Cyclisme : Alaphilippe-Evenepoel, les conséquences de la Vuelta
Alexandre Higounet

Alors qu’il passait un test important sur sa capacité à gagner un jour le Tour de France en affrontant le duo Vingegaard-Roglic sur la Vuelta, Remco Evenepoel a connu une terrible défaillance dans l’étape du Tourmalet. Cela peut-il modifier certaines choses au sein de l’équipe Soudal-Quickstep ? Cela peut-il changer la donne au sujet de Julian Alaphilippe ? Analyse.

Vendredi dernier, dans la grande étape pyrénéenne du Tour d’Espagne, ponctuée par l’arrivée au Tourmalet, Remco Evenepoel, le vainqueur sortant et grand leader de la Soudal-Quickstep, s’est littéralement effondré, concédant plus de 27 minutes sur ses rivaux de la Jumbo-Visma et perdant toute chance au classement général. Interrogé après coup, Remco Evenepoel trouvait une explication dans sa préparation un peu bouleversée depuis son abandon au Giro du fait du covid et avec le positionnement inhabituel des championnats du monde : « Ce qui s'est passé ? Je ne sais pas vraiment, juste un très mauvais jour. Ça a été une très longue saison pour moi, avec de nombreux gros objectifs visés et réussis. En réalité, la préparation pour la Vuelta a été un peu étrange, avec le chrono des Mondiaux juste avant. Je pense que ce n'était pas idéal, et je l'ai payé cash. C'était très difficile de trouver la motivation. J'ai versé beaucoup de larmes et j'ai eu beaucoup de doutes. Mais heureusement, j’ai de bons coéquipiers, amis et famille autour de moi qui continuent de me motiver ».

La vérité c’est qu’Evenepoel n’apporte pas toutes les garanties

Si dans la foulée, Evenepoel a réagi en grand champion en réalisant un raid de légende dans la deuxième étape des Pyrénées, gagnant avec 8 minutes d’avance sur les leaders, il n’en reste pas moins qu’il a failli. Cela pose une nouvelle fois la question de sa fiabilité sur un grand Tour, notamment en très haute montagne, où ses trous d’air sont fréquents lors des épreuves de trois semaines. Alors qu’il a lancé son projet Tour de France, et que Patrick Lefévère, le boss de la Soudal-Quickstep, a orienté toute sa stratégie sur cette quête, concentrant ses investissements pour bâtir autour de lui une équipe sur mesure et à son service, cette nouvelle contre-performance en haute montagne pourrait-elle inciter la formation belge à revoir ses plans ? Par ricochet, cela pourrait-il avoir des conséquences sur l’avenir de Julian Alaphilippe ?

Pour Alaphilippe, cela peut changer la donne… sur le Tour

A l’analyse, la Soudal-Quickstep est sans doute trop avancée dans son projet pour le remettre fondamentalement en cause. De surcroit, au sein de la formation belge, on ne veut surtout pas tirer des conclusions à chaud, comme l’a déclaré le directeur sportif Klaas Lodewick dans les colonnes de L’Equipe : « Il est beaucoup trop tôt pour chercher des raisons. On va rester calme et essayer de réagir du mieux possible ». Si donc la Soudal-Quickstep va probablement rester sur son ambition du Tour de France en 2024, il n’est pas exclu qu’à la lumière des derniers événements, elle s’y montre moins uniforme et décide de laisser au final quelques œufs dans un autre panier… En clair, dans la perspective du Tour, cela pourrait redonner un peu de poids à un positionnement de Julian Alaphilippe en second rideau, en électron libre chasseur d’étapes.

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