Cyclisme - Tour de France : Pogacar en fait-il trop ?
Alexandre Higounet

Alors que le peloton du Tour de France a abordé la haute montagne aujourd’hui mercredi, avec la cinquième étape entre Paul et Laruns, certaines opinions divergentes existent au sujet de l’attitude très offensive de Tadej Pogacar depuis le départ. Le leader du Team UAE en fait-il trop ? Analyse.

Depuis le coup d’envoi du Tour de France, on a vu Tadej Pocagar très offensif, jamais avare d’efforts, et disposé à mettre une grosse pression sur l’équipe Jumbo-Visma en attaquant dès que le terrain s’est élevé. Lors des deux premières étapes, sur les routes escarpées du Pays Basque, le champion slovène n’a pas hésité à lancer plusieurs grosses attaques, au point qu’il s’est retrouvé plusieurs fois isolés devant avec Jonas Vingegaard, sans que son rival danois n’accepte de jouer son jeu.

« Les secondes qu’il prend sur Vingegaard sont chères… »

Cette attitude très offensive de Pogacar suscite des commentaires et analyses variées au sein des observateurs. Pour Andy Schleck, vainqueur du Tour 2010, le leader de l’équipe UAE en fait beaucoup trop, alors que le Tour sera très long. Dans des propos rapportés par cyclismactu.net, Schleck a notamment analysé : « Il dépense quand même beaucoup d'énergie pour récolter ces secondes. Il faut savoir que 15 secondes, c'est 100 mètres dans un col. Pogacar, les secondes qu'il prend sur Vingegaard, elles sont chères. Il faut savoir s'économiser sur le Tour, ça reste une course d'endurance ». L’analyse d’Andy Schleck se comprend. L’an dernier, Pogacar avait par exemple payé ses efforts excessifs du Galibier dans le col du Granon. Dans le même ordre d’idée, on peut en effet s’interroger sur la multiplication de ses « intensités » dans les premiers jours du Tour de France, là où Jonas Vingegaard compte le moindre de ses coups de pédale, au point de se mettre à dos son lieutenant numéro un, Wout Van Aert, qui n’a pas du tout apprécié que le Danois ne l’ait pas aidé à aller chercher la deuxième étape qui lui tendait les bras.

Hinault croit dans la stratégie du harcèlement

De l’autre côté du spectre, Bernard Hinault, quintuple vainqueur de la Grande Boucle, livre une analyse différente, validant la stratégie de harcèlement mise en place par le Team UAE, qui a tout de même déjà déstabilisé les Jumbo-Visma, semant la zizanie en interne autour des cas Vingegaard et Van Aert. Sur Eurosport, dans ses propos rapportés par cyclismactu.net, Hinault a notamment analysé : « Il y a deux champions qui ont déjà montré qu'ils existaient et qui se mettent une volée dès qu'ils peuvent le faire, et ça c'est grandiose. Depuis que Pogacar est arrivé, il nous fait le spectacle à chaque fois. C'est génial, même quand il a perdu l'an dernier, il a quand même fait beaucoup de choses. Sur ce qu'on a vu jusqu'à présent, Pogacar est au-dessus, il domine son sujet. Maintenant, reste à savoir s'il va tenir le choc, du fait qu'il n'a pas couru depuis fin avril ». La première étape pyrénéenne tend à donner raison à ceux qui pensent que Pogacar en a trop fait, le Slovène ayant été décroché par Vingegaard dans le col de Marie Blanque. A moins qu'il ait surtout été pénalisé par son manque de compétition du fait de sa blessure au poignet.

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