Alors que Renaud Lavillenie a dépassé les six mètres à Clermont, le perchiste ne laisse insensible Marie-José Pérec.
Après quelques contre-performances, Renaud Lavillenie a retrouvé des sensations le week-end dernier lors de l’All-Star Perche chez lui à Clermont. Dans les colonnes de L’Équipe ce dimanche, Marie-José Pérec, multimédaillé avec l’équipe de France d’athlétisme, s’enflamme pour le perchiste : « Je vous dois un aveu. Je suis fan de Renaud, oui, fan du p'tit Lavillenie. Pourquoi ? D'abord pour ces chiffres, incroyables, vraiment : 1,76 m pour passer 6,16 m. Soixante et quelques kilos pour passer 6,16 m. C'est fou. Dans un univers où l'on avait l'habitude de croiser des grands costauds, lui est petit et fin. Il détonne. Je dirais qu'il est hors norme. Et pas que physiquement. Renaud défie les lois de sa discipline. On la sait aléatoire, piégeuse. Lui cultive la régularité. On la croyait verrouillée pour l'éternité ou presque par l'ombre de Sergueï Bubka et ses 6,15 m qui figuraient un record du monde hors d'atteinte. Paf ! Sans prévenir, ou presque, Renaud efface le mythe. En 2014. Plus tôt, bien plus tôt que prévu. 6,16 m, à Donetsk, sous les yeux du ‘’Tsar’’. Wouah, la classe ».
« Il respire la sérénité »
« En fait, c'est comme si la pression glissait sur lui. Comme s'il était capable de tout supporter, là où tant de Français s'effritent dès que les enjeux s'invitent. Ça me bluffe. Certains diront qu'il a le boulard, qu'il se la pète. Pourquoi ? Juste parce qu'il ose afficher ses objectifs, clamer qu'il a envie d'être le meilleur et de marquer l'histoire. Ce n'est pas de la prétention, juste de l'ambition. Son discours étonne, détonne, surtout en France. Il me séduit. C'est tellement rare. Enfin, j'aime le regarder lors de ses concours. Son visage ne laisse rien transparaître, son langage corporel ne raconte rien de ses tourments intérieurs. Ça doit bouillir, pourtant. Mais il respire la sérénité. Simplement impressionnant. J'entends d'ici les remarques à la lecture de ce portrait. Certes, Marie-Jo, certes. Renaud, il n'est même pas champion du monde ! Pas faux. Mais je prends le pari que ce titre ne lui échappera plus très longtemps. Je tiens par ailleurs à signaler qu'il décroche une médaille à chaque fois, même dans des conditions contraires, qu'il ne rentre jamais bredouille. Et je mesure, pour avoir vécu ça, à quel point c'est une sacrée performance. Ne reste plus à Renaud qu'à terminer le travail : conserver son titre olympique, ce que seul l'Américain Bob Richards a réussi jusque-là (1952-1956), et terminer ensuite sa carrière en apothéose. À Paris en 2024, évidemment ! », avoue également l'ancienne athlète française.