À quelques semaines de la fin de la saison, José Anigo, sûr de sa force, se fait discret et a décidé de ne plus répondre aux insinuations de Didier Deschamps.
José Anigo est un peu comme François Hollande avant le deuxième tour de la Présidentielle. Il possède une confortable avance sur son concurrent, envisage l'avenir avec sérénité et laisse son adversaire, empêtré dans les mauvais résultats sportifs, s'échiner en conférences de presse : « Je sais qui ils sont, je connais les tenants et les aboutissants » (en parlant des Winners, soi-disant manipulés par Anigo, qui ont réclamé son départ à plusieurs reprises cette saison). « On a gagné six titres en trois ans, même mes pires ennemis ne pourront pas me l'enlever. Je mets la phrase au pluriel car si je la mets au singulier, ça pourrait être individualisé » (après la victoire en Coupe de la Ligue le 14 avril)… « Il attaque de toutes parts, il perd son calme… Ces signes de nervosité ne trompent pas, note un fidèle parmi les fidèles d’Anigo au sein du club. C'est grave tout ce qu'il a dit quand même ! Le soir d'une victoire en Coupe, déverser un discours de rancœur dans tous les médias, jusqu'au lendemain sur TF1 (Téléfoot)... Il ne sait plus comment faire parce qu'il sent le vent tourner. Et le fait que José ne réponde pas, ça l'énerve encore plus. »
On le surnomme « le muet »… Le directeur sportif ne répond pas, en effet. À tel point qu'à La Commanderie, où ce stoïcisme inhabituel étonne, on le surnomme aujourd'hui « le muet ». Il faut dire qu’il n’a aucune raison d’entrer dans un - et encore bien moins trois - débat où il aurait tout à perdre à quelques encablures de l'arrivée. Il l'a dit lui même récemment, sa mise en quarantaine ces derniers mois, aussi pénible fut-elle, a eu cela de bénéfique qu’elle lui a donné le recul nécessaire pour réfléchir. Et mûrir sa stratégie afin de « défendre son territoire ». En laissant Didier Deschamps s’escrimer et s’enfoncer tout seul, il a réussi à retourner son président, agacé par les dernières sorties du coach olympien et son attitude de franc-tireur. En privé, Vincent Labrune commencerait même à douter de la pertinence de ses choix sportifs (entêtement à titulariser Diarra, hors de forme, épisode Andrade contre le Bayern…). Il a d’ailleurs cessé de clamer haut et fort son attachement au technicien basque depuis quelque temps…
Anigo prépare sa revanche Le directeur sportif de l'OM attend donc patiemment son heure, sûr qu'il est de redevenir - sauf catastrophe - l'homme fort du club dans les prochaines semaines. Ce retour sur le devant de la scène va l’amener à jouer un rôle important lors du mercato estival, aussi bien concernant le choix du futur entraîneur, des joueurs, que dans la réorganisation générale du club (cellule de recrutement, formation, équipe réserve où Franck Passi devrait céder sa place…). José Anigo, en fin politicien qu’il est devenu, compte évidemment placer quelques-uns de « ses hommes ». Sans parler de chasse aux sorcières, ceux qui n'ont pas forcément fait preuve d'une loyauté sans faille au plus haut de sa « guerre » avec DD, peuvent commencer à se faire du souci.
À Marseille, Paul Mérault
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