Les affaires liées à la religion sont certainement les plus délicates ces temps-ci. En Angleterre, Newcastle pourrait se retrouver confronté à une contestation de ses joueurs musulmans, dont Hatem Ben Arfa.
Le Daily Mail a sorti une petite bombe ce matin. Hatem ben Arfa et 3 autres joueurs de Newcastle pourraient boycotter le port du maillot de leur club. En cause, le nouveau sponsor, un site de crédit à taux d’usure, une activité légale, mais non conforme à la Charia.
Une activité contraire aux croyances Hatem Ben Arfa, Papis Cissé, Demba Ba et Cheikh Tioté seraient les quatre révoltés des Magpies. Le club de Newcastle vient de signer un contrat de quatre ans avec le site internet Wonga, dont l’activité est de prêter de l’argent vite pour un remboursement rapide, avec bien entendu un taux d’intérêt prohibitif. Exemple vu sur le site de la société, pour une somme de 265 euros empruntée, vous remboursez 313.19 euros dans….16 jours. Un système d’emprunt immédiat à remboursement très rapide avec un taux de 18%. Dans la religion musulmane, l’emprunt à crédit est interdit, surtout à des taux aussi exagéré. Les joueurs pourraient alors refuser de porter le maillot floqué ainsi, à l’image de ce que Frédéric Kanouté avait fait au FC Séville, lorsqu’un site de paris en ligne sponsorisait le club. Le Malien portait alors une tunique vierge lors des matchs.
Ibrahim Mogra, secrétaire général adjoint du Conseil Musulman de Grande Bretagne, appuie et justifie cette action. « L’idée est de protéger les gens vulnérables de l’exploitation par les riches et les puissants, avance-t-il. Cela veut dire ici que les pauvres auront un bénéfice rapide du crédit mais des difficultés sur le long terme à payer. » Avant d’ajouter que le système islamique est basé sur un système de transactions sans intérêts. Il se dit aussi en faveur du maillot non floqué pour les joueurs qui le souhaiteraient. « Si les quatre sont sur le terrain en même temps, si vous en avez 7 joueurs sur 11 (qui portent la publicité), vous avez une exposition suffisante. Ce n’est pas en demander beaucoup, je pense. »
Un choix qui fait polémique en ville L’arrivée de ce sponsor est loin de laisser de marbre l’opinion. Le secrétaire générale de la FA, Alex Horne, a exprimé son scepticisme. De son coté, David Miliband, ex-ministre des affaires étrangères, et membre de la direction de Sunderland, a estimé que ce choix était inapproprié. Au sein même du conseil municipal, le partenariat choque. « Je suis écœuré et consterné qu’ils signent un accord avec un usurier, a déclaré le président du conseil municipal de Newcastle, Nick Forbes. Nous nous battons difficilement contre les usuriers légaux et illégaux. C’est une indication de la triste culture du but lucratif de Newcastle United. »
Une levée de bouclier qui s’explique par le contexte social. Dans cette région du nord-est de l’Angleterre, le taux de faillite est le plus haut du pays, avec 32 adultes sur 10 000 qui ne peuvent payer leurs dettes. Lorsque l’on connait l’attachement d’un Anglais pour son club de cœur, le manque de discernement concernant l’impact social d’un tel partenariat semble choquer les observateurs.
Le directeur général du club, Derek Llambias, essaye de justifier ce choix. « Durant les discussions, le désir de Wonga de nous aider à investir dans nos jeunes talents (via le centre de formation), et aussi dans la communauté, nous a vraiment impressionné. » A voir. En tout cas, les « frondeurs » de Saint-James Park ne se sentiront pas seuls dans cette affaire.
Par Ryad Ouslimani