EDF : Italie, le vrai camouflet de Laurent Blanc
La rédaction

Depuis 2010, Laurent Blanc nous bassine sur le fait qu’il est impossible de mettre sur pieds une équipe compétitive en deux ans. Et pourtant, l’Italie, en arrivant en finale de l’Euro, l’a bien fait, elle.

Laurent Blanc a failli là où Cesare Prandelli a réussi. Les deux hommes, embauchés au même moment pour faire oublier respectivement le fiasco français et italien au Mondial 2010, ont emprunté des voies diverses. En bon maçon qu’il aurait sans doute pu être, le sélectionneur italien a réussi à reconstruire les fondations de la Squadra Azzurra, tombée en ruines lors du Mondial sud-africain il y a deux ans. Eliminés dès la phase de groupes, nos voisins transalpins avaient touché le fond. Exactement comme la France. Ils ont dû ressortir de terre, revenir aux bases pour de nouveau éclore. Pas exactement comme la France. Sur plusieurs points, pourtant, le mimétisme entre les deux nations, est troublant. Et, à chaque fois, force est de constater que Prandelli a su trouver la formule que Blanc cherche toujours. Décryptage :

L'Italie a su gérer son scandale extrasportif L’équipe de France a encore du mal à reconstruire sur les cendres de Knysna. L’affaire Nasri est là pour nous le rappeler. Un dérapage extra-sportif aussi fort ne peut pas être digéré de la sorte, c’est impossible. Et pourtant, l’Italie l’a fait. Plombée, humiliée, secouée par le Calcioscomesse avant le début de l’Euro, la Squadra Azzurra est restée debout. L’histoire retentissante des matchs truqués a même soudé le groupe, plus motivé que jamais à faire un coup ensemble pour fermer des clapets. Pour le moment, ça marche.

L'Italie a su gérer un groupe remodelé Si Blanc a tenté de laver plus blanc que blanc en équipe de France, que dire de la Squadra Azzurra ? Sur les onze joueurs constituant l’équipe type de Prandelli à l’Euro, 6 joueurs ont été écartés par rapport à celle de Marcello Lippi en Afrique du Sud. Exit Zambrotta, Cannavaro, Criscito (son cas est à part), Pepe, Iaquinta et Gilardino ! Chez les Bleus, presque la même chose : Sagna, Toulalan, Gourcuff, Govou et Anelka. Le mélange entre jeunes et moins jeunes souhaités par les deux sélectionneurs arrive donc là aussi à un résultat différent. A sa décharge, Blanc ne possède pas de leader capable d’houspiller ses partenaires comme Buffon.

L'Italie a su gérer des joueurs ingérables A Manchester City, qui fait le plus parler de lui pour ses écarts extrasportifs ? Mario Balotelli ou Samir Nasri ? A la Une des tabloïds britanniques une bonne dizaine de fois cette saison, « Super Mario » est réputé plus ingérable que son partenaire marseillais. Antonio Cassano, réputé diva depuis le début de sa carrière avec des sommets atteints au Real Madrid, s’est calmé mais appartient toujours à la catégorie des joueurs turbulents. Au final, Prandelli arrive le plus souvent à les cadrer et à en tirer le meilleur sur le terrain. Pourquoi Blanc n'y arrive pas ? Le plaisir de jouer, juste jouer, sans doute.

L'Italie a su évoluer avec 2 attaquants La dernière claque de Prandelli reçue par Blanc quand il voit jouer l’Italie vient du jeu pur. Le sélectionneur des Bleus se refuse à instaurer un 4-4-2 car, pour lui, ce système trouve ses limites au plus haut niveau. L’association Benzema-Giroud, possible dans cette configuration (mais aussi en 4-2-3-1), ne peut donc exister. Et pourtant, l’Italie est l’une des rares équipes à évoluer avec deux attaquants dans cet Euro : Cassano et Balotelli. En 3-5-2 en début de tournoi puis en 4-4-2 en losange, Prandelli s’appuie sur un milieu de terrain travailleur, rigoureux dans le repli mais surtout sur un cœur du jeu très dense limite embouteillé pour légitimer sa position. L’Espagne, bourreau des Bleus, s’y est déjà cassé les dents.