Fernando Torres revient de loin. Après une année passée à contempler les victoires de Chelsea du bas de son banc de touche, « El Nino » a retrouvé ses sensations et se rapproche du niveau qui fut le sien à Liverpool. Dans So Foot, l’Espagnol à la crinière décolorée, raconte cette rédemption.
Le coup de Blues Eternel remplaçant, spécialiste des bouts de matchs insignifiants, Fernando Torres a mangé son pain noir lors de l’exercice 2011-2012. Une situation d’autant plus difficile que Chelsea s’est offert la Cup et surtout la Ligue des Champions sans qu’il y joue un rôle essentiel : « Peu importe tes performances à l’entraînement. Tu ne peux rien faire de plus et tu ne joues pas. A un moment, je ne savais plus quoi faire. J’ai essayé de m’appuyer sur mes coéquipiers qui sont sur le banc et qui ne se laissent pas abattre, ceux qui donnent l’exemple : Paulo Ferreira, les gardiens remplaçants, les jeunes qui voient leur progression freinée… Mais au final, le constat, c’est que ce n’était pas ma saison mais celle des autres. Je veux gagner d’une autre façon ». Le mal-être de Torres dépasse même le terrain. Il avoue avoir été déstabilisé par l’environnement du club autant que par l’accueil des anciens : « Ici quand tu arrives, tu n’es qu’un joueur de plus. Ce que tu as pu faire avant n’a aucune valeur. Eux, Ce sont les tauliers, ils n’ont pas à donner l’exemple. Aujourd’hui, je sais que dès le premier jour, il faut davantage penser à soi et s’occuper à démontrer à ses coéquipiers qu’on est là. Moi j’étais plus attentif de savoir quel serait mon poste qu’à essayer de le gagner. ».Exclu du groupe, chahuté sur les terrains, Torres semble perdu et ne trouve pas le chemin à suivre pour retrouver son brio d’antan. Les supporters Blues vont l’y aider : « Le pire, c’est que je ne sais même pas pourquoi. Tu viens d’ailleurs, et tu ne réponds pas à leurs attentes. En Espagne, ils m’auraient détruit. Ici, ils m’ont soutenu. Ces gens sont différents. ». Porté à bout de bras par un public qui n’abandonne pas un joueur à la dérive, Torres reprend goût au jeu. Il profite du « turn-over » pour gagner du temps de jeu et inscrire de précieux buts. Un reflexe salutaire qui lui ouvre in extremis la porte pour la sélection espagnole.
Une sélection « usurpée » Au mois de juin, Torres quitte la grisaille londonienne pour se rendre plus à l’Est et disputer l’Euro ukraino-polonais. Le Galicien avait fait de ce voyage une priorité : « C’était mon seul objectif, mais ca n’a pas été facile. A un moment, je me suis retrouvé hors de la liste des sélectionnés. Au moment de l’annonce, je me sentais comme un petit enfant. Mais peut-être qu’il aurait été normal que je n’aille pas à l’Euro avec l’Espagne. On en aurait parlé pendant trois jours, et au quatrième, ça se serait arrêté. ». Torres souffrirait-il d’un problème de légitimité ? Conscient de la génération exceptionnelle au sein de la « Roja », l’attaquant aurait perdu confiance au point de remettre en cause sa propre présence dans l’équipe de Vicente Del Bosque après les nombreuses critiques dont il fait l’objet: «Parfois, il m’est arrivé d’être convoqué alors que je ne méritais pas plus qu’un autre de jouer. Ca fait partie de ma vie. Ca a toujours été comme ça, depuis que j’ai commencé à l’Atletico. Quand tu démarres ta carrière, tu ne sais rien du monde du football et tu es très à l’écoute de ce qu’on dit de toi. Aujourd’hui, je me suis isolé de tout cela. Bien sûr, ça me revient tôt ou tard aux oreilles, mais je n’y fait plus attention. Tu ne peux pas lutter contre ce que tu ne contrôles pas. ». Présent mais peu titulaire, Torres s’adjuge un nouveau titre avec le maillot rouge et or. Un trophée qui laisse la même sensation amère que ceux remportés par Chelsea. Car Torres, au-delà d’inscrire ligne sur son palmarès, veut être l’artisan majeur de ces victoires. La marque des grands sans doute.