Fraichement nommé sélectionneur de l’équipe de France, Didier Deschamps souhaite imposer d’entrée de jeu son autorité chez les Bleus. L’ancien Marseillais évoque les sujets sensibles qui touchent la sélection depuis environ quatre ans.
Didier Deschamps aura-t-il plus de réussite que Laurent Blanc dans sa mission résurrection en équipe de France ? A l’instar de son prédécesseur, le nouveau technicien des Bleus débutera son mandant avec des sanctions à gérer (trois matchs pour Nasri, un pour Ménez) mais surtout un chantier sportif et extra-sportif imposant. Dans une interview accordée à l’AFP, il met les choses au clair avec l’ensemble des joueurs sélectionnables et attend un changement radical de comportement en sélection.
Comportement irréprochable exigé
A quelques jours de l’annonce de sa première liste, Deschamps a tenu à mettre les joueurs au parfum : « Je souhaite ardemment que tout le monde ait une attitude et un comportement idéal. S’il y en a qui ne l’ont pas, ce n’est pas moi qui ne vais pas les prendre : ils se condamneront eux-mêmes. Le fait de sélectionner ou de ne pas sélectionner, c’est une forme de sanction sportive. (…) De par l’historique, ce qui s’est passé en 2010 et dans cet Euro 2012, les joueurs doivent prendre conscience d’un devoir d’exemplarité sur le terrain et en dehors », annonce le sélectionneur avant de rappeler le rôle des joueurs tricolores : « Etre international français, ça doit être au-dessus de tout, même pour les joueurs qui jouent dans des grands clubs et de grandes compétitions. Je ne vais pas utiliser le terme de tolérance zéro, mais avec ce qui s’est passé, le supporter français attache autant d’importance au résultat qu’au comportement ». Les bases sont posées, et Deschamps répond même d’une polémique qui avait agité le monde des Bleus sous l’ère Blanc.
Retour sur l’affaire bernès
Certains n’avaient pas hésité à pointer du doigt les rapports étroits entre l’agent de joueurs Jean-Pierre Bernès et les Bleus, prétendant que ce dernier était le fournisseur de la sélection avec une bonne partie de ses clients. Un scénario qui dérange Deschamps : «Ce critère là n'entrera jamais en ligne de compte. Quand je choisis, je ne regarde pas s'il est avec un agent ou pas. Ce sont des choses auxquelles on peut être confronté en club, par moments, mais ce critère là n'entrera jamais en ligne de compte », annonce t-il avant de poursuivre sur l’agent : « Jean-Pierre Bernès, il est mon agent, et j'ai une relation amicale avec lui, mais nous sommes deux professionnels. Je suis dans la fonction de sélectionneur, lui, il a certainement beaucoup de joueurs, quelques entraîneurs et pas des trop mauvais apparemment. Quand il y a une réussite, dans n'importe quel domaine, il y a toujours un peu de suspicion, on ne peut pas empêcher les gens de parler, d'avoir un avis différent. J'ai des discussions autres que le football avec lui, on parle de foot aussi parce qu'il connaît très bien, il est très respecté dans le milieu du foot, et malgré tout ce que certains peuvent écrire, il parle souvent avec Noël Le Graët, dans mon intérêt et dans l'intérêt du foot, il a des jaloux, des aigris, j'en ai aussi ». Deschamps étouffe ainsi la polémique tant bien que mal et entend bien redonner une certaint transparence au sein de la FFF.
Qui pour le capitanat ?
C’est un sujet qui a longtemps traîne en longueur avec Laurent Blanc et qui n’avait été réglé que peu de temps avant l’Euro : le capitanat. Didier Deschamps espère pouvoir être fixé plus rapidement que son prédécesseur et songe plus à Hugo Lloris ou Karim Benzema pour le rôle : « Avant de pouvoir l'exprimer publiquement, je vais voir les personnes en face de moi, après avoir réfléchi. J'ai besoin d'avoir leur sentiment. Ca peut ne pas concerner ces deux joueurs-là, très certainement d'ailleurs. Quand on fixe le cadre, il y a aussi le rôle de capitaine, de leader qui est important. Il n'y en a peut-être pas dix, mais il n'en faut pas forcément qu'un ou deux. Les joueurs doivent se rendre indispensables par leurs performances en club. Après, il y a un rôle à avoir dans la vie de groupe, mais ça fait partie de mon travail ». Les grandes manœuvres sont donc lancées pour Deschamps à la tête de l’équipe de France et l’ancien Monégasque débutera l’aventure le 15 août prochain en amical face à l’Uruguay, avec le Mondial 2014 en ligne de mire.