EDF : « Les Bleus ? Tu ne réfléchis pas, tu fonces »
La rédaction

Le souhait de Laurent Blanc de ne pas renouveler son contrat de sélectionneur des Bleus a lancé la vague des négociations pour reprendre le flambeau. Les noms les plus prestigieux ont refusé. Pourquoi ?

Sur le site de la FFF, à l’onglet boutique, vous trouverez la notice du métier de sélectionneur de l’Equipe de France. Elle est simple : « formation ou diplôme nécessaire : Diplôme d’Entraîneur Professionnel de Football ». La section emploi n’hésite pas à évoquer le souhait de trouver son sélectionneur. Un métier qui pourrait faire rêver plus d’un entraîneur en France mais qui ne semble pas attirer les foules. Nombreux sont les refus essuyés par le président Le Graët. Peut-on parler de désamour pour la fonction ' Wenger, Tigana, Blanc ont refusé, à des degrés différents, la fonction. Didier Deschamps prend le temps de la réflexion. Zidane, si on s’en tient aux statuts, ne peut même pas y prétendre. C’est donc laborieux.

« L’entraîneur est épié »
Pour Alain Giresse, le raisonnement doit se faire au cas par cas : « Ce sont des appréciations personnelles et chacun a ses raisons de décliner », expliquant ainsi le refus d’Arsène Wenger par ses fonctions de manager d’Arsenal. Pour élargir le débat, est-t-il plus difficile d’entraîner aujourd’hui qu’il y a 10 ou 20 ans ? L’ancien sélectionneur du Mali pointe du doigt un « phénomène de société » lorsqu’il aborde les nouveaux joueurs. « La dimension médiatique donne un autre statut aux joueurs, ils sont plus ouverts aux technologies nouvelles », notant peut-être une certaine négligence, une forme de passivité de la nouvelle génération, ajoutant : « en contrepoint, cela permet aux entraîneurs d’être plus directifs ». Giresse souligne également la pression des médias dans son discours. « Aujourd’hui, l’entraîneur est épié, il fait l’objet de débats donc c’est moins facile qu’avant surtout au poste de sélectionneur. »

« Si on t’appelle, tu fonces »
Un autre ancien de la maison bleue voit lui des raisons plus financières aux refus. L’ancien sélectionneur de l’équipe de France, Michel Hidalgo, ne passe pas par quatre chemins pour exprimer le fond de sa pensée : « Si on t’appelle pour être sélectionneur de l’équipe de France, tu ne réfléchis pas, tu fonces ». Sous entendu, le temps de réflexion de Didier Deschamps n’est pas normal mais se comprend : « Le salaire de l’entraîneur à l’OM est trois fois plus conséquent que le sélectionneur de l’équipe de France ». Voilà peut-être une partie de la réponse car pour le reste, le vainqueur de l’Euro 1984 ne note pas de changement de la fonction : « Le sélectionneur sélectionne les joueurs et les fait jouer ». Clair, net, précis.

Par Arnaud Boisteau