Le sport francais n’a plus de figure
La rédaction

La suppression du Droit à l'Image Collectif des sportifs professionnels va emmener petit à petit ces derniers à quitter le pays. Jean-Michel Aulas craint le pire pour le foot français en avançant des chiffres inquiétants. Il n'est pas le seul.

Le Droit à l'Image Collective, c'est quoi ? Ce dispositif fiscal, en vigueur depuis février 2005, permet d'exonérer de charges sociales (salariales et patronales) jusqu'à 30% de la rémunération brute de ces professionnels. Tout le monde s'étonne donc aujourd'hui de voir le couperet tomber mais le cas est étudié depuis? novembre 2003 ! Voici la version du rapport de Jean-Pierre Denis, inspecteur des finances, remis à Jean-François Lamour, afin de pointer du doigt les besoins du sport français.

Les salaires des sportifs ont motivé la décision En période de crise, l'impression que ceux qui gagnent beaucoup sont en plus favorisés fiscalement est préjudiciable. «La crise fait apparaître comme plus indécentes encore les rémunérations des sportifs de haut niveau», estime Pour Marie-Françoise Clergeau (PS). «Les salaires et les avantages dont bénéficient les joueurs de haut niveau sont une insulte à la misère», assure Maxime Gremetz (Communiste). «Le sport business commence à éc'urer les Français», estime Philippe Meunier (UMP). Rama Yade, elle, s'était prononcée contre une telle suppression, considérée comme «très dangereuse car elle nuirait immédiatement et de manière durable à la compétitivité du sport français». Voici l'intégralité des débats de la commission des affaires sociales à l'Assemblée Nationale

Quelles répercussions sur le foot français ? Invité à s'exprimer à l'antenne de I-Télé, Jean-Michel Aulas sombre dans le catastrophisme. Pour le seul Olympique Lyonnais, il parle de «6 millions d'euros de pertes» et de «35 millions d'euros de perte plus globalement pour les clubs français». «C'est une catastrophe pour l'ensemble des clubs français car on parle. On se dirige vers le départ de grands talents, tous sports réunis. Mais aussi vers une non reconduction des contrats et, plus inquiétants, vers des dépôts de bilan de certains clubs», conclut-il, amer. Interrogé par Le Monde, Jean-Pierre Louvel, président du syndicat des clubs de football (UCPF), précise que «les joueurs de foot payent quand même 130 millions d'euros d'impôts en France». Seul Louis Nicollin, sur RMC, semble accueillir la nouvelle avec détachement : «Je n'en ai rien à foutre. Ça ne m'embête pas du tout. Dans le domaine des sous, on doit payer des impôts comme tous les gens, non ? S'il le faut, on paiera un peu plus. C'est surtout le rugby qui va morfler parce qu'il n'y en n'a pas beaucoup dans le football».

Quelles répercussions sur le rugby français ? Pierre-Yves Revol, président de la Ligue Nationale de Rugby, craint également le pire pour l'avenir du ballon ovale : «Pour le seul Top 14, ce sera plus de dix millions d'euros de charges supplémentaires par an à assumer, pour des clubs dont certains sont déjà en situation de fragilité. (...) Ce sera une charge nouvelle extrêmement difficile à assumer et j'en crains les conséquences en fin de saison», estime-t-il dans les colonnes du Parisien.

Décision définitive autour du 9 novembre Pour être définitivement adopté, le texte doit encore être examiné par le Sénat, au cours de la semaine du 9 novembre. Les fervents opposants à cet amendement ont annoncé qu'ils feraient pression sur les sénateurs.