arbitre de touche n'a rien vu. C'est une nouvelle règle qui est mise en place, vive la vidéo dans le football », peste Raymond Domenech après la finale perdue par les Français. Mais dans le camp arbitral, on continue d'affirmer que la vidéo n'a eu aucune conséquence sur l'expulsion de Zinedine Zidane. « Il (le quatrième arbitre) me dit rapidement que Zidane avait mis un coup de tête à Materazzi. Je lui demande comment il a vu cela, s'il s'agissait d'une agression ou d'un tête à tête. Il me dit que c'est un terrible coup de tête. Carton rouge, expliquera quelques années plus tard sur RMC l'arbitre central Horacio Elizondo, convaincu que son assistant n'a pas visionné les images sur un écran pour lui transmettre l'information. Après le match, je suis retourné lui demander, parce que des gens disaient qu'il aurait pu le voir sur un écran. Mais il a continué à me dire qu'il l'avait vu sur le terrain. Et nous avons vu des images montrant que le quatrième arbitre était tout le long de l'action à son poste, au milieu du terrain. À aucun moment il n'était ailleurs. » Une version confirmée par la FIFA, bien que la controverse court toujours.

Josip Simunic, l'homme aux trois cartons jaunes

Quelques jours précédant la finale en Allemagne, c'est un autre fait plus anodin qui fait réagir en 2006. Au cours d'un match de poule entre la Croatie et l'Australie (2-2), Josip Simunic écope d'un premier carton jaune à la 61e minute, puis d'un deuxième à la 90e. Logiquement, le défenseur croate doit être expulsé, mais c'est sans compter sur la confusion de l'arbitre qui, perdu dans ses notes, ne sort pas le rouge. Ainsi, Simunic reçoit un troisième et dernier avertissement dans le temps additionnel et finira enfin par quitter la pelouse.

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