Didier Deschamps a trouvé un premier caillou dans ses chaussures de sélectionneur de l’équipe de France. Contre toute attente, il s’appelle Hugo Lloris et pourrait l'empêcher d'avancer comme il le voudrait.
A l’heure d’évoquer le choix d’Hugo Lloris de rejoindre Tottenham, Didier Deschamps s’est senti un peu bête. Qui aurait pu penser que le gardien international de Lyon débarquerait à Londres dans le costume de n°2 derrière Brad Friedel ? Mis à part André Villas-Boas et ce même vétéran ganté de 41 ans, personne. Pas même le nouveau sélectionneur de l’équipe de France, qui n’a pas masqué son embarras concernant les conséquences de ce transfert sur son équipe type. Devant cette surprise, Deschamps a devant lui trois alternatives, pas plus, afin de régler un problème qui n’en aurait jamais été un si Lloris était resté à Lyon.
Lui garder sa confiance… pour l’instant Les matchs éliminatoires à la Coupe du monde 2014 arrivent trop tôt pour changer. Vendredi, les Bleus se rendent en effet en Finlande et accueillent la Biélorussie mardi soir. Apporter des touches maintenant constitue un risque, celui de chambouler la hiérarchie des gardiens établie depuis longtemps. Le problème est que, s’il choisit l’option de maintenir Lloris, ce qu’il a de grandes chances de faire, Deschamps peut mettre le doute dans l’esprit des joueurs qui ne sont pas convoqués en bleu à cause de leur statut de remplaçant dans leur club respectif. Cela peut alors créer un malaise. Au patron de dicter clairement sa ligne de conduite, globale ou au cas par cas. Mais cette décision pourrait être mal comprise, voire, plus grave, mal acceptée.
Le reléguer derrière Mandanda… s’il ne joue pas La « mise à l’écart » de Lloris chez les Spurs, si elle se confirme, peut servir à redistribuer les cartes au niveau du duel des meilleurs gardiens français, Lloris et Mandanda. Le premier cité a pris une avance confortable mais son futur statut de remplaçant, au moins ponctuel, va le rapprocher du Marseillais. En club, Lloris n’aura toutefois pas le temps de peaufiner de quelconques affinités avec ses partenaires et son nouveau staff de Tottenham puisqu’il est reparti de Londres pour Clairefontaine quelques heures après son arrivée. Dommage, à ce stade, chaque moment compte et celui-ci penche en faveur de son rival direct Friedel, qui est resté sur place. S’il opte pour cette solution, Deschamps prendrait le risque de se couper d’un cadre du vestiaire mais pourrait l’ériger en exemple fort afin d'asseoir son autorité. Avec un message, clair, en substance : « Ici et avec moi, personne n’est irremplaçable ».
Ne rien changer, Lloris sera toujours le n°1 en France Dans le passé de l’équipe de France, la situation qui frappe Lloris est déjà arrivée. Ce fut le cas de Fabien Barthez, en 2003. Champion du monde 98 et d'Europe en 2000, le « Divin Chauve » boucle une saison poussive à Manchester United. Après deux exercices bien négociés, il est relégué sur le banc des Red Devils par Tim Howard (tiens, tiens, déjà un Américain) et ne joue plus un seul match ! Ce n’est pourtant pas pour cela que Jacques Santini, le sélectionneur d’alors, n’en fait pas un titulaire indiscutable. Bien ancré dans les cages des Bleus, Barthez garde la confiance de son pays et joue parfaitement son rôle de dernier rempart lors des éliminatoires de l’Euro 2004. En trois matchs (Chypre, Slovénie et Israël), il n’encaisse aucun but. A coup sûr, Deschamps pourra jouer sur cette jurisprudence.