En sanctionnant Kylian Mbappé et Adrien Rabiot, Thomas Tuchel a marqué son territoire et frappé très fort. Une autorité qu’aucun entraîneur du PSG version QSI n’a pu appliquer. Preuve que la direction parisienne a pris conscience de ses lacunes récentes. De bon augure pour la suite. Analyse.
C’est peut-être un détail pour vous, mais pour le PSG, ça veut dire beaucoup. À vrai dire c’est presque une révolution pour le club de la capitale. Une révolution dont Thomas Tuchel est encore à l’origine. En sanctionnant Kylian Mbappe et Adrien Rabiot pour leur retard à la causerie d’avant-match précédent le déplacement au Vélodrome, le technicien allemand a imposé son autorité comme aucun entraîneur parisien ne l'avait fait, ou n’avait pu le faire. Car c’est bien là le problème. Cette sanction est un événement qui n’aurait jamais dû être un. Parce que depuis longtemps le club aurait dû marquer son autorité et faire respecter son institution. Mais avec son passif, le PSG version QSI arrive à transformer une simple sanction en un événement majeur. Un triste exploit qui a tout de même le mérite de prouver que la direction a peut-être (enfin) pris conscience de ses erreurs.
Le respect de l’institution, enfin !
Et des erreurs le PSG en a commis. La proximité de Nasser Al-Khelaïfi avec les joueurs avait donné lieu à certains épisodes surréalistes, dont le plus célèbre d’entre eux, celui de Serge Aurier. L’international ivoirien avait insulté son entraîneur de l’époque, Laurent Blanc, et avait simplement été envoyé en réserve quelques semaines avant de revenir pour un quart de finale de Ligue des Champions comme si rien ne s’était passé. Aujourd’hui, avec Thomas Tuchel cela semble impossible. D’une part, parce qu’il ne laisserait jamais passer ça, et surtout parce qu’il semble avoir le soutien de sa direction, ce qui était loin d’être le cas pour ses deux prédécesseurs, Laurent Blanc et Unai Emery. L’identité des joueurs sanctionnés n’est également pas anodine. Kylian Mbappe est la nouvelle star du football mondiale et sa sanction est donc un message très fort qui signifie que Thomas Tuchel refera la même chose avec tout le monde. Mais il ne faut pas oublier Adrien Rabiot. Joueur formé au club et dont la situation contractuelle est très délicate puisque son bail prend fin à l’issue de la saison. Le risque est donc grand là aussi. Mais clairement Tuchel s’en fiche. Le club passe enfin au-dessus des joueurs. Et l’entraîneur parisien envoie non seulement un message à son groupe, si Mbappe est sanctionné, tout le monde peut l’être, mais aussi aux observateurs du monde entier en affirmant sa volonté de faire du PSG une institution très forte, ce dont beaucoup pouvaient douter jusqu’ici.
Tuchel a les pleins pouvoirs
Thomas Tuchel confirme donc qu’il a les pleins pouvoirs sportifs. Une première depuis Carlo Ancelotti dont le duo avec Leonardo régnait sur le PSG. L’Allemand est soutenu par sa direction et décide de tout. Une situation qui vient confirmer ce que l’on avait aperçu lors du mercato durant lequel Tuchel avait imposé ses choix. Kehrer, Bernat et Choupo-Moting, c’est lui. Il faut dire que c’est Doha qui a placé l’ancien tacticien du Borussia Dortmund sur le banc du PSG ce qui lui offre une liberté d’action dont n’ont pas bénéficié ses prédécesseurs. Et c’est tant mieux, même si ça arrive tard. Et cela plaît également à la presse. Depuis son arrivée, Tuchel a une communication exemplaire qui lui permet d’avoir les médias dans la poche et lui offre également une liberté de ce point de vue là. Imaginez une seconde Unai Emery sanctionner Kylian Mbappe pour un déplacement à Marseille. Les critiques auraient été terribles. Déjà lorsqu’il choisit de se passer de Thiago Silva contre le Real Madrid, le Basque avait été descendu, alors même que tout le monde mettait en cause le comportement du Brésilien lors de la remontada. Tuchel a donc le soutien de sa direction et de l’opinion publique, en partie grâce au traitement médiatique dont il bénéficie, deux choses qu’Unai Emery n’a pas eu la chance de connaître au PSG, ce qui offre une grande marge de manœuvre à Thomas Tuchel. Une marge de manœuvre dont aucun entraîneur parisien n’a pu disposer depuis l’arrivée de QSI. Et jusque-là, l’Allemand en fait très bon usage.
Le grand gagnant à Marseille, c’est Tuchel
Et pourtant, après la victoire contre l'OM (2-0), Thomas Tuchel affichait la mine des mauvais jours. Mais soyons clair, le grand gagnant à Marseille est Thomas Tuchel. Non seulement il a affirmé son autorité en faisant respecter l'institution, mais en plus le PSG s'est imposé dans le Classique grâce à une entrée fracassante de... Kylian Mbappé. Jusque-là, l'effet est donc très positif que ce soit d'un point de vue sportif ou en terme de gestion d'effectif. Par conséquent, le technicien allemand marque son territoire pour le futur et s'affirme comme le patron. Une tactique qui peut s'avérer payante avec Kylian Mbappé. Le jeune Champion du monde avait déjà été titillé dans son orgueil par Leonardo Jardim à ses débuts à l'AS Monaco pour le résultat que l'on connait. Didier Deschamps l'avait même recadré après le match contre l'Australie durant la Coupe du monde, et là encore, cela avait été efficace. Et la déclaration du phénomène après la victoire contre l'OM, dans laquelle il annonce vouloir être le leader, est une réponse à son entraîneur. Il semble avoir compris le message de Thomas Tuchel. On peut se poser plus de questions pour Adrien Rabiot dont l'entrée en jeu laisse à désirer et qui semble moins réceptif à l'autorité. Quoi qu'il en soit, les deux internationaux français seront attendus au tournant lors des prochains rendez-vous du PSG. Et désormais, comme tous les autres, ils savent qu'ils doivent être irréprochables. @Arthur_Montagne