EDF - Avec Deschamps, on s’ennuie peut être, mais on gagne
La rédaction

« Je veux m’inspirer de l’Espagne ». Cette ambition de beau jeu, signée Laurent Blanc lors de son entrée en fonction, a suscité des fantasmes. Possession, pressing, football offensif, les fans des Bleus y ont cru, mais pas longtemps. Deschamps, lui, ne promet rien. Et pour cause.

Deschamps, l’apôtre de l’efficacité
 

Efficacité, rigueur, réalisme, culture de la gagne. Ce sont les mots que l’on accole généralement au football pratiqué par les équipes de Didier Deschamps. Marqué par ses années sous la férule de Marcelo Lippi à la Juventus, capitaine d’un Aimé Jacquet qui jouait avec trois milieux à vocation défensive, l’entraîneur Deschamps a emprunté le même sillon. A l’OM, où il est resté trois ans, les critiques ont toujours pointé du doigt le manque de panache de ses équipes, et le pauvre spectacle proposé, même la saison du titre en 2010. Mais le champion du Monde 98 a raflé 6 titres, rafraîchi l’armoire à trophées des Phocéens et atteint les quarts de finale de la Ligue des Champions. DD n’a pas de scrupule à gagner 1-0 un match pauvre en occasion, son dada c’est de gagner. La culture de la gagne, il l’a enraciné au plus profond de lui, elle en a fait le footballeur français le plus titré de l’histoire.
Alors certes, il y a l’exemple Monaco, en excluant l’année à la Juventus où son équipe était démesurée pour la Serie B. Sur le Rocher, Didier Deschamps a eu une année exceptionnelle en 2004. L’équipe jouait bien, le spectacle était au rendez-vous, mais finalement l’équipe n’a rien gagné. Un palmarès quasi vierge (Coupe de la Ligue 2003) que le sélectionneur n’imagine pas sous son régne en Bleu.


La France a rarement produit du jeu


Ce jeu chatoyant que les suiveurs appellent de leurs vœux, en a-t-on réellement les moyens en France ? Car c’est bien beau de vouloir faire comme l’Espagne, mais a-t-on les joueurs pour y arriver ? Nous n’avons pas de Xavi, encore moins d’Iniesta, pas de Villa, pas de Xabi Alonso, toute cette gamme de milieux de terrains hyper techniques efficaces dans le jeu court. Mais surtout, nos joueurs n’ont pas cette culture de jeu. L’Espagne s’est forgée à ce football culturellement, avec des joueurs pré-formatés pour ce style. Ménez, Ribéry, Nasri ou Diaby sont des joueurs de ballon, des joueurs de percussion. Pas des joueurs de redoublement de passes, de prise d’espace sans ballon. Nos attaquants sont peu adeptes du pressing et du replacement défensif intense, là où la première force du Barça et de la Roja est la récupération immédiate du ballon. Ce jeu, on le retrouve en Ligue 1. Mis à part Lille et Lorient, adeptes de la conservation et de la longue préparation des attaques, les autres équipes sont plutôt attirées par le jeu vertical. « Se projeter vite vers l’avant » est une phrase largement entendue lors des conférences de presse. Et après tout, il n’y a pas une seule façon de jouer au football. Deschamps peut bien essayer de jouer comme les Ibères, nos Bleus n’en ont pas l’ADN. Le sélectionneur va donc surtout faire avec les qualités des joueurs dont il dispose et s’y adapter.

Ryad Ouslimani