Interdiction d’apporter un drapeau breton, de manger des frites pas made in Mc Do, interdit d’afficher un T-Shirt Pepsi. Quand les caméras s’éteignent, le monde des Jeux Olympiques n’est pas si rose que cela.
La scène étonne et fait presque froid dans le dos. Le 25 juillet, alors que la cocotte londonienne bout autour de la préparation de la cérémonie d’ouverture, l’équipe de France féminine de football débutait son tournoi olympique dans le calme et la tiédeur de la vieille ville de Glasgow. Une défaite (2-4) pour les filles de Bruno Bini et une grosse colère pour l’une d’entre elles. Eugénie Lesommer, entrée en jeu en seconde période a bien failli ne pas voir son père dans les tribunes à la fin du match. En cause : un drapeau.
Le drapeau breton interdit aux JO
Comme il le raconte dans Ouest-France, Thierry Lesommer était venu avec son fils pour supporter sa fille. Breton et fier de l’être, il a sorti son drapeau mais cela n’a pas été du goût des officiels. « Ils m'ont obligé, très fermement, à relâcher le drapeau et à le ranger. Ils ont prévenu la police et ont tenté de me sortir manu militari du stade... Finalement, à force de palabres j'ai pu assister à la fin du match. Nous étions surveillés en permanence. », témoigne-t-il. Le père de la joueuse de l’Olympique Lyonnais n’a pas compris : « Je me déplace dans le monde entier pour suivre les matches internationaux de ma fille et je n'ai jamais été inquiété de la sorte ». Selon le CIO, seuls les drapeaux des pays en question doivent être visibles. Les Bretons apprécieront. Mais le Gwen-ha-du n’est pas le seul à subir les règles ultra-strictes du comité olympique. Bienvenue aux JO !
Liberté d’expression bafouée, sponsors à l’honneur
On savait déjà que le Comité international olympique (CIO) encadrait les JO de façon très stricte : les spectateurs ne sont pas autorisés à filmer les épreuves, les athlètes ont interdiction de publier des photos de leur petit-déjeuner sur twitter, l’utilisation du mot olympique est bannie pour les entreprises non partenaires, et les seules frites mangeables sur les sites olympiques doivent provenir de la marque au grand M, partenaire officiel. Pire, Un guide très complet de bonnes manières a été remis aux athlètes. Pour s’assurer la docilité des quelque 10 500 athlètes, le CIO leur a fait connaître ses directives, via les comités nationaux. Ainsi la délégation française a fait savoir à ses ouailles qu’il est interdit d’exprimer une quelconque opinion politique.
Une tenue qui doit être portée partout ! De plus, toute intervention en ligne doit ainsi « être rédigée à la première personne» et «sous forme de journal ». La tenue doit être portée partout, tout le temps, et « être particulièrement soignée ». Interdiction d’y ajouter tout accessoire politique ou publicitaire. Mais encore « Chaque membre s’engage à ne pas porter ou à ne pas avoir tatoué, marqué, incisé, rasé, percé, appliqué ou fixé à ou sur son corps (incluant mais sans s’y limiter les cheveux, les ongles, les lunettes et les lentilles de contact) un nom, logo ou dessin d’entreprise commerciale de quelque forme que ce soit, sans l’accord du Cnosf ». Les sponsors habituels du sportif, s’ils ne sont pas partenaires des Jeux, ont interdiction formelle d’utiliser l’image de leur poulain dans la période du 18 juillet au 15 août.
Pierre de Coubertin doit se retourner dans sa tombe.
Par Arnaud Boisteau