Rugby : Pays de Galles, c’est quoi le problème ?
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Le prochain adversaire du XV de France traverse une grande crise sportive et économique. En peu de temps, la nation vainqueur du Tournoi en 2021 a sombré. Le XV du Poireau n’est plus un Dragon. En interne, les tensions sont nombreuses. 

Quel visage aura le Pays de Galles ce samedi, à Saint-Denis ? Plutôt dragon ou plutôt poireau ? Depuis la saison dernière, les Gallois ne crachent plus autant de feu que cette impressionnante formation qui a remporté 6 fois le Tournoi depuis 2005, avec notamment quatre Grands Chelems (2005, 2008, 2012, 2019). Depuis la défaite surprise à Cardiff contre l’Italie au printemps dernier, le XV de Galles ne s’est pas relevé. La faute à un effectif vieillissant et une politique sportive d’un « autre âge » comme le prétendent la plupart des joueurs gallois. 

Menace de grève des joueurs 

Symbole de cette crise existentielle sans précédent, le mouvement d’humeur initié par les joueurs avant la réception de l’Angleterre dans le cadre du Tournoi des 6 Nations. Les coéquipiers d’Alu Wyn Jones ont menacé de faire grève pour protester contre leur fédération. En cause, les modifications proposées pour leurs futurs contrats et la volonté pour les joueurs de supprimer la règle selon laquelle il leur faudrait minimum 60 sélections pour pouvoir jouer à l’étranger tout en restant sélectionnable. La fédération souhaitant proposer que seulement 80% du salaire soit garanti aux joueurs, le reste dépendant de primes ou de bonus. Des négociations qui ont considérablement perturbé la préparation de l’équipe en plein Tournoi. Les joueurs en sont finalement sortis gagnant. La limite de 60 sélections a été abaissée à 25 et le futur contrat des joueurs aura une désormais une option de contrat « fixe uniquement ». Mais l’abcès est profond. De nombreuses provinces galloises n’ont pas encore prolongé les contrats qui arrivent à échéance cet été.

L’exode des joueurs va débuter 

Conséquence de cette crise, le XV du Poireau se porte pâle. Et les joueurs veulent en profiter pour quitter le Pays de Galles et migrer vers d’autres clubs ou d’autres championnats. La terre d’accueil idéale reste le Top 14. Puisque désormais la limite est passée à 25 sélections, nombreux sont les joueurs qui peuvent prétendre à voyager tout en restant éligible pour la Coupe du monde. Si l’ouvreur Dan Biggar a déjà rejoint Toulon, et que le deuxième-ligne Will Rowlands débarquera au Racing cet été, d’autres internationaux gallois sont susceptibles de rejoindre le Top 14 la saison prochaine. L’ailier Josh Adams, le troisième-ligne Ross Moriarty ou le pilier Thomas Francis sont sur les tablettes des clubs français. L’avenir reste sombre pour le Pays de Galles, qui compte à peine 3 millions d’habitants et 46000 licenciés à la fédération galloise de rugby. Les Provinces galloises s’appauvrissent et le réservoir est mince. La période dorée semble passée. Et le retour du sorcier néo-zélandais Warren Gatland à la tête de la sélection n’est qu’un bout de sparadrap sur une blessure bien plus profonde. 

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