Le mercato estival a fermé ses portes samedi, l’heure est donc au bilan. Et cet été, le PSG a connu un marché très particulier loin de la folie de la saison dernière. Les Parisiens n’ont même jamais autant vendu, présentant une balance excédentaire. Une première pour le Qatar. Et les raisons sont diverses. Retour sur un été pas comme les autres au PSG.
Enfin ! Voilà ce qu'ont dû se dire de nombreux supporters du Paris Saint-Germain le 31 août à minuit, date de la fermeture du marché des transferts. Il faut dire qu'un an après avoir réussi le casse du siècle, le club de la capitale a vécu un été bien moins enthousiasmant. Il y a un an, Nasser Al-Khelaïfi pouvait se targuer d'avoir arraché un des tout meilleurs joueurs du monde au FC Barcelone et celui qui est amené à le devenir à l’AS Monaco. Aujourd'hui, les feuilletons haletants des transferts de Neymar et Mbappé ont laissé place à des scénarios beaucoup moins palpitants. Comme la drôle d'impression de passer d'une série américaine au suspens insoutenable, à un feuilleton de l'été en France au dénouement attendu et pas franchement intéressant. Mais il fallait peut-être s'y attendre après avoir dépensé plus de 400M€ il y a un an. Décryptage d'un mercato pas comme les autres.
Des recrues qui répondent à un besoin
Commençons par les choses positives, les joueurs qui ont débarqué cet été répondaient à un besoin sportif. C'est ainsi que Thilo Kehrer est arrivé pour assurer le rôle de quatrième défenseur dans la hiérarchie. Un renfort nécessaire dans la mesure où Thomas Tuchel souhaite avoir la possibilité d'aligner une défense à trois axiaux. Sa polyvalence est également un atout. Pour Juan Bernat, c'est encore plus flagrant. Entre le départ de Yuri Berchiche et la blessure de Layvin Kurzawa, le poste de latéral gauche était dépeuplé. Si l'Espagnol n'était pas le premier choix, il présente l'avantage d'être accessible financièrement. Et il est bon de rappeler que Pep Guardiola en avait fait un titulaire indiscutable alors que Diego Simeone le voulait en cas de départ de Filipe Luis. Ça ne garantit rien, mais ça mérite qu’on lui laisse le bénéfice du doute. Pour les deux autres recrues, c'est plus subtil. En effet, Éric Maxim Choupo-Moting débarque pour être la doublure d'Edinson Cavani. Un rôle qui aurait pu être confié à un jeune du centre de formation, mais Thomas Tuchel le connait très bien et sait que le Camerounais acceptera sans problème ce statut de remplaçant. Enfin, le dernier cas est celui qui peut le plus interroger d'un point de vue sportif. Gianluigi Buffon arrive au PSG alors qu'Alphonse Areola est en place. Mais l'opportunité était trop importante pour la laisser passer. Attirer une légende, libre de tout contrat, était difficilement refusable et permet au club de prendre encore une autre dimension. D'autant qu'à 40 ans, il devrait partager son temps de jeu avec Areola pendant une saison avant le portier Champion du monde en Russie cet été ne reprenne sa place.
Le gros couac du milieu de terrain
Par conséquent, le problème ne vient pas des joueurs qui sont arrivés, mais plutôt de ceux qui ne sont pas venus. Il paraît impensable que le PSG n'ait pas recruté de milieu de terrain cet été. Unai Emery en voulait déjà un, Thomas Tuchel avait quant à lui reçu la promesse qu'un joueur arriverait dans ce secteur de jeu. Et pourtant rien. Le club de la capitale a même poussé le vice jusqu'à se séparer de Giovani Lo Celso dans les dernières heures du mercato, comme si ce poste n'était pas suffisamment affaibli. Concrètement, depuis plus d'un an, le PSG a perdu Blaise Matuidi, Thiago Motta, Javier Pastore, Giovani Lo Celso et à un degré moindre Grzegorz Krychowiak. Et personne n'est arrivé. L'été dernier, Fabinho a longtemps été espéré, mais compte tenu de l'argent déjà engagé pour Kylian Mbappé et Neymar, les Parisiens étaient bloqués. Cet été, la gestion pose clairement question. Comment peut-on terminer deux mois de mercato en laissant passer l'opportunité de recruter dans ce secteur de jeu ? C'est un mystère, et une inquiétude concernant la gestion. Jusqu'en janvier, les deux milieux de terrain titulaires ne présentent aucune certitude, physique pour l'un (Verratti), contractuelle pour l'autre (Rabiot). Mais Tuchel devra faire avec...
Le FPF vrai frein, mais...
Une gestion qui pousse donc à se poser de vraies questions. Il serait trop simple de dire que le fair-play financier est le seul responsable, comme il est trop simple de tout mettre sur le dos d'Antero Henrique. Aujourd'hui, on peut effectivement affirmer qu'en relançant son enquête à l'encontre du PSG, l'UEFA a clairement freiné le club de la capitale dans son recrutement. Mais ce n'est pas une excuse pour autant. 37M€ ont été investis sur Thilo Kehrer. Peut-être qu'il aurait été plus judicieux de réserver cette somme à un milieu. C'est là qu'on peut s'interroger sur le travail d'Antero Henrique. Les critiques sont compréhensibles, mais le directeur sportif n'est clairement pas le seul responsable. Il est important de rappeler qu'il a réalisé de très belles ventes et stopper l'hémorragie des départs au centre de formation. L'homme à l'origine des transferts de Neymar et Kylian Mbappé n'a pas pu devenir incompétent du jour au lendemain, mais clairement des questions se posent. Des questions qui doivent être posées de manière plus globale qu'en se concentrant que sur un homme. La gestion du PSG dans son ensemble intrigue et les incohérences ont sauté aux yeux cet été. Difficile de savoir qui est le vrai patron. Les décisions sont prises à Doha, par conséquent quelles sont les marges des manœuvres pour Antero Henrique, Thomas Tuchel ou Nasser Al-Khelaïfi ? Impossible de répondre. Ce qui semble sûr en revanche, c'est qu'il y aura des leçons à tirer de ce mercato. L’organigramme sera peut-être modifié, à moins que le PSG attende sagement le verdict de l'UEFA dans le cadre du fair-play financier afin de pouvoir compenser les couacs estivaux en janvier. En attendant, place au terrain. Le déplacement bouillant à Liverpool approche à grands pas, et maintenant que le mercato est terminé, il faut se concentrer sur les joueurs présents dans l'effectif. Vivement l'hiver prochain pour Thomas Tuchel. @Arthur_Montagne