EDF : faut-il sacrifier la génération 87 ?
La rédaction

Pour la première fois depuis 2004, Samir Nasri, Hatem Ben Arfa, Jérémy Ménez et Karim Benzema disputaient ensemble une compétition internationale. S’ils n’ont jamais été alignés ensemble, les quatre de la génération 87 ont tous déçus dans des registres différents. Retour sur leur Euro mouvementé.

Samir Nasri, un Euro insultant 4 matchs, 3 titularisations, 282 minutes jouées, 1 but Il s’est passé tellement de choses avec Samir Nasri durant cet Euro qu’on ne sait même plus par où commencer… En Ukraine, le milieu offensif tricolore a cristallisé autour de sa personne tous les maux de l’équipe de France. Son Euro avait pourtant démarré de la meilleure des manières avec une égalisation bien venue face à l’Angleterre d’une belle frappe à l’entrée de la surface. Mais, en célébrant son but, le Citizen a dérapé une première fois, adressant un « ferme ta gueule » à la tribune de presse. Le début de la fin. Impliqué et buteur contre l’Angleterre (1-1), Nasri, repositionné meneur de jeu après avoir évolué sur l’aile droite face aux Anglais, s’est ensuite égaré lors des deux autres matchs de poule face à l’Ukraine (2-0) et la Suède (0-2). Au point d’être logiquement écarté du onze de départ par Laurent Blanc pour affronter l’Espagne (0-2). Irritant, suffisant et isolé, Samir Nasri a souvent laissé l’impression de ne pas être concerné, à l’image de son entrée en jeu insipide contre l’Espagne. Dans le vestiaire, après la défaite contre la Suède, il n’a pas apprécié les propos de son compère de promo, Hatem Ben Arfa, et a failli en venir aux mains avec lui. Idem après l’élimination contre l’Espagne en zone mixte, où il a violemment insulté un journaliste de l’AFP. Des propos que Noël Le Graët a jugés « intolérables ». Du côté du boulevard de Grenelle, au siège de la FFF, on réfléchit déjà à d’éventuelles sanctions. Il a dépassé les bornes. De cette fameuse génération 87, Nasri pourrait bien faire les frais d’un Euro complètement galvaudé.

Hatem Ben Arfa, un accrochage musclé 2 matchs, 1 titularisation, 64 minutes jouées, 0 but Il sortait d’une fin de saison exceptionnelle avec Newcastle, mais en Ukraine, Hatem Ben Arfa a été transparent les rares fois où Laurent Blanc a fait appel à lui. Face à l’Angleterre, où il est entré en jeu à six minutes de la fin, il n’a pas eu assez de temps pour forcer la décision. Titularisé sur l’aile droite contre la Suède, « HBA » a sombré à l’image de toute une équipe. La propension du jeu français à pencher à gauche n’a pas facilité son expression, mais il n’a rien fait pour y remédier, piquant souvent dans l’axe et gardant trop le ballon, avant d’être logiquement remplacé à l’heure de jeu par Florent Malouda. Finalement, c’est en dehors des terrains qu’il a fait le plus parler de lui, notamment lors de l’accrochage verbal dans le vestiaire après France-Suède. Le milieu offensif a reproché à Laurent Blanc de l’avoir sorti alors que d’autres joueurs, « plus nuls que [lui]», selon ses termes, sont restés sur le terrain. Samir Nasri se sent visé, le ton monte entre les deux hommes. Excité comme une puce, Ben Arfa sort de ses gonds et propose même à Blanc de le renvoyer chez lui s’il ne lui donne pas satisfaction. Un incident qui montre, malgré le nouveau visage affiché depuis plusieurs mois par « l’enfant terrible du football français », qu’il reste toujours aussi volatil. Mais il mérite d’être revu avec un rôle plus important.

Jérémy Ménez, le chaud et le froid 3 matchs, 1 titularisation, 112 minutes jouées, 1 but Depuis tout gamin, Jérémy Ménez a toujours soufflé le chaud et le froid. Capable du meilleur comme du pire, le Parisien l’a encore prouvé durant cet Euro. En particulier face à l’Ukraine, pour sa seule titularisation de l’Euro et… la seule victoire des Bleus. Irritant durant une mi-temps sur son aile droite, il a manqué tout ce qu’il a tenté, perdant bêtement de nombreux ballons. Il aurait même dû se faire expulser pour une grosse faute alors qu’il était déjà averti. Rentré la tête dans le sac au vestiaire, Ménez en est ressorti galvanisé. Huit minutes après la reprise, il ouvrait le score pour les Bleus. Pressenti pour être titulaire face à l’Espagne, Laurent Blanc lui a finalement préféré Mathieu Debuchy pour contrer le côté gauche espagnol. Un choix loin d’être payant. Entré en jeu à la place du Lillois à la 64e minute, Ménez n’a toutefois rien apporté de plus, ignorant même les remontrances d’Hugo Lloris sur son manque d’implication défensive. Seul fait marquant de sa soirée ? Son carton jaune pour avoir insulté l’arbitre italien de la rencontre, Nicola Rizzoli, d’un très poétique « Vaffanculo! ». Pas besoin de vous traduire. Sa percussion et sa tendance à se projeter rapidement vers l’avant ont toutefois clairement fait défaut à l’équipe de France face à la Suède et à l’Espagne. Laurent Blanc (ou son successeur) ferait bien de l'installer à droite, tout en le cadrant un peu plus.

Karim Benzema, zéro pointé 4 matchs, 4 titularisations, 346 minutes jouées, 0 but Ce devait être son Euro, celui de la confirmation après une année pleine au Real Madrid (32 buts en 54 matchs) et un nouveau statut en équipe de France depuis la prise de fonction de Laurent Blanc. Mais Karim Benzema, isolé à la pointe de l’attaque et obligé de dézoner à outrance, est complètement passé à côté de son Euro. Des plus grands buteurs européens présents en Pologne et en Ukraine, il est le seul à n’avoir pas inscrit le moindre but. Un bilan peu flatteur, malgré ses deux passes décisives contre l’Ukraine. Plus inquiétant, à aucun moment, il n’a semblé en mesure de pouvoir faire la différence, ne se créant que très peu d’occasions dangereuses. Après 2008, c’est un nouvel échec pour lui. Mais à 24 ans, il incarne toujours l’avenir de l’équipe de France. On voit mal Laurent Blanc ou son successeur se passer de lui dans les prochains mois. Reste à voir désormais comment il va digérer cet Euro raté. « Ce qu’il y a de beau dans le football, c’est qu’il n’a pas le temps de s’apitoyer sur son sort. Le championnat reprend bientôt et les éliminatoires pour le Mondial 2014 aussi », nous faisait remarquer Marius Trésor samedi soir. Premier élément de réponse, il n’a pas semblé plus marqué que ça après l’élimination face à l’Espagne, visiblement déjà tourné vers 2014.