Il quitte le RC Lens pour l’Arabie Saoudite, l’énorme boulette de Seko Fofana ?
Alexis Bernard -
Rédacteur en chef
Footballeur presque raté, j’ai choisi le journalisme car c’est l’unique profession qui permet de critiquer ceux qui ont réussi. Après avoir réalisé mon rêve de disputer la Coupe du Monde 2010 (en tribune de presse), je vis de ma passion avec le mercato et les grands événements sportifs comme deuxième famille.

Le dossier est suffisamment avancé pour que les supporters du RC Lens puissent commencer à craindre le départ de leur capitaine et taulier, Seko Fofana. Tout proche de rejoindre l’Arabie Saoudite, le milieu de terrain de 28 ans fait le choix de l’argent plutôt que de la Ligue des Champions. La plus grosse bêtise de sa carrière ? Édito.

Le football et le business ont très vite appris à se connaître. Depuis que le ballon rond est devenu un métier, l’argent a rapidement trouvé sa place dans l’univers de ceux qui font rêver les enfants et lever les stades. Un mariage qui a fini par perdre la raison avec le temps et l’avènement d’un système qui dépasse très souvent l’entendement depuis la fin des années 1990 et les premiers contrats aux allures de PIB. Les salaires annuels des Ronaldo, Zidane et Beckham sont devenus les rémunérations mensuelles des b, b et autre Cristiano Ronaldo. Et le budget global des 20 clubs d’un même championnat européen d’hier peine désormais à rivaliser avec le transfert d’une seule star aujourd’hui. Dépasser les 100 millions d’euros pour s’attacher les services d’un attaquant (et même d’un défenseur, maintenant), n’est plus une exception mais bien une règle dans un art où les zéros sur le chèque ont autant d’importance que les lignes d’un palmarès. Le foot business est même devenu un pléonasme.

Le cas Seko Fofana

A qui la faute ? Aux footballeurs, aux dirigeants, au public qui réclame toujours plus de spectacle et de croustillant ? Un peu tout le monde. Mais à l’heure où l’Arabie Saoudite entre en scène pour accélérer un peu plus une tendance déjà effrénée, difficile de ne pas inviter morale et bonne conscience au débat. Un exemple, dans notre bonne vieille Ligue 1. Capitaine et héros du club populaire qu’est le RC Lens, Seko Fofana a choisi de repousser toutes les offres il y a un an pour prolonger dans le Nord. A l’époque, l’annonce fait sensation et tout un peuple se range derrière le guerrier Seko, 27 ans, capable de refuser l’argent pour les beaux yeux d’une aventure inestimable, avec ses potes. Pari réussi : le RC Lens de Fofana termine deuxième de Ligue 1 et se qualifie pour la mythique Ligue des Champions. Cap’tain Seko va pouvoir emmener le Racing ferrailler avec le gratin européen. Oui mais pas sûr… Pourquoi ? Parce que l’Arabie Saoudite lui propose de gagner en une saison ce que sa famille, sur 100 générations, ne parviendra jamais à toucher. L’Europe avec les potes ou le contrat du siècle ?

Transfert de fond

Le cas de Seko Fofana est loin d’être unique. Cas de nombreux joueurs, Français et étrangers, cet été. Cas d’école. Cas de conscience, aussi. S’il est très facile de juger la forme en condamnant celui qui préfère l’argent à sa passion, il est aussi permis d’avoir une réflexion plus générale et de mettre en perspective. Quel employé, de n’importe quel secteur, dirait non à un salaire multiplié par 10 ? Qui peut dire non à un million d’euros par mois ? Les pures âmes de puristes pourront tout à fait répondre en brandissant la noblesse et l’honneur de disputer la reine des compétitions européennes, l’unique et sublime Ligue des Champions, celle que Seko Fofana n’a jamais connu dans sa carrière. Et ils auront raison ! Tourner le dos à ses potes, à ses supporters. Tourner le dos à une région d’une incomparable ferveur. Tourner le dos à son sport ?

Même Messi a choisi

Année après année, le système l’emporte sur les valeurs. Et les exemples sont de plus en plus rares, pour ne pas dire quasi inexistants, de footeux qui choisissent un maillot avec un contrat, un projet avant un salaire. Même les plus grandes stars de ce sport, qui ont tout gagné, sportivement et financièrement, ont renoncé à montrer l’exemple. Lionel Messi pouvait rester au Barça, jouer gratuitement et écrire l’histoire la plus incroyable du football mondial. Le Qatar et Miami ont fait voler en éclat le mythe. Par bonheur, il reste encore un tout petit peu de place pour la romance et l’élégance de ces irréductibles nommés Totti, Gerrard ou encore Puyol. Elle se fait rare, certes, mais elle survit, encore. Sans doute pour mieux profiter de son inestimable valeur. Celle que l’Arabie Saoudite, le Qatar ou Dubaï ne pourront jamais s’offrir.

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