Rio Mavuba se livre sans concession sur sa vision des coulisses du football. Le capitaine du LOSC, qui s’apprête à retrouver l’équipe de France la semaine prochaine, donne également son sentiment sur les récentes polémiques de la sélection tricolore.
Le capitaine est souvent quelqu’un qui se veut exemplaire pour un vestiaire, Rio Mavuba ne semble pas déroger à la règle. Interrogé ce samedi dans les colonnes de L’Equipe, le milieu de terrain nordiste offre ses quatre vérités sur le football actuel et évoque certains sujets tabous tels que le salaire des joueurs. Surtout, il donne la recette pour faire un footballeur moderne et idéal.
« Etre droit, disponible, avoir du respect »
L’ancien Bordelais, âgé de 28 ans, fait parler l’expérience à travers un discours qui se veut un poil utopique : « Être naturel, d’abord. Aujourd’hui, un footballeur, et encore plus un international, est un modèle pour les jeunes, les enfants, le football amateur. On a tous été à leur place et on sait qu’ils regardent ceux qui passent à la télé, et encore plus l’équipe de France. Il faut essayer d’être droit, disponible, d’avoir le respect de tous ceux qui composent le football. Après, le respect doit aussi venir de tout le monde. Au bord du terrain, on entend parfois : “Untel, t’es mauvais.” Si tu es tendu dans ta vie personnelle, tu peux péter un plomb et répondre. Ça peut arriver », explique Mavuba. « Le footballeur n’a pas forcément une bonne image. C’est dommage parce que, aujourd’hui, pour prendre l’exemple de Lille, je pense qu’il y a une très bonne relation entre les joueurs et les supporters. Il y a du respect avec la presse et avec tous les membres du club et je trouve qu’on dégage plutôt une bonne image ». Et au-delà du LOSC, il s’apprête à retrouver mercredi prochain la tunique de l’équipe de France en amical face à l’Uruguay. Une grande fierté…
Mavuba condamne les dérapages
Interrogé sur les différentes polémiques causées par les Bleus entre le Mondial 2010 et l’Euro en juin dernier, le Lillois dénonce sans détour : « C’était grave de faire une grève pendant une Coupe du monde. À l’Euro, je pense qu’il y a eu des cas individuels qui ne reflétaient sans doute pas l’état d’esprit du groupe. Nous, joueurs professionnels, et les internationaux d’autant plus, nous avons un devoir d’exemplarité, surtout quand on sait le nombre de gens qui pratiquent et qui aiment ce sport. On doit être parfaits, éviter tout dérapage en dehors du football. C’est surtout là-dessus qu’il faut insister et corriger le tir, parce qu’il y a un ras-le-bol complet, par rapport aux histoires de mœurs par exemple. On est épiés et, depuis Knysna, on sait qu’on est attendus au tournant. Donc, là-dessus, il fallait être irréprochables. Mais je me dis aussi que tout le monde se sert de ça pour taper sur le foot », affirme Mavuba qui entend bien jouer sur ses qualités afin de s’imposer (enfin) chez les Bleus et rectifier le tir lors du Mondial 2014.
Le jour de gloire est arrivé ?
Rio Mavuba a-t-il les épaules pour devenir un titulaire indiscutable en équipe de France ? Lui, en tout cas, ne semble pas en douter : « La preuve, dans une consultation, les joueurs de L 1 m’avaient désigné comme un des joueurs les plus sous-cotés du Championnat. Mais, moi, je ressentais, et de la part de mes partenaires aussi, que j’étais un joueur important », explique t-il avant de revenir sur son parcours et d’évoquer la concurrence en bleu : « J’ai joué très tôt en équipe de France. Après Bordeaux, on s’attendait peut-être à ce que j’aille dans un club plus huppé et je suis allé à Villarreal. Ça s’est mal passé. Je suis venu à Lille, qui n’était pas le Lille d’aujourd’hui […]Chacun est dans son registre. Je ne vais pas dire que je suis meilleur ou moins bon qu’un autre. Des joueurs de mon gabarit ont joué à ce niveau-là. On le voit aussi avec l’Espagne, où il y a des petits gabarits qui s’imposent. Je ne pense pas que ce soit un handicap. Makelele a fait une grande carrière, notamment en équipe de France. Et lui aussi s’est imposé sur le tard ». Deux trajectoires internationales qui se ressemblent, puisque Makelele avait également fait l’objet d’une longue absence en bleu. Souhaitons au capitaine lillois une suite de carrière tricolore un peu plus récompensée que celle de son aîné.
Par Guillaume de Saint Sauveur