Arrivé à l’OM sur la pointe des pieds, Elie Baup prend ses marques tout doucement. Présent hier en conférence de presse, il a tenu à expliquer ses attentes dans l’utilisation du ballon. Avec un modèle, le Barça.
Pendant les trois saisons chaperonnées par Deschamps, l’OM a renoué avec la gagne. Mais le public du Vélodrome s’est ennuyé. Elie Baup, appelé en remplacement du Basque parti sélectionner les meilleurs français, arrive dans un contexte différent. Le surpuissant PSG est promis au titre de champion. Alors quitte à ne pas gagner, autant bien jouer. C’est du moins le pari que s’est lancé l’ancien coach toulousain. En conf de presse hier, il a dévoilé ses ambitions dans le jeu. En voici les enseignements.
L’animation, plus forte que le système
Baup l’a confirmé ces derniers jours. L’OM jouera la saison prochaine en 4-2-3-1. Mais ce qui prime avant tout pour l’ancien coach de Toulouse, c’est l’animation impulsée par ses joueurs. Les postes ne sont pas fixes, surtout pour les trois milieux de terrain offensifs. Il s’explique : « Le système, encore une fois je ne veux pas m'y attacher, mais plutôt m'attacher à l'esprit du jeu qu'il faut canaliser pour le rendement de l'équipe. Il ne faut pas perdre ça. Pour moi, jouer, c'est la base du moyen et du long terme. Il ne faut pas balancer, mais essayer de trouver des solutions et faire la part des choses quand il y a un pressing fort de l'adversaire qui nous empêche de sortir. L'idée c'est de jouer, de chercher à construire et à la perte de balle essayer de récupérer le plus vite possible pour repartir ».
Pas d’attaquant de pointe, comme au Barça ?
On l’a vu avec le Barça, qui ne titularisait pas de véritable attaquant, ou encore avec l’Espagne cet été. Dans les deux cas, Guardiola et Del Bosque privilégiaient la permutation des milieux offensifs. Une idée qui plait beaucoup à Baup, qui aimerait l’appliquer dans ce nouvel OM : « Celui qui a marqué des buts, c’est Morgan (un doublé lors du dernier match amical), et il s’est retrouvé dans cette position axiale. Tout le monde participe à l’animation, mais ces 4 joueurs doivent se sentir, se toucher. Et poser des problèmes à l’adversaire. Même si parfois il y a un circuit préférentiel, il faut être capable d’être dans toutes les zones : au premier poteau, au point de penalty, « à la ramasse ». Il faut le répéter (...) Il ne faut pas comparer (au Barça), mais insister sur le fait de jouer et utiliser le ballon".
Les Marseillais, assez patient ?
Après l’austérité imposée par Deschamps dans le jeu, Baup veut redonner du plaisir aux supporters marseillais : « Les gens viennent tout de même voir du jeu, un spectacle et des joueurs. Est-ce qu'on va y arriver, est-ce que ça va prendre du temps ? Surement, mais il ne faut pas sortir de ces idées-là. Je suis persuadé que sur le moyen ou le long terme on aura plus de résultats, on arrivera à trouver plus de solutions que d'être dans la réactivité ». L’intention est louable. Mais dans le chaudron marseillais qui gronde à la moindre contreperformance, il n’est pas sûr que Baup ait le temps d’imposer ses ambitions. Seuls de bons résultats pourront lui permettre de construire.
Les joueurs adéquats ?
Voir ses joueurs évoluer comme le Barça, tous les entraîneurs en rêvent. Mais du songe à la réalité, il y a un monde, que l’OM pourrait avoir du mal à franchir. Car l’effectif phocéen manque un peu de tout. Si Nkoulou est un bon relanceur, ses collègues de défense semblent bien trop justes techniquement pour assurer des passes au sol, et dans les pieds (en considérant le départ d’Azpilicueta). Et c’est pourtant de là que tout part. Alors oui, l’OM pourra toujours, dans le camp adverse, user d’un jeu basé sur le collectif. Mais jamais les hommes d’Elie Baup ne pourront avoir la maîtrise des Blaugranas.