Marie-Amélie Le Fur a battu le record du monde en salle sur 200 m (27’’13) lors des championnats de France. Un supplément de confiance à six mois des Jeux de Londres.
La scène remonte au mois d’août 2004. Devant des caméras, Marie-Amélie Le Fur enchaîne les tours de piste. « Une équipe de production d’un téléfilm diffusé sur France 2 m’a demandé de doubler une jeune femme amputée qui faisait de la course à pied », raconte-t-elle. C’est le point de départ de l’aventure de cette jeune femme, née à Vendôme il y a vingt-trois ans. Une aventure où cette fois elle joue les premiers rôles. « Grâce à ce téléfilm, j’ai eu ma prothèse très rapidement. » Cinq mois seulement après le drame de sa vie : le 31 mars 2004, un automobiliste la percute sur son scooter. Verdict : amputation de la jambe gauche sous le genou. Marie-Amélie Le Fur, 15 ans, voit son rêve, devenir pompier professionnel, s’envoler. Aussi vite que ses chronos. À 15 ans, elle pratique l’athlétisme depuis l’âge de 6 ans et s’est forgé une solide réputation en demi-fond. Sa passion sert sa reconstruction.
Une progression constante Marie-Amélie Le Fur, contrainte de passer sur le sprint et le saut en longueur, est en constante progression. L’enfant de Vendôme appartient au cercle très fermé des championnes du monde tricolores sur 100 m et 200 m. C’était en janvier 2011, lors des championnats du monde handisport à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Cette consécration sonnait comme une confirmation du beau doublé d’argent réussi aux Jeux paralympiques de Pékin en 2008 (au saut en longueur et sur 100 m). « C’était notre première grosse aventure », affirme Cyrille Nivault, son entraîneur depuis 2002. Ensemble, ils ont décidé d’essayer de gravir la dernière marche menant à l’or paralympique. Une médaille qui lui tendait les bras sur 200 m en Chine. Mais une chute occasionnée par l’Américaine April Holmes prive la sociétaire du Touraine handisport et de Blois (valide) de la Marseillaise. « Cela m’a servi, notamment sur un plan psychologique », estime la jeune femme devenue chargée de communication sur les Jeux de Londres pour EDF. Au même titre que son échec au saut en longueur lors des mondiaux néo-zélandais. « Le soir, nous avons beaucoup discuté pour évacuer la déception et la remettre d’aplomb pour le 100 m et le 200 m », admet Cyrille Nivault.
Cap sur Londres ! Détachée par son employeur, Marie-Amélie Le Fur se consacre pleinement aux Jeux londoniens. À six mois de la cérémonie d’ouverture, la Française a marqué les esprits en améliorant de 27 centièmes son propre record du monde en salle sur 200 m (27’13’’), lors des championnats de France handisport à Eaubonne (Val-d’Oise). S’approchant ainsi du record du monde extérieur détenu par… l’Américaine April Holmes en 27’10’’. La jeune femme blonde au franc sourire ne s’enflamme pas. « Ma performance démontre que j’ai bien intégré la préparation hivernale. Mais le rendez-vous majeur, ce sont les Jeux. J’espère ne pas être prête trop tôt. » Une réponse qui révèle une autre facette de Marie-Amélie Le Fur : « son extrême exigence », souligne Cyrille Nivault. Désormais, place aux minima. « J’espère les réussir au plus vite pour éviter la répétition des pics de forme. » Marie-Amélie Le Fur devra être au top pour tenir ses objectifs à Londres : « un titre, plutôt sur 100 m et deux podiums, sur 200 m et la longueur ». Un programme chargé qui ne l’effraie pas. « Mon passé de demi-fondeuse m’a apporté l’endurance nécessaire » pour être compétitive sur les trois tableaux.